Réforme du RSA : que signifient exactement ces 15 heures d’activité obligatoire ?

Depuis le 1ᵉʳ janvier 2025, une nouvelle règle s’applique aux bénéficiaires du Revenu de Solidarité Active (RSA) : pour continuer à percevoir cette aide, il faut justifier de 15 à 20 heures d’activité hebdomadaire. Présentée comme un accompagnement renforcé vers l’emploi, cette réforme suscite toutefois des interrogations. Ces heures sont-elles du travail déguisé ? Tous les bénéficiaires sont-ils concernés de la même manière ? Entre opportunité d’insertion et crainte de nouvelles contraintes, cette réforme divise.
Une réforme qui redéfinit le RSA
Jusqu’à présent, toucher le RSA n’imposait pas d’obligation spécifique en matière d’activité. Si les allocataires étaient incités à rechercher un emploi ou à suivre un accompagnement, seuls 40 % étaient inscrits à France Travail (ex-Pôle emploi).
Avec la réforme, l’inscription devient automatique et un « contrat d’engagement » est mis en place. Ce contrat précise les actions obligatoires que doit suivre l’allocataire : formations, ateliers CV, stages, immersions en entreprise…
La ministre du Travail, Astrid Panosyan-Bouvet, a tenu à rassurer : ces 15 à 20 heures ne seront pas systématiques pour tous. Certains, proches du marché de l’emploi, auront un accompagnement plus léger, tandis que d’autres, plus éloignés de l’emploi, pourront bénéficier d’un suivi plus intense.
L’objectif affiché est clair : favoriser le retour à l’emploi et éviter le décrochage social.
Des chiffres prometteurs, mais un accompagnement coûteux
L’expérimentation menée en 2024 sur 70 000 personnes dans 49 départements a montré des résultats encourageants :
- 54 % des participants ont retrouvé un emploi, dont une partie de manière durable.
- Une amélioration de la confiance en soi et une meilleure capacité à se projeter professionnellement.
Cependant, cet accompagnement a un coût non négligeable :
Entre 600 et 1 200 euros par allocataire, et jusqu’à 4 000 euros pour les situations les plus complexes.
Une dépense importante pour l’État, mais qui pourrait être compensée par une réduction du nombre de bénéficiaires à long terme, si le dispositif fonctionne.
Une mesure qui fait débat
Si l’objectif d’insertion est louable, certains dénoncent une complexité administrative excessive. La nécessité de justifier ces heures risque d’alourdir la gestion du RSA et de compliquer la relation de confiance entre les bénéficiaires et les organismes sociaux. Certains allocataires, découragés, pourraient même renoncer à leur allocation, par crainte des contraintes administratives.
Un autre point de tension concerne la nature des activités exigées. Ces 15 à 20 heures ne sont pas censées être du travail gratuit, mais plutôt un accompagnement vers l’emploi. Pourtant, certains craignent que cela ne se transforme en exploitation déguisée, notamment si des stages non rémunérés ou des missions en entreprise deviennent une condition implicite pour toucher l’aide.
Vers une nouvelle vision du RSA ?
Cette réforme marque un tournant dans l’approche du RSA, qui devient plus qu’une simple aide financière : il s’agit désormais d’un dispositif d’insertion structuré et encadré.
Mais reste à savoir si cette nouvelle formule permettra réellement un retour à l’emploi durable pour les bénéficiaires, ou si elle créera plus d’exclusions qu’elle n’en résout.
Et vous, pensez-vous que cette réforme est une avancée ou une contrainte supplémentaire pour les allocataires du RSA ?