Ce que chaque type de liquide vaginal dit sur la santé d’une femme

Publié le 15 juin 2021
MAJ le 26 novembre 2024

Pertes, leucorrhées, glaire cervicale…Les sécrétions vaginales sont naturelles chez la femme et peuvent apparaître dès le jeune âge jusqu’à la ménopause. Il faut toutefois distinguer leurs couleurs et leurs odeurs qui peuvent signaler des infections.

Les sécrétions vaginales peuvent apparaître et changer d’aspect durant le cycle menstruel. Elles permettent d’auto nettoyer le vagin de l’intérieur et d’expulser les impuretés. Elles jouent donc un rôle important dans la santé sexuelle de la femme. Découvrons quels sont les types de sécrétions vaginales et quand faut-il s’inquiéter avec le Dr Pia de Reilhac, présidente de la Fédération Nationale des Collèges de Gynécologie Médicale et gynécologie à Nantes.

Qu’est-ce qu’une sécrétion vaginale ?

Le vagin sécrète des sécrétions à partir de la puberté. Ces pertes vaginales peuvent revêtir un aspect liquide ou épais et demeurent normales chez la femme puisqu’elles permettent de protéger et de sauvegarder la propreté de la muqueuse vaginale. Elles proviennent des glandes sécrétoires situées au niveau du col de l’utérus et des parois du vagin. Ces sécrétions varient d’une femme à l’autre.

Les types de sécrétions vaginales. Source : yoamoloszapatos

La glaire cervicale est une substance qui se produit au niveau du col de l’utérus, constitue une barrière aux germes dangereux pour la santé de la femme et empêche la progression des spermatozoïdes en dehors de la période de fécondation. Lorsque la période de l’ovulation approche, elle devient moins visqueuse afin de faciliter le passage des spermatozoïdes vers les voies génitales de la femme pour rencontrer l’ovule. En cas de désir de grossesse, il est important de vérifier le pH de la glaire cervicale.

Par ailleurs, la muqueuse du vagin produit des cellules qui constituent le film microbien ou microbiote vaginal, qui est également une source de sécrétions liquides, précise à son tour le Pr Bernard Hédon, gynécologue-obstétricien au CHU de Montpellier.

Quant aux sécrétions vaginales liées à l’excitation, elles permettent de lubrifier le vagin durant les relations sexuelles pour faciliter la pénétration, mais aussi la fécondation et la reproduction, explique le Dr Pia de Reilhac.

La forte odeur des pertes peut être le symptôme d’une infection. Source : yoamoloszapatos

Toutefois, certains signes peuvent alerter, comme la forte odeur des pertes ou encore le changement de leur aspect et de leur couleur. Dans ce cas, elles peuvent être le symptôme d’une pathologie ou d’une infection, ajoute le Dr Reilhac. En effet, lorsque les pertes deviennent abondantes, que leur couleur change et devient verte ou grise, que leur aspect change pour devenir épais, grumeleux, collant ou qu’elles sentent le poisson pourri, il faut faire attention, conseille l’experte. Elle ajoute qu’il faut également redoubler de vigilance s’il y un œdème, des démangeaisons, des brûlures ou des irritations.

Les types de sécrétions vaginales et leur explication

– Les pertes jaunes

Le Pr Hédon explique qu’avant les règles, les pertes vaginales changent d’aspect. Aussi, après l’ovulation, elles passent de glaireuses à plus sèches et plus épaisses, et paraissent de ce fait plus jaunes. Lorsque ces pertes s’accompagnent de brûlures, de démangeaisons vaginales ou de douleurs durant les rapports sexuels, il est nécessaire de consulter un gynécologue. Lorsque les pertes jaunes, ont un aspect mousseux et donnent lieu à des brûlures vaginales, ceci peut être un signe d’une infection sexuellement transmissible, comme une infection à Trichomonas vaginalis.

Durant la grossesse, les pertes vaginales augmentent et sont dues à la présence hormonale qui est plus importante, et la progestérone épaissit les pertes. Durant cette période, les pertes vaginales abondantes et de couleur jaunâtre sont normales, précise l’expert, à moins qu’il y ait des démangeaisons, des rougeurs ou des brûlures.

A la ménopause, et bien qu’elles soient abondantes, les pertes jaunes peuvent être dues à l’atrophie vaginale. Une infection vaginale peut ainsi avoir lieu puisqu’un vagin plus sec se défend mal contre les microbes.

Les pertes blanches

Les leucorrhées sont des sécrétions normales chez la femme. Selon le Dr Philippe Deruelle, gynécologue, ces pertes blanches qui sont souvent abondantes autour du 14ème jour du cycle et qui permettent au vagin de se lubrifier, même si elles sont importantes ne sont pas inquiétantes. Toutefois lorsqu’elles changent de couleur ou d’aspect, elles nécessitent plus d’attentions.

  • Les pertes blanches deviennent laiteuses : avec un aspect de lait caillé, cela reflète une mycose à candida
  • Les pertes blanches odorantes : elles révèlent une vaginose, notamment lorsqu’elles deviennent vertes avec une odeur de poisson
  • Les pertes blanches crémeuses : elles peuvent être le signe d’une vaginite, notamment lorsqu’elles sont plus denses et plus granuleuses avec des caillots blanchâtres.

– Les pertes marrons

Les pertes marrons peuvent être dues à un rejet de vieux sang. Source : yoamoloszapatos

Les pertes brunes ou marrons sont dues à un rejet de vieux sang avant ou après les règles ou pendant l’ovulation, explique le Dr Brigitte Raccah-Tebeka, gynécologue-endocrinologue. Selon leur contexte, elles peuvent inciter une personne à consulter un médecin.

Chez les femmes qui n’utilisent pas de contraception, ces pertes peuvent être un des symptômes de l’ovulation. Tandis que celles qui prennent un moyen de contraception hormonale, ces pertes brunes peuvent être dues à une mauvaise utilisation ou d’un équilibre hormonale non adéquat de la contraception, comme l’indique L’experte. Elles peuvent également révéler une irritation du col de l’utérus, une inflammation pelvienne, un polype ou encore une pathologie utérine, ajoute la spécialiste. Il faut noter également qu’elles peuvent signaler une préménopause, après 45 ans notamment lorsqu’elles sont accompagnées de certains troubles du cycle menstruel, des bouffées de chaleur ou des changements brutaux d’humeur.

Par ailleurs, lorsque les pertes brunes s’accompagnent de douleurs pelviennes et sont malodorantes, elles peuvent traduire une mycose, une vaginose ou une pathologie utérine. Si les pertes proviennent du col de l’utérus et non de l’utérus, il y’a nécessité de réaliser un frottis afin de déterminer s’il y a existence ou pas de cellules cervicales pathologiques.

– Les pertes grises ou verdâtres

Elles sont pour la plupart du temps, synonymes d’une infection sexuellement transmissible comme la chlamydia. Selon le Dr Pia de Reilhac, lorsque les pertes sont de couleur vertes, mousseuses, abondantes et nauséabondes, elles peuvent annoncer une autre infection sexuellement transmissible comme la trichomonase. Une consultation chez le gynécologue est alors imminente.

Les pertes rosées

Les pertes rosées correspondent à une petite quantité de pertes de sang. Elles sont souvent dues à la pilule contraceptive qui engendre un déséquilibre hormonal. Avant les règles, des pertes rosées peuvent être dues à une baisse des hormones. Après le rapport sexuel, ces pertes peuvent avoir lieu et être la conséquence d’une irritation de la surface vaginale ou du col de l’utérus. Pour autant, si elles sont fréquentes, elles doivent inciter à une consultation gynécologique. Par ailleurs, ces pertes rosées ne signifient pas nécessairement une mycose, expique le Dr Philippe Mironneau, gynécologue et obstétricien. Cependant, au moindre doute, il convient de consulter son médecin traitant.

Les différentes infections vaginales

Lorsqu’elles sont de couleur claire, inodores et ne provoquent ni irritation, ni brûlure et ne raidissent pas le linge, les pertes vaginales demeurent normales. Dans le cas contraire, elles sont généralement dues à une infection sexuellement transmissible ou non. Comme relayé par Doctissimo, dans neuf cas dix, l’infection est due à un champignon, une levure ou une bactérie, et une fois sur dix, elle résulte du trichomonas ou un parasite.

  • La mycose vaginale est due à un champignon appelé Candida albicans.  Même s’il est naturellement présent dans le vagin, il peut dans certains cas se développer d’une façon anormale. Ayant un aspect de lait caillé et la consistance d’un fromage, cette mycose s’accompagne de démangeaisons et de brûlures, rendant ainsi les rapports sexuels douloureux. Ce champignon est favorisé par la grossesse, le diabète, la prise d’antibiotiques ou de stéroïdes ou encore par le port de vêtements serrés. Parfois l’utilisation fréquente d’hygiène intime peut encourager son apparition.
  • La vaginose bactérienne résulte d’une plus grande prolifération d’un ou plusieurs germes comme le Gardnerella vaginalis qui déséquilibre la flore vaginale ou l’Escherichia coli qui est responsable de vulvites.
  • La vaginite à trichomonas est une infection sexuellement transmissible qui provoque des pertes jaunes et verdâtres et qui sentent mauvais. De même que la chlamydia et la gonorrhée sont des IST qui peuvent s’accompagner de pertes vaginales.

En cas de présence de pertes vaginales inhabituelles, une consultation chez le médecin est donc indispensable. Les traitements prescrits seront différents selon l’infection détectée. Le médecin prendra en considération l’âge, l’activité sexuelle ou encore le métabolisme des œstrogènes.

Comment prendre soin de son hygiène intime ?

Pour prévenir certaines pathologies et les infections, il convient d’observer une bonne hygiène intimeIl est toutefois important de préserver la flore vaginale afin de ne pas créer un déséquilibre qui peut causer la multiplication des germes à l’intérieur du vagin. Comme le précise le Dr Jean-Marc Bohbot, infectiologue, andrologue, il serait plus judicieux d’utiliser un pain dermatologique ou un gel nettoyant intime adapté à la sensibilité de la peau, et d’effectuer seulement une toilette par jour. Les lingettes intimes sont à utiliser d’une manière occasionnelle, tandis que les déodorants intimes sont à proscrire car ils peuvent causer des allergies. De même, le spécialiste met en garde contre les douches vaginales à l’intérieur du vagin ainsi que l’utilisation quotidienne des antiseptiques qui détruisent les lactobacilles vestibulaires censées protéger le vagin contre les germes.