Une adolescente violée, acquittement et sursis pour les hommes accusés

Publié le 1 décembre 2019
MAJ le 26 novembre 2024

NousToutes. C’est la communauté de femmes qui s’est réunie en masse pour crier leur colère face à la constante augmentation des violences à leur égard. Et cette lutte est d’autant plus justifiée par les chiffres frappants de cette année : en 2019, plus de 100 femmes ont été victimes de féminicide par leur mari, leur partenaire ou leur ex-compagnon. Et la lutte est loin d’être vaine puisque des peines injustes continuent à « légitimer » le viol , un fléau dévastateur. Cette affaire en est la preuve vivante.  Une jeune adolescente de 14 ans a été violée par un groupe d’hommes. Verdict : les violeurs seront acquittés d’une peine de prison avec sursis. Ce témoignage glaçant dans les alcôves de la Cour nous est relayé par nos confrères du site du Parisien.

Si désormais la question du viol est plus que jamais à l’ordre du jour dans le débat public, des peines insuffisantes continuent de ponctuer les colonnes des faits divers. Et cette affaire vient se constituer en spectre dans la chape de plomb qui pèse sur les agressions sexuelles. Dans le département du Val-D’Oise, une adolescente de 14 ans a été violée par un groupe de sept hommes. Délibérations de la première audience ? Les violeurs sont acquittés. En deuxième instance, le verdict sera tout aussi décevant : les criminels subiront des peines avec sursis.

« Fille facile »

C’est dans la nuit du 9 au 10 septembre 2011 que le drame s’est déroulé. Seule dans l’appartement de son père à Antony, en périphérie parisienne, une adolescente de 14 ans raconte avoir été violée par de jeunes hommes de son voisinage. En se souvenant de cette terrible scène, elle se remémore que quelques-uns d’entre eux avaient le visage dissimulé. Au tribunal, les accusés reconnaissent les faits mais affirment que ce rapport sexuel était consenti. Pour justifier leurs actes, ils affirment que l’adolescente était connue pour sa réputation de « fille facile ».

Indignation

En mars 2017, la justice avait rendu une décision qui avait scandalisé les associations en lutte contre les agressions sexuelles. Suite à ce verdict, une pétition a été prévue à l’adresse des représentants de la loi et a collecté plus de 50 000 signatures demandant au parquet de faire appel. Les pétitionnaires étaient offensés par une sentence qu’ils estimaient injuste : l’acquittement de tous les accusés.

Nouveau jugement

Cette année, les juges se sont montrés plus cléments à l’égard de la victime. Après l’appel, la sentence est plus nuancée : des peines de sursis pouvant aller jusqu’à 5 ans. Une décision que déplore les avocats à la défense qui la qualifient « d’éloignée de la jurisprudence ». Sahand Saber, chargé du dossier d’un des accusés, déplore cette sentence qu’il juge inappropriée. « J’ai le sentiment d’une justice conforme aux attentes de l’opinion publique dans le contexte de la cause féminine, une justice aux ordres des associations de victimes et des Femen » renchérit Pierre Degoul, avocat d’un autre accusé. Avant d’ajouter : « Le parquet voulait éviter un nouveau tollé »

Affaire d’inceste

Les avocats à la défense, scandalisés par ce verdict qu’ils jugent disproportionné ont confié leur colère aux médias. Serge Portelli, chargé de la défense de deux des accusés évoque une mauvaise interprétation de la complexité de l’affaire par les juges. « Ce verdict est une erreur. On ne peut pas comprendre le viol collectif sans comprendre l’inceste dont la plaignante a été victime à 12 ans » Le père de l’adolescente a par ailleurs été condamné par la cour d’assises. Les avocats de la défense n’excluent pas la piste du pourvoi en cassation. « Toutes les bonnes âmes qui signent des pétitions sans rien connaître du dossier parlent dans le vide » siffle Serge Portelli.

Le viol : une épreuve dévastatrice

A tout âge, le viol est une épreuve difficile à surmonter. Les survivantes de ce crime subissent de profondes séquelles psychologiques et peuvent être hantées par des sentiments de culpabilité et de détresse. Happées par la honte, les femmes violées peuvent vivre avec ce secret pendant de longues années. D’autres victimes sont l’objet d’amnésie post-traumatique et occulter cet évènement jusqu’à 15 ans après leur viol. C’est le cas de Flavie Flament qui dès années après avoir été violée n’en avait aucun souvenir.