Pourquoi faut-il parler du suicide aux enfants ?

Publié le 3 janvier 2021
MAJ le 26 novembre 2024

L’adolescence est une période délicate caractérisée par les perturbations hormonales mais également une profonde quête d’identité. A cela, peut s’ajouter un mal-être qui peut s’accompagner par des troubles mentaux sporadiques tels que les troubles du comportement alimentaire, les mutilations et même dans les cas les plus sévères, l’idéation suicidaire qui peut se matérialiser par un acte. A ce titre, il est essentiel en tant que parent de vulgariser ce thème parfois tabou quelque peu romancé par les jeunes. Voici comment parler du suicide avec pédagogie et tact chez un adolescent en état de détresse émotionnelle.

Une personne aux idées suicidaires peut généralement être très secrète quant à ses intentions. Ces pensées peuvent être amplifiées à l’adolescence et être accompagnée de culpabilité et de honte. Pétris de ces sentiments, ces jeunes en quête d’affirmation de soi et d’identité peuvent donner des signes à peine perceptibles de leur mal-être. La série 13 Reasons Why explique bien ce phénomène chez une jeune fille victime de harcèlement et d’intimidations. En tant que parents, nous devons être pleinement acteurs de l’épanouissement de notre enfant en vulgarisant le suicide, qui n’est autre qu’une volonté de cesser de souffrir. 

Le suicide est invisible

Souvent, nous avons tendance à imaginer qu’une personne suicidaire est ostensiblement triste. Pourtant, ceux qui souffrent de telles pensées peuvent paraître souriants et tout à fait fonctionner dans leurs cercles sociaux. Interrogée par le magazine américain Self, Jill Emanuele, directrice du Mood Disorders Center au Child Mind Institute, révèle que de nombreux enfants souffrent en silence. C’est pour cette raison qu’il est essentiel de ne pas stigmatiser un acte de telle envergure en étant ouvert au dialogue. En effet, c’est en rendant une chose taboue qu’on l’autorise car l’adolescence est ponctuée d’un fort sentiment de contradiction envers l’autorité parentale.

Des facteurs de risques établis

Si les comportements suicidaires sont difficiles à identifier et à relever, il existe des facteurs de risque auxquels il est nécessaire de prêter attention. Toxicomanie, maladie physique, maltraitance et abus émotionnels peuvent être corrélés à la volonté de se donner la mort pour échapper à ces situations aux conséquences dévastatrices. Un cas de suicide dans le cercle familial ou social peut également enclencher des pensées suicidaires qui peuvent s’accompagner d’un réel plan de passage à l’acte. Une dépression à un jeune âge n’est pas à prendre à la légère car cette maladie peut pousser à cet acte définitif. Un manque de dialogue quant à ce sujet entraîne un sentiment d’incompréhension, caractéristique chez toutes les personnes suicidaires. Un élément important à prendre en compte pour parler à son enfant de ce sujet délicat avec pédagogie.

Comprendre les signes

Avant de parler à son enfant de ce sujet parfois romancé par les adolescents dans la culture cinématographique et littéraire, il est important de comprendre certains signes subtils. Parmi eux, Susan Tellone, directrice clinique de la Society for the Prevention of Teen Suicide interrogée par Self identifie des angoisses du futur, des comportements tels que le don de ses objets personnels, des pics d’agressivités, un repli social, une insomnie ou au contraire une hypersomnie mais également un échec scolaire. Des menaces telles que « Un jour, vous n’entendrez plus parler de moi » ou encore « Je vais m’en aller sans jamais revenir » ne sont pas des indices anodins. Des évènements extérieurs peuvent également provoquer cette situation tels qu’une rupture amoureuse, un stress à l’école ou un divorce. Il est capital de comprendre la souffrance d’un adolescent, amplifiée par cet âge charnière avant l’âge adulte.

Être prêt pour cette conversation

Pour mieux appréhender ce dialogue, il est important d’être sous les meilleurs auspices pour aborder cette conversation. Ne pas montrer d’émotions négatives telles que la colère ou encore faire culpabiliser l’enfant est capital pour le pousser à s’exprimer. Comme le souligne Jill Emanuele, “Ce n’est pas le moment de donner des leçons. Ne l’interrompez pas. N’essayez pas de résoudre le problème. Validez son ressenti. Montrez que vous êtes compréhensif, même si vous êtes en train de paniquer intérieurement”. L’état de détresse peut laisser penser qu’une situation est définitive, or, il s’agit du rôle du parent de donner les solutions en prenant en compte le désespoir de son enfant et en le comprenant. Les jugements de valeur sont contre-productifs car il est plutôt judicieux d’accompagner l’adolescent et de l’aider. Parmi les pistes possibles : la thérapie, le diriger vers une association pour une communication neutre, mais également canaliser l’énergie de ce dernier en le poussant à exprimer ses émotions par une activité stimulante. L’art peut également être un réel exutoire pour exorciser une souffrance trop longtemps réprimée. La communication est la pierre angulaire de l’épanouissement en aidant une personne suicidaire à ne plus avoir honte d’être triste.