Un nouveau test sanguin pourrait détecter le cancer jusqu’à 4 ans avant les symptômes

Publié le 7 août 2020
MAJ le 26 novembre 2024

Une nouvelle étude américano-chinoise suggère qu’un test sanguin pourrait détecter le cancer quatre ans avant son diagnostic conventionnel. En cours d’expérimentation, le test dénommé “PanSeer” concerne des personnes asymptomatiques et cinq types de cancer : œsophage, estomac, foie, poumon et côlon. S’il venait à être disponible et performant, il permettrait de détecter la maladie de manière précoce et non invasive. Zoom sur l’étude et ses limitations relayées par nos confrères du Monde. 

Le groupe de scientifiques à l’origine de ce travail associe une équipe chinoise à des chercheurs américains et suédois. Ils ont fondé Singlera Genomics, une start-up établie à Shanghaï et à San Diago qui oeuvre à développer des tests permettant de diagnostiquer les cancers à un stade précoce. L’entreprise a levé des milliards de dollars à cet effet, avec un espoir important placé sur ces recherches.

“PanSeer”, un test qui vise à analyser l’ADN tumoral circulant dans le sang

C’est l’espoir de nombreux médecins: pouvoir détecter le cancer suffisamment tôt à l’aide d’un test sanguin. Le principe consisterait à analyser les traces libérées par les cellules tumorales dans la circulation sanguine, voire même ces dernières, indique Le Monde. Quand on sait que le cancer est une maladie qui peut se développer silencieusement pendant plusieurs années, une avancée médicale de la sorte pourrait avoir un profond impact sur les chances de guérison des patients.

C’est donc dans ce sens que l’étude publiée le 21 juillet dans Nature Communication suggère que ce rêve ne relèverait plus de l’utopie grâce à “Panseer”. Son principe ? Analyser les traces libérées par les cellules tumorales dans le sang, à savoir l’ADN tumoral circulant.

Selon ses auteurs, ce test sanguin a permis la détection de 5 types de cancers chez des patients asymptomatiques : côlon, poumon, foie, estomac et oeusophage. Grâce à des techniques d’imagerie conventionnelles, la maladie a pu être détectée chez les sujets jusqu’à 4 ans avant le diagnostic officiel de leur tumeur.

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L’étude a porté sur 123 115 participants

Menée entre 2007 et 2014, l’étude a porté sur un large échantillon de patients dans la ville de Taizhou. Pendant cette période, 123 115 sujets ont régulièrement donné leur sang, avec un suivi médical continu. Âgés de 25 à 90 ans, ils étaient tous en bonne santé lorsque l’étude a commencé. Dans cette cohorte, 575 personnes ont développé un cancer dans les quatre années suivantes et 191 d’entre elles ont été sélectionnées en fonction de la qualité des données recueillies pour l’analyse finale.

Ce dernier échantillon a ensuite été séparé en 2 groupes. Le premier a servi à entraîner l’algorithme du test sanguin pour différencier les tissus sains des “cancers en phase de prédiagnostic de cancers avérés”, rapporte Le Monde. Le deuxième groupe, constitué de 98 patients, a quant à lui permis d’évaluer si le test était performant.

Les chercheurs précisent toutefois que ce dernier n’a pas pour but de déterminer si les patients développeront un cancer par la suite. Il a pour vocation de détecter la maladie lorsqu’elle a déjà entamé son développement, mais que l’imagerie traditionnelle ne peut pas encore la détecter chez les patients.

Des sujets asymptomatiques ont été ciblés

Selon les résultats avancés par les chercheurs, l’algorithme aurait permis de détecter 95% des cancers chez les patients asymptomatiques durant les 4 années précédant le diagnostic. Par ailleurs, il serait également parvenu à “détecter 88% des cancers déjà diagnostiqués, avec une spécificité de 96 % pour les cinq localisations de cancer” peut-on lire sur cette même source.

Selon Thierry Frébourg, spécialiste de la génétique des cancers au CHU de Rouen, “ Ces résultats suggèrent que la détection de l’ADN tumoral circulant permet un diagnostic précoce. Jusqu’ici, il semblait surtout être un marqueur de cancers déjà métastatiques”. Laurent-Puig, oncologue à l’hôpital européen Georges-Pompidou révèle quant à lui qu’il “croit beaucoup” à cette technologie, “même si le nombre de patients avec des cancers de stade précoce reste faible”, indique le professeur. Une raison convaincante de surveiller régulièrement son état de santé en se tenant au fait des différents symptômes qu’un cancer peut entraîner.

Le nombre de patients analysés pour chaque type de cancer reste modeste

Si l’étude est porteuse d’espoir, elle n’est pas sans présenter plusieurs limitations. La première étant qu’elle ne porte que sur cinq différents types de cancers. En outre, le nombre de patients analysés s’avère également faible si l’on considère une répartition par type de cancers.

Le quotidien met également en avant la possibilité que certains prédiagnostics correspondent en réalité à des cancers tardifs qui n’auraient pas été identifiés, en plus des “profils de méthylation de l’ADN tumoral circulant” qui “ diffèrent parfois de ceux des tumeurs initiales”. Enfin, la dernière limite serait l’âge relativement avancé de la population chinoise. Pour Thierry Frébourg, “Ces résultats devront donc être confirmés sur d’autres populations”.