L’humanité a éliminé 60% des animaux en 40 ans, d’après un nouveau rapport

Publié le 30 octobre 2018
MAJ le 26 novembre 2024

Les ravages de la civilisation ont été identifiés par les plus grands scientifiques du monde. L’humanité a exterminé 60% des mammifères, des oiseaux, des poissons et des reptiles depuis 1970. La communauté scientifique s’inquiète de l’annihilation de la faune. Ils estiment que l’on peut parler « d’une urgence menaçant la civilisation ».

La nouvelle estimation du massacre de la faune sauvage est présentée à travers un important rapport produit par le WWF. 59 scientifiques du monde entier se sont réunis pour produire le Living Planet Index. Il en ressort que la consommation croissante d’aliments et de ressources de la population mondiale est en train de détruire la vie. Cette Terre de plusieurs milliards d’années risque de prendre fin en moins d’une centaine d’années à cause de la société humaine qui dépend en fin de compte de l’air pur, de l’eau, etc.

Le constat dressé par WWF

« Nous jouons au funambule au bord d’une falaise », a déclaré Mike Barrett, directeur exécutif de la science et de la conservation chez WWF. « S’il y avait une baisse de 60% de la population humaine, cela équivaudrait à vider l’Amérique du Nord, l’Amérique du Sud, l’Afrique, l’Europe, la Chine et l’Océanie.», a-t-il déclaré. « En réalité, cela met en péril notre avenir. La nature n’est pas une propriété, c’est notre système de soutien à la vie. ». Le professeur Johan Rockström rappelle quant à lui que « Nous manquons de temps ». C’est l’expert mondial en développement durable (Institut de recherche sur les impacts du changement climatique de Potsdam – Allemagne). « Ce n’est qu’en prenant en compte à la fois les écosystèmes et le climat que nous pourrons préserver une planète stable pour l’avenir de l’humanité sur la Terre.»

De nombreux scientifiques pensent que le monde a commencé une nouvelle extinction de masse. L’humanité a détruit 83% de tous les mammifères et la moitié des plantes depuis l’aube de la civilisation. Même si nous cessions la destruction maintenant, il faudrait 5 à 7 millions d’années au monde naturel pour se rétablir seul.

Les causes de ce massacre

Le rapport utilise des données issues de 16 704 populations d’animaux (environ 4 000 espèces), afin de suivre le déclin de la faune. Entre 1970 et 2014, les populations ont diminué en moyenne de 60%. Il y a quatre ans, la baisse était de 52%. « La faune et les écosystèmes sont essentiels à la vie humaine », a rappelé le professeur Bob Watson, président d’un groupe intergouvernemental sur la biodiversité. « La nature contribue au bien-être humain par la production essentielle de nourriture, d’eau potable et d’énergie, et par la régulation du climat, de la pollution, de la pollinisation et des inondations de la Terre », a-t-il déclaré. « Les activités humaines détruisent la nature à un rythme inacceptable, menaçant le bien-être des générations actuelles et futures. »

La faune a été détruite pour laisse place aux terres agricoles (environ les trois quarts de toutes les terres de la planète). La deuxième cause (300 espèces de mammifères menacées d’extinction) est la destruction de la nourriture naturelle tandis que les océans sont massivement surexploités dont 50% de manière industrielle. La pollution chimique est importante : la moitié des orques dans le monde sont condamnés à mourir de contamination par les PCB. Ces agents chimiques chlorés avaient fait la une des journaux en 2007 après la contamination des cours d’eau. Le commerce mondial véhicule également des espèces envahissantes et des maladies.

Des clivages géographiques

La région la plus touchée est l’Amérique du Sud et centrale. Elle a enregistrée une baisse de 89% de la population de vertébrés, principalement en raison de l’abattage de la forêt tropicale, une zone de la taille de 200 terrains de foot est détruite tous les deux mois. « Cela résulte de notre propre consommation, car la déforestation est provoquée par une agriculture massive qui produit du soja d’exportation comme en Europe pour nourrir les porcs et les poulets »,rappelle Barrett. Les rivières et les lacs, où les populations d’animaux sauvages ont chuté de 83% sont touchées par les barrages et l’énorme soif de l’agriculture. Barrett a déclaré que « Manger moins de viande est un élément essentiel pour inverser les pertes. ». Rappelons que nous ne représentons que 0.01% de la vie mais nous avons fait plus de dégâts que toutes les autres espèces réunies. On a reproché au Living Planet Index de donner une mesure trop large des pertes en espèces sauvages. Mais tous les indicateurs montrent des pertes colossales.

Agir maintenant

Les efforts de conservation peuvent fonctionner comme pour les tigres en Inde ou les pandas géants en Chine et les loutres au Royaume-Uni. Cependant, Marco Lambertini, directeur général du WWF International, a déclaré que le problème fondamental était la consommation: «Nous ne pouvons plus ignorer l’impact des modèles de production actuels et des modes de vie inutiles». La Convention des Nations Unies sur la diversité biologique en 2020 doit prendre de nouveaux engagements pour la protection de la nature. « Un nouvel accord mondial pour la nature et les hommes est nécessaire. Nous avons cette fenêtre étroite de moins de deux ans pour l’obtenir », a déclaré Barrett. « C’est notre dernière chance. Nous devons bien faire les choses cette fois-ci. » Tanya Steele, directrice générale du WWF, a déclaré: « Nous sommes la première génération à savoir que nous détruisons notre planète et la dernière à pouvoir y remédier. »