Une femme raconte son accouchement à 10 ans et son mariage à 11 ans

Publié le 5 décembre 2019
MAJ le 26 novembre 2024

Parfois, une épreuve douloureuse que l’on a subi peut allumer le feu sacré en nous. Pour transcender les traumatismes, certains décident de garder la tête haute et d’aider les personnes en proie au même parcours ponctué par les traumatismes et la douleur constante. Cette femme en est la preuve vivante et s’inscrit en pionnière d’une cause qui lui tient à cœur puisqu’elle l’a elle-même vécu. Sherry Johnson est désormais l’icône de la lutte contre le mariage forcé aux Etats-Unis et sublime ainsi son destin tragique. La femme a été mariée de force à l’âge de 11 ans et a été violée quotidiennement. Ce témoignage à la fois émouvant et inspirant nous est relayé par nos confrères de la chaîne américaine CNN.

Les épreuves traumatisantes peuvent laisser des stigmates douloureux qui nous détruisent ou, au contraire, nous amener à faire de notre histoire une lutte pour la dignité humaine. C’est le cas de Sherry Johnson qui a été abusée à l’aube de sa vie. Mariée de force à 10 ans et mère un an plus tard, cette femme est désormais l’emblème du militantisme pour la cause des jeunes filles que l’on brade.  Récit d’un destin de petite fille à qui l’on a volé l’enfance avec la complicité des lois du pays de l’Oncle Sam.

Mariée à son violeur

Cette histoire paraît surréaliste dans un pays occidental. Pourtant, cette affaire a bien tenu lieu et place en Floride.  La jeune Sherry Johnson avait alors 11 ans lorsque ses parents l’ont mariée de force à son violeur, un membre de l’église, qui avait 20 ans lors de leurs noces. L’Etat de Floride fait partie des territoires américains qui autorisent le mariage de mineurs si les circonstances « l’autorisent ». Là, les parents voulaient protéger le violeur de Sherry de la peine judiciaire. Selon les chiffres de l’UNICEF, le Fond des Nations Unies pour l’Enfance, 700 millions de femmes ont été mariées de force pendant qu’elles étaient enfants.

Une lettre ouverte

Dans un témoignage publié sur le site Global Citizen, Sherry Johnson envoie un message fort au monde entier. Relatant son destin tragique d’enfant mariée, elle lève le voile sur une loi archaïque qui s’inscrit en complice d’un crime. « L’âge autorisé du mariage est de 18 ans, mais si vous êtes enceinte ou déjà mère, vous pouvez être mariée à un homme de n’importe quel âge. Alors, au lieu de mettre mon agresseur derrière les barreaux, ils m’ont « menottée » pour me mettre dans une robe de mariage » a écrit la femme brisée. Sur cette tribune, nous pouvons également lire : « C’est pour cela que je me bats pour lutter contre tous ces vides juridiques qui autorisent le mariage de mineures en Floride et dans d’autres états américains, afin de protéger les enfants du viol et à plus forte raison d’être abusés avec la complicité des lois » Et son combat portera ses fruits puisque Sherry Johnson arrivera à influencer le cadre légal qui régit ce fléau.

L’Etat du Delaware pionnier

Le combat de Sherry n’a pas été vain. Et pour cause, l’état du Delaware a été le premier à avancer l’âge du mariage à 18 ans et à bannir les exceptions. Ce territoire sera suivi un an plus tard par le New Jersey. Mais la lutte reste encore à mener car à ce jour, 48 états continuent à autoriser le mariage des mineurs à la condition de circonstances exceptionnelles. Selon nos confrères de CNN, la femme de 58 ans continue à arpenter les couloirs du Capitole avec le même « dossier noir sous le bras, un sac à la main droite et le même air de détermination ». Une persévérance qui force le respect.

Le mariage forcé : un fléau mutique

Bien que peu couvert par les médias, cette problématique continue à avoir la peau dure. Nos confrères du Figaro en témoignent : environ 248 000 enfants et adolescents ont été mariés dans le pays de l’Oncle Sam entre 2000 et 2010. Le New Hampshire (Caroline du Nord), permet le mariage à partir de 13 et 14 ans. Si l’âge l’égal appliqué dans la majorité des états est fixé à la majorité, des dérives peuvent avoir lieu en raison de présence de circonstances telles que la grossesse ou l’accouchement.