Une étude révèle que des survivants du Covid-19 souffrent de problèmes mentaux

Publié le 14 octobre 2020
MAJ le 26 novembre 2024

Les répercussions d’une contamination au virus Sars-CoV-2 sont continuellement mises à jour à mesure que les scientifiques se familiarisent avec ses mécanismes. Selon une étude menée par le centre hospitalier San Raffaele à Milan, les conséquences pour certains survivants du Covid-19 relèvent également de la sphère psychiatrique. Anxiété, dépression, stress post-traumatique…Reuters rapporte les résultats de cette recherche.

Publiée dans la revue scientifique Brain, Behavior and Immunity, l’étude met en exergue des implications psychiatriques pour certains patients. Pour mener l’enquête, les médecins ont observé 402 adultes survivants au Covid-19, un mois après leur traitement. Près de 300 d’entre eux avaient été hospitalisés au San Raffaele et les 100 restants ont été suivis à domicile.

Plus de 50% des patients présentaient au moins un trouble psychiatrique

Parmi les 402 patients observés, dont 137 femmes et 265 hommes,  les médecins ont découvert que plus de la moitié présentait au moins un des troubles psychiatriques identifiés, proportionnellement à la sévérité de l’inflammation durant la maladie. Ces derniers impliquent l’anxiété, la dépression, l’insomnie ou encore le stress post-traumatique. 

L’étude menée par l’hôpital San Raffaele s’est basée des entretiens cliniques et des questionnaires d’auto-évaluation. En s’appuyant sur les résultats obtenus, les médecins ont découvert que 28% des patients souffraient de stress-post traumatique, 31% de dépression, 42% d’anxiété, 40% d’insomnie et enfin 20% de symptômes obsessionnels compulsifs.

Dans un communiqué de l’établissement, le professeur  Francesco Benedetti, psychiatre et chef de groupe de l’unité de recherche en psychiatrie et psychobiologie clinique explique qu’ “Il est immédiatement apparu que l’inflammation provoquée par la maladie pouvait également avoir des répercussions sur le plan psychiatrique”.

Selon le médecin, “les états inflammatoires (également consécutifs à des infections virales) peuvent constituer des facteurs de risque pour diverses pathologies, notamment la dépression”. Un trouble mental qui peut passer inaperçu chez de nombreux individus.

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Une femme portant un masque – Source : Istock/Salud 180

Les femmes plus sujettes à l’anxiété et à la dépression

Toujours d’après cette même source, les femmes seraient plus sujettes à l’anxiété et à la dépression, malgré une infection moins sévère. “Cela confirme ce que nous savions déjà, à savoir la plus grande prédisposition des femmes à développer des troubles anxieux-dépressifs”, explique le Pr Benedetti, émettant ainsi l’hypothèse “que cette plus grande vulnérabilité pourrait aussi être due au fonctionnement différent du système immunitaire dans ses composantes innées et adaptatives”.

L’isolement social, facteur de stress psychologique ?

Dans son article, Reuters indique que des conséquences psychiatriques moins sévères ont été observées chez les patients hospitalisés, en comparaison avec les patients ambulatoires. Cela met en avant le rôle et l’importance du soutien sanitaire pour diminuer l’isolement social et la solitude caractéristique de la pandémie de Covid-19.

Généralement, les conséquences psychiatriques de la maladie peuvent à la fois être causées par la réponse immunitaire au virus, indique le communiqué, ainsi que par des facteurs de stress tels que la crainte de contaminer les autres, l’isolement social et la stigmatisation.

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Deux personnes séparées par une vitre – Source : Istock/Salud 180

Les séquelles de l’inflammation

Interrogée par France Inter le 14 août, Marion Leboyer, psychiatre et directrice des départements universitaires de psychiatrie des hôpitaux Henri Mondor à Créteil a ajouté que “les conséquences du Covid-19 sont devant nous, pour des raisons sociales et psychologiques, pour plusieurs mois et plusieurs années”.

La directrice de la fondation FondaMental indique toutefois qu’au delà des raisons sociales et psychologiques, “on sait qu’il y a des raisons liées à la biologie de l’infection”, en faisant notamment référence aux séquelles de la tempête cytokinique qui augmenteraient le risque de troubles psychiatriques.

Par ailleurs, des études ont suggéré un impact du coronavirus sur le cerveau. Dans ce sens, les chercheurs du San Raffaele ont conclu leurs observations en déclarant que le prochain objectif consiste à “approfondir la recherche sur les biomarqueurs de l’inflammation pour diagnostiquer les conditions pathologiques émergentes et les surveiller au fil du temps ».