Un jeune homme se noie devant ses amis qui le filment au lieu de l’aider
« Homo smartphonicus » C’est le néologisme employé pour désigner l’évolution humaine suite à l’apparition du téléphone intelligent. Seulement, si cet outil est incontournable pour communiquer au quotidien, son utilisation peut parfois être à l’origine de dérives délétères à l’heure des réseaux sociaux. Avec une propension à tout partager, l’homme peut perdre en humanité au profit d’un individualisme crasse. C’est le cas pour ces jeunes gens qui filment leur ami en train de se noyer au lieu de lui porter secours. Munis de leurs smartphones, ils immortalisaient cette tragédie sans le moindre remords. Ce témoignage affligeant nous est relayé par nos confrères du quotidien indien The Hindu.
Suite à l’apparition de technologies censées nous rapprocher, nous observons des dérives tout à fait inédites chez nos contemporains qui deviennent malheureusement légion : filmer un drame au lieu d’aider. Serions-nous devenus les chiens de Pavlov du smartphone ? Rien n’est plus sûr puisque ce type de faits divers ponctuent les colonnes des journaux et relatent la passivité des spectateurs face à un évènement tragique. C’est le cas pour ce pauvre jeune homme abandonné à sa noyade par ses amis qui filmaient la scène.
Une baignade à l’issue tragique
Venu se baigner avec ses amis, rien ne prédisposait Jafar Ayub, un jeune homme de 22 ans, à assister au crépuscule de sa vie. C’est lors de sa baignade dans un étang qu’il a rendu son dernier souffle. Seulement, au lieu de l’aider, ses amis avaient un comportement inhumain puisque ces derniers se sont munis de leurs smartphones pour le filmer devant la sidération des baigneurs.
Un acte inhumain
Suite à la publication de la vidéo, les médias et les autorités se sont immédiatement emparés de l’affaire. Dans les colonnes du NewIndian Express, cet acte est qualifié d’inhumain et a outré les nombreux internautes. Le contenu filmé par les amis de Jafar Ayub est immédiatement devenu viral.
Se débattre sans relâche
Toujours selon le journal indien, un groupe de femmes venu laver leurs vêtements étaient également à proximité de la tragédie. Ces dernières étaient également passives devant le spectacle des dernières minutes du jeune Jafar Ayub. Cette séquence insoutenable montre le défunt baigneur se débattre sans relâche avant de s’étouffer. Jusqu’à sa mort, il n’a cessé de lutter pour rester à flot. Malheureusement, ses tentatives auront été vaines.
Le pilier de sa famille
Jafar Ayub a laissé derrière lui des parents éplorés dans une famille où il était l’unique pilier. Le dossier a été classé par les autorités comme cas de « mort non naturelle » et l’affaire n’a pas tardé à traverser l’océan Indien pour peupler le flux en temps réel de Twitter.
Des amis qui ne savaient pas nager
Selon les rapports, les amis du défunt ne pouvaient pas le secourir car ils ne savaient pas nager. Sur la vidéo, nous pouvons voir l’un de ses amis lui tendre la main avant de la retirer. Les jeunes hommes ont refusé de parler en présence des enquêteurs.
Un cas non isolé
Malheureusement, à l’heure des réseaux sociaux, cette histoire est loin d’être un cas isolé. En France, un homme a été filmé lors d’une explosion devant la passivité des spectateurs. A New York, un adolescent qui se faisait poignarder a été ignoré par une cinquantaine de spectateurs qui filmaient cette scène. Selon Elizabeth Rossé, psychologue, cet instinct de filmer un drame tire ses origines du fait de vouloir mettre un filtre entre soi et la réalité tant celle-ci s’avère brutale. Un réflexe qu’elle qualifie de « défense de soi-même. »
Face à la violence, les témoins pensent d’abord à filmer plutôt qu’à secourir
Selon Xavier Pommerau, psychiatre et spécialiste de l’adolescence, le Smartphone agit comme un filtre qui sépare les personnes de la réalité. Ces individus sont plus concentrés sur eux en pensant que d’autres personnes viendraient porter secours à la personne en détresse. De ce fait, le Smartphone agit comme l’œil numérique de ces jeunes qui permet de filmer, et jouir par la suite d’une popularité marquée par des likes sur les réseaux sociaux. Selon ce spécialiste nous vivons dans une période de contradiction où la violence s’exprime dans une totale indifférence.