Quand les antibiotiques ont échoué, cette femme s’est tournée vers la phagothérapie pour sauver son mari

Publié le 10 décembre 2019
MAJ le 26 novembre 2024

Les infections bactériennes sont toujours pénibles et s’avèrent parfois difficiles à traiter, surtout lorsque la bactérie en question développe une résistance aux antibiotiques. Ce fut le cas de Thomas Patterson, alors âgé de 72 ans, qui s’est retrouvé atteint de Acinetobacter baumannii, une bactérie résistante à tous les antibiotiques. Fort heureusement, sa femme a été en mesure de le sauver grâce à la phagothérapie. Cette histoire est relayée par nos confrères de The Guardian.

Le couple en question, Steffanie Strathdee et Thomas Patterson, profitait tranquillement de leurs vacances en Egypte en 2015 lorsque Thomas est soudainement tombé très malade. Le septuagénaire a contracté une infection à super-bactérie mortelle causée par Acinetobacter baumannii, une bactérie résistante à tous les antibiotiques. Bien que les médecins aient essayé 12 antibiotiques différents, la santé de Thomas ne faisait qu’empirer. Son épouse Steffanie, qui est épidémiologiste en maladies infectieuses à la Faculté de Médecine de l’Université de Californie, San Diego, est parvenue à trouver une solution miracle longtemps oubliée qui a sauvé la vie à son mari : la phagothérapie.

Qu’est-ce qu’une infection bactérienne ?

Bien qu’elles existent de manière naturelle dans le corps humain, certaines bactéries dites « mauvaises » constituent des agents pathogènes pour l’Homme et lui causent diverses maladies infectieuses qui peuvent être plus ou moins facilement guérissables selon la localisation de l’infection et la nature de l’agent infectant. Afin de venir à bout de ces infections, des antibiotiques spécifiques à la bactérie en question sont généralement prescrits par les médecins.

Les premiers symptômes de Thomas et son diagnostic

Le couple s’est confié à nos confrères de TODAY sur sa lutte contre Acinetobacter baumannii. Thomas leur a confié : « J’ai été pris d’une nausée violente qui m’a réveillé pendant la nuit, et j’ai vomi toute la nuit et toute la matinée du lendemain. Un médecin a essayé de me traiter avec des antibiotiques mais mon état n’a fait qu’empirer ».

Il a ensuite été évacué en Allemagne le 4 décembre où on lui a découvert un calcul biliaire qui lui avait causé un grand kyste. D’autres analyses ont démontré qu’il avait une infection très grave et mortelle. Il a donc été ré-évacué vers San Diego, en Californie, le 14 décembre.

Sa femme, Steffanie, a déclaré que le calcul biliaire avait provoqué la formation de l’abcès bien avant leur voyage en Egypte, mais que la super-bactérie était de souche égyptienne. La bactérie avait trouvé dans son abcès un foyer douillet où se reproduire.

Qu’est-ce que l’acinetobacter baumannii ?

Steffanie explique que : « l’acinetobacter baumannii est une bactérie qui, jusqu’aux deux dernières décennies, était considérée comme étant assez faible. Cependant, elle a la capacité de voler les gênes de résistance antibiotique des autres bactéries. Je l’appelle la ‘bactérie kleptomane’ ».

Le résultat est qu’elle n’est pas éliminée comme les autres bactéries lorsqu’on prend des antibiotiques. Par ailleurs, lorsque ces bactéries sont éliminées, la super-bactérie s’accapare de leur espace.

Les complications de l’infection

« Elle s’infiltrait parfois dans son système sanguin, et cela lui causait des chocs septiques. Chaque épisode présente un risque de mort de 50% et Tom en a eu 7. Il était délirant, perdait énormément de poids et ne pouvait rien ingérer sans vomir, il était donc nourri à l’aide d’une sonde d’alimentation » a rapporté son épouse.

Une solution miracle ?

Au moment où les médecins étaient à court de solutions, Steffanie a découvert l’option de la phagothérapie en cherchant des traitements alternatifs sur internet : « Les phages sont des virus qui attaquent naturellement les bactéries. C’est comme une alternative aux antibiotiques propre à la nature […] mais ont progressivement été oubliés après l’apparition de la pénicilline ».

En février 2016, Steffanie a lancé un appel à l’aide et un chercheur de Texas A&M y a répondu. Il a cherché des phages correspondant à l’infection bactérienne de son mari et en a découvert 4. Ils ont commencé la phagothérapie le 15 mars 2016 et Thomas est sorti du coma le 20 mars. Il est ensuite resté à l’hôpital jusqu’en août 2016 pour se remettre entièrement de son épisode infectieux.

Comment vous protéger des infections

Nous sommes sans cesse confrontés à des nids à bactéries dans notre vie quotidienne comme les poignées de portes, les ascenseurs, les téléphones, les rampes d’escaliers, etc. Voici les conseils de l’APHP  pour vous en prémunir :

  • Lavez-vous les mains : protégez-vous des infections en vous lavant régulièrement les mains à l’eau et au savon, surtout après avoir utilisé les toilettes ou touché des objets ou surfaces dans les espaces publiques.
  • Ne prenez pas trop d’antibiotiques : Tout le monde connait désormais la fameuse expression : « Les antibiotiques, ce n’est pas automatique ». En effet, ces derniers ne sont efficaces qu’en cas d’infection bactérienne. Ainsi, il ne faut en prendre que lorsque c’est nécessaire au risque de permettre aux bactéries de développer des résistances.
  • Respectez la durée du traitement : Evitez de prendre des antibiotiques à moins d’être sûr d’avoir contracté une infection bactérienne et non pas virale, et respectez la durée du traitement prescrite par votre médecin afin d’éviter encore une fois que les bactéries ne développent une résistance aux antibiotiques.