Une nouvelle étude sur la chloroquine vient d’être arrêté car jugée trop dangereuse

Publié le 18 avril 2020
MAJ le 26 novembre 2024

Traitement réputé contre le paludisme, la chloroquine est sur toutes les lèvres depuis que le professeur Didier Raoult en a vanté les mérites pour endiguer la maladie du coronavirus. Ses effets indésirables sont largement débattus partout dans le monde, et les essais cliniques se multiplient afin de tester cette piste venue comme un souffle d’espoir à l’heure où le Covid-19 a fait plusieurs milliers de victimes. Si les résultats victorieux de l’IHU de Marseille confortent le professeur Raoult dans ses positions, le Brésil a décidé d’arrêter une étude menée sur 81 personnes à cause du risque encouru d’engendrer des complications cardiaques. Les faits ont été relayés par nos confrères du New York Times

L’OMS ne reconnaît pas l’existence d’un traitement spécifique au coronavirus, tant que les études scientifiques avec des résultats probants ne seront menées, car si les nombreuses publications du professeur Raoult semblent donner de l’espoir, il est peu légitime de se précipiter dans des conclusions hâtives tout autant qu’il est difficile d’éliminer d’emblée la piste de ce traitement déjà utilisé pour traiter d’autres maladies. C’est dans ce sens que plusieurs pays ont décidé de tester son efficacité. Les potentialités de la chloroquine font l’objet d’essais cliniques qui sont pris très au sérieux et visent à en évaluer deux aspects : l’efficacité, et l’innocuité, c‘est à dire sa non-toxicité.

chloroquine

Un essai très court

Le but de la médecine est de trouver un moyen de soigner et guérir les patients, en faisant attention à ne pas compromettre leur état de santé général. Tel est le défi de la pharmacologie aujourd’hui : prendre en considération les effets secondaires de toute molécule.

En ces temps de crise, les professionnels de la santé font attention car les hôpitaux sont saturés et qu’il ne faut pas engendrer une nouvelle demande due aux prises médicamenteuses d’où la sensibilisation aux dangers de l’automédication.

Au sujet de la chloroquine, c’est justement l’existence d’effets secondaires qui est largement discutée. Derniers faits récents dans un hôpital brésilien où une étude a même été mise en cause depuis que des rythmes cardiaques anormaux ont été observés chez des patients.

Durant cette étude, des participants, au nombre de 81 ont tous pris de fortes doses de chloroquine. Depuis que 11 parmi eux sont décédés, l’étude a été stoppée à cause du risque que le traitement représente pour le cœur de manière spécifique. « La publication nous apporte une information utile, à savoir que la chloroquine provoque une augmentation des anormalités des électrocardiogrammes, qui peuvent entraîner des morts soudaines par arrêt cardiaque », résume David Juurling, chef du service de pharmacologie clinique à l’Université de Toronto, à nos confrères du New York Times.

Alors que l’étude, n’a duré que 6 jours, les chercheurs n’ont pas pu réellement observer l’évolution des patients testés avec de fortes doses (600 mg deux fois par jour) en comparaison avec d’autres auxquels on a administré des doses moins élevées (450 mg deux fois par jour) mais qui restent conséquentes.

Par ailleurs, en France, l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) a également lancé une alerte sur les effets indésirables de la chloroquine puisque les malades atteints du coronavirus semblent particulièrement fragiles sur le plan cardiaque avec des médicaments comme l’hydroxychloroquine, comme l’a déclaré Dominique Martin, directeur de l’ANSM. Ses propos font référence à une enquête de pharmacovigilance lancée fin mars et qui a recensé environ une centaine de cas d’effets indésirables en rapport avec ce médicament. L’enquête a pu déduire un rapport « plausible » entre l’effet constaté et le médicament administré au malade.

Peut-on pour autant conclure sur la toxicité de la chloroquine ?

L’étude brésilienne s’est vue stoppée à cause de l’urgence causée par le nombre important de décès, mais des études à plus grande échelle doivent être menées afin de confirmer l’hypothèse que ce traitement antipaludique fait plus de mal que de bien, et de trancher sur un débat qui a déjà provoqué des ruptures entre les spécialistes et les politiques.

Aussi, seul l’avenir des essais cliniques que l’OMS a commencé à organiser pourra y répondre. En effet, l’organisation lance un vaste essai clinique international selon Le Parisien en plus de l’essai européen baptisé « Discovery » ayant pour objet de tester quatre traitements, dont l’hydroxycholoroquine, sur 3.200 patients.