L’eau de la reine de Hongrie : L’élixir de longue vie

Publié le 29 décembre 2021
MAJ le 26 novembre 2024

« L’eau de la reine de Hongrie, elle est divine, je m’en enivre tous les jours, j’en ai dans ma poche, c’est une folie comme le tabac, quand on y est accoutumé on ne peut plus s’en passer. Je la trouve bonne contre la tristesse, elle m’a fait le plus grand effet, j’en suis toute ressuscitée. » Madame de Sévigné le 12 juillet 1690

Nichée au bord du Danube, la tour du gué, efficacement défensive, ne constituait guère un habitat idéal pour le bien-être de ses occupants. Son confort était même plus que spartiate. Comme autant de racines nourricières, ses fondations plongeaient dans les boues marécageuses du fleuve, permettant à l’humidité de monter le long des murs en les recouvrant de salpêtre. C’est là que vivait Donna Izabella.

Reine de Hongrie, elle occupait la chambre du premier étage. Sa cheminée monumentale avait beau engloutir en continu des bûches de chêne dépassant le mètre cinquante, elle ne réchauffait ni asséchait l’atmosphère très humide de la pièce.

Des conditions opposées à la signalée « vie de château » et qui avaient contribué à faire naître chez la reine, puis amplifier, d’insupportables douleurs articulaires. Petite vieille dès son lever, elle avait, tout au long du jour, bien des difficultés à se mouvoir. Sa démarche mécanique, semblable à celle d’un de ses petits soldats, lui donnait un port bien peu royal.

Lasse de souffrir, Izabella avait fait appel à tout ce que l’Europe comptait de médecins, puis, devant leur impuissance, de guérisseurs et même de charlatans… Rien ni personne ne réussissait à calmer les royales douleurs. Un cauchemar…

Jusqu’au jour où la reine vit en songe un ermite lui tendre un flacon, lui conseillant d’en vider le contenu, le tout en récitant des prières. Un rêve prémonitoire qu’elle ne risquait rien à mettre en pratique, elle se voyait déjà guérie. Dès le lendemain matin, n’y tenant plus, elle envoya ses gens d’armes à la recherche du saint homme. Nommé Jérôme, ils le trouvèrent au lieu indiqué par la reine, au tréfonds de la forêt de Poznan. L’ermite visionnaire, ayant deviné la raison de la venue de ces hommes, avait déjà préparé pour la reine plusieurs flacons de son élixir destiné à lui rendre la vie plus douce.

Dès la première cure, Izabella retrouva vigueur et force au point d’en oublier ses douleurs. Convaincue de son efficacité, elle poursuit ce traitement pendant de nombreuses années. Si bien qu’à plus de 70 ans, elle retrouva une belle jeunesse ! Une telle cure de jouvence que Stanislas, roi de Pologne de 40 ans son cadet tout de même, ébloui par sa prestance, la demanda en mariage. Comme dans les contes, ils vécurent longtemps heureux, mais… n’eurent, malgré l’élixir, point d’enfants.

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Romarin –

Principal constituant de l’élixir de longue vie : le romarin Rosmarinus offi cinalis

La reine de Hongrie avait ainsi redécouvert un élixir déjà employé depuis longtemps dont la composante principale était le romarin. Cette plante était déjà bien connue des Romains, essentiellement pour ses pouvoirs merveilleux.

Dénommée herbe sacrée, elle était censée porter bonheur aux vivants et assurer aux morts un séjour paisible dans l’au-delà. C’est pour cette fonction que l’on tressait des couronnes de romarin qui étaient portées lors des fêtes ou des cérémonies, le mariage par exemple. Selon les chrétiens, lors de la fuite en Egypte, la vierge

Marie se reposa au pied d’un buisson de romarin, étendant sur lui les langes de Jésus. C’est depuis que ses fleurs de couleur bleu-pâle apparaissent à Pâques. Puis, au XIIIe siècle, on utilisa l’huile essentielle de romarin, obtenue par distillation, pour lutter contre la jaunisse. Il connut alors un beau succès en même temps que de nombreux surnoms flatteurs : rose marine, encensier, herbe des troubadours, herbe aux couronnes, bouquet de la Vierge. Mais si cet alcoolat de romarin a fait le tour du monde, il le doit à Donna Izabella, la reine de Hongrie, qui grâce à une spectaculaire forme retrouvée en fit une belle promotion. Tous les cours d’Europe s’arrachèrent cet élixir ! Madame de Sévigné ne fut pas en reste et, dans ses lettres, conseillait fréquemment la plante à sa fille Madame de Grignan. Mais l’histoire est parfois injuste… Le romarin finit par tomber dans l’oubli, avant de retrouver un regain de popularité à la fin du XIXe siècle. À la lumière des connaissances modernes, ses vertus sont-elles un leurre ou une réalité ?

infection respiratoire

Infection respiratoire –

Jamais sans mon romarin !

Le romarin augmente la production et la sécrétion de bile, il est ainsi un accélérateur des digestions difficiles. Si l’on a tendance à somnoler après le repas ou si le ventre gonfle, il faut « se lâcher » sur le romarin. Stimulant, il redonne aussi la pêche quand on se sent fatigué. Et ce n’est pas tout, on le dit même aphrodisiaque, notamment en bain. En cas d’impuissance, pas de risque à l’essayer ! Il est aussi un antibactérien, capable de lutter contre les infections respiratoires et urinaires. Enfin, en application externe (mais on peut également le prendre par voie interne), il soulage les douleurs musculaires et articulaires comme celles accompagnant l’arthrose.

Oui, mais comment utiliser la plante ?

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Huile de romarin –

Mode d’emploi :

Pour un usage efficace, bien respecter les doses et les formes indiquées.

Le plus simple : la décoction infusion. On fait bouillir 1 l d’eau avec 50 g de fleurs de romarin pendant 2 mn, puis on laisse infuser 15 mn (prendre 3 tasses par jour pendant 7 jours). La même préparation peut être appliquée en compresses sur les articulations douloureuses.

Une huile de massage pour la même indication se prépare en mélangeant

5 gouttes d’huile essentielle de romarin avec 1⁄2 litres d’huile d’olive et on effectue un massage 2 à 3 fois par jour. Extrait fluide de romarin à raison de 1 cuillerée à café matin et soir en cure de 2 à 3 semaines.

Huile essentielle de romarin (en choisissant le chémotype fonction de l’effet thérapeutique escompté) : maximum 2 gouttes dans une cuillerée à café de miel ou d’huile d’olive matin et soir pendant 1 à 2 semaines.

La première impression que l’on garde lorsqu’on frôle ce buisson poussant dans les terres sèches et arides, c’est son odeur légèrement camphrée, due principalement à l’huile essentielle contenue dans ses feuilles.

On distingue trois types d’huiles essentielles :

·Celle de romarin à camphre contenant 20 % de camphre en moyenne, celle de romarin à cinéole qui contient 50 % de cinéole (eucalyptol), et l’huile essentielle de romarin à verbénone qui contient essentiellement le précurseur du verbénone.

Ce sont les huiles à camphre et à verbénone qui activent le fonctionnement du foie et de la vésicule biliaire. Elles sont aussi antiseptiques des voies respiratoires, stimulent le cœur, la respiration et le système nerveux central.

L’huile essentielle à cinéole est antiseptique des voies respiratoires et urinaires. Elle facilite également la repousse des cheveux en cas de pelade par exemple.

ATTENTION : l’huile essentielle par voie orale doit s’utiliser sous avis médical car, en cas de surdosage, il existe un risque de crise d’épilepsie.

Des huiles essentielles qui confèrent aux feuilles du romarin nombre de ses vertus, mais ce ne sont pas ses seuls composants.

On retrouve des terpènes phénoliques tel que l’acide carnosique, un des meilleurs piégeurs de radicaux libres, qui présente une intéressante caractéristique antioxydante et anti-vieillissement. Il serait ainsi un protecteur cérébral pouvant aider à prévenir les dégénérescences neuronales présentes dans la maladie d’Alzheimer.

Le romarin contient aussi des flavonoïdes parmi lesquels l’acide rosmarinique absorbé au niveau du tube digestif. En dehors de son rôle de lutte contre les radicaux libres, il est aussi un anxiolytique naturel, un antiviral, un antibactérien et exerce un rôle hépato protecteur (protecteur du foie). Il aurait même une action anti inflammatoire et anti cancéreuse digestive encore à approfondir.