Le lait de vache est-il mauvais pour la santé ?

Publié le 24 février 2021
MAJ le 26 novembre 2024

D’abord encensé puis pointé du doigt, le lait de vache ne fait pas toujours l’unanimité. Est-ce réellement un allié pour notre santé ou faut-il faire preuve de modération lorsqu’on le consomme ? Explications.

Ce jingle publicitaire a retenti dans nos oreilles pendant des années. “Les produits laitiers sont nos amis pour la vie !” Aujourd’hui, le lait de vache n’est pourtant plus aussi populaire. En cause, certains reproches envers ce produit laitier. Démêlons le vrai du faux.

Une problématique qui persiste – Source : Peta

Le lait de vache : un débat complexe

Il y a quelques années, Le Monde révélait que les ventes de lait avaient diminué de presque 20% entre 2003 et 2016. Une enquête CNIEL/CSA relayée par le Madame Figaro, a quant à elle indiqué qu’entre 2018 et 2019, les ventes ont baissé de 3,3%. Pourtant, le lait de vache fait depuis longtemps partie des habitudes alimentaires quotidiennes des Français. En 1954, sa distribution a d’ailleurs été instaurée par Pierre Mendès France dans les écoles pour combattre la dénutrition et les carences alimentaires chez les jeunes pendant la période de l’après-guerre. Les arguments en faveur de la galactothérapie, à savoir le soin par le lait, s’appuyaient sur sa teneur en vitamines et en protéines ainsi que sur sa richesse en calcium, jugé nécessaire pour la solidité osseuse et dentaire, entre autres mécanismes essentiels. 

Sa richesse en calcium est mise en avant Source : Peta

Ses vertus font toutefois fréquemment l’objet d’interrogations, notamment pour les adultes, un ouvrage ayant particulièrement alimenté le débat à ce sujet. En effet, en 2007, le livre “Lait, mensonges et propagande” de Thierry Souccar a remis en question les bienfaits des produits laitiers pour la santé osseuse. Cité par Le Monde, l’éditeur et journaliste scientifique estimait se sentir ostracisé par des nutritionnistes en lien avec l’industrie laitière. Son point de vue consistant essentiellement à questionner la recommandation du ministère de la Santé concernant la consommation “de 3 laitages par jour”. Désormais, le PNNS préconise 2 produits laitiers par jour pour les adultes, 3 ou 4 pour les enfants, les adolescents et les personnes âgées, peut-on lire sur le site Manger Bouger.

Le lait de vache ne fait pas l’unanimité – Source: Peta

Que reproche-t-on au lait de vache ?

Pour mieux comprendre les arguments en faveur du lait de vache et ceux qui s’y opposent, il convient de prêter attention aux différents reproches ayant été formulés envers cet aliment. En effet, si certains sont légitimes, d’autres peuvent alimenter, à tort, une méfiance exacerbée. Voici donc les raisons pour lesquelles le lait serait mauvais pour la santé :

1. Des troubles digestifs

Dans un article sur le sujet, CNews met en avant certains cas où la consommation de lait de vache peut s’avérer néfaste. Premier point : des troubles digestifs chez certaines personnes. Selon nos confrères, 75% des Français présenteraient plus ou moins une intolérance au lactose. La raison ? L’absence d’une enzyme nécessaire à sa digestion : la lactase. Invitée d’Europe 1, la nutritionniste Catherine Lacrosnière explique que cette enzyme est présente dans le corps à la naissance, “mais au fur et à mesure, surtout si on a arrêté de boire du lait, la lactase disparaît”. L’intolérance au lactose se manifeste et peut alors entraîner des problèmes de transit ou de digestion tels que les ballonnements. 

7,5% d’enfants seraient touchés par ces allergies – Source : Peta

2. Des allergies

Chez une petite catégorie de la population, le lait de vache est susceptible d’entraîner des allergies. Celles-ci toucheraient près de 7,5% des enfants mais seraient en revanche beaucoup plus rares chez l’adulte. Dans certains cas où les individus présentent déjà des prédispositions, cela peut donner lieu à de l’eczéma, de l’asthme, des bronchites, de la fatigue, des rhinopharyngites ou encore des migraines, ajoute CNews.

L’alimentation bovine, pointée du doigt – Source : Peta

3. L’alimentation bovine

Interrogé par le Parisien, le Dr Réginald Allouche, médecin et ingénieur biomédical compare le lait de vache, de chèvre et de brebis. Pour lui, les deux derniers sont à privilégier chez l’adulte. Son explication : même si le lait de vache est souvent moins gras, c’est l’alimentation bovine qui pose problème, une majorité de vaches étant aujourd’hui nourries avec des céréales telles que les tourteaux de maïs, de soja ou de tournesol. “ Or ces céréales sont riches en oméga-6, des acides gras qui encouragent l’inflammation et favorisent la prise de poids”, explique-t-il à nos confrères.

Des récits anecdotiques font le lien avec l’acné – Source : Peta

5. Des problèmes d’acné

A l’occasion de la parution de son ouvrage “Dans ma peau” en 2017, Yael Adler s’est confiée à l’Express sur certaines habitudes pouvant nuire à notre derme. Selon la nutritionniste, phlébologue et dermatologue, l’acné adulte est liée à ce qu’elle appelle la « génération latte macchiato », à savoir une génération qui a grandi avec des produits laitiers. Selon l’auteure, le lait est destiné à stimuler la croissance d’un bébé après sa naissance. Un processus qui s’achève à l’âge adulte. De ce fait, sa consommation après la puberté nuirait à l’équilibre du sébum et entraînerait un surplus. Interrogée par le magazine Vogue, Dennis Gross, dermatologue américaine, indique quant à elle que les données cliniques manquent pour établir un lien entre la consommation de produits laitiers et un impact négatif sur la peau. Elle révèle toutefois que de manière anecdotique, elle a déjà rencontré au cours de sa carrière des patients dont les problèmes de peau comme l’eczéma s’étaient améliorés après avoir limité la consommation de ces aliments.  

Des doutes sur le cholestérol – Source : Peta

6. Une augmentation potentielle du cholestérol 

Si certains prônent une augmentation du risque de maladies cardiovasculaires en raison des  acides gras saturés que l’on retrouve dans le lait, d’autres estiment que ce lien est infondé. Cité par Le Monde, le Dr Jean-Michel Lecerf, endocrinologue et médecin nutritionniste fait référence à des études mettant en avant une réduction du risque de problèmes cardiovasculaires pour ceux qui consomment des laitages, ajoutant que globalement, ces derniers ont aussi un effet positif sur le poids. Mais cet avis n’est pas partagé par Thierry Souccar qui souligne qu’il existe aussi d’autres études affirmant le contraire. Un débat complexe donc, où la réponse ne fait pas l’unanimité. 

Pour Yves Chilliard, directeur de recherche en nutrition animale, “Certains acides gras spécifiques du lait peuvent avoir des effets bénéfiques sur la santé, d’autres pourraient avoir des effets négatifs”. Un profil qui pourrait être modifié à travers l’alimentation bovine. Pour autant, cela est-il vraiment nécessaire ? “Pas sûr que ce soit souhaitable”, répond Yves Chilliard. L’important étant de se montrer raisonnable sur le plan calorique et concernant ses apports en matières grasses, quelle que soit leur provenance. 

“Le lait de vache n’est pas destiné aux humains”

Au-delà du débat scientifique concernant cet aliment, il y a aussi l’ultime argument des fervents défenseurs de la cause animale qui revendiquent que le lait des vaches est destiné à leurs bébés et non aux humains. Sur son site, Peta France pointe du doigt les conditions d’élevage de ces mammifères, le rôle des antibiotiques et des hormones dans leur croissance et l’effort perpétuel des grossesses qui, à terme, exténue ces animaux. Un avis partagé par les communautés vegan qui n’hésitent pas à l’exclure de leur alimentation. 

La modération, la clé d’un régime équilibré

Si le lait de vache peut fournir des nutriments bénéfiques à une grande partie de la population, les produits laitiers peuvent être mauvais dans certains cas et ne sont pas indispensables à une alimentation équilibrée. En effet, il existe des alternatives variées pour combler les besoins en calcium, en protéines et en vitamines. De manière générale, il est toujours utile de faire preuve de modération, quel que soit l’aliment consommé.