Plusieurs scientifiques affirment que le coronavirus se transmet dans l’air et demandent à l’OMS de corriger ses recommandations

Publié le 7 juillet 2020
MAJ le 26 novembre 2024

Alors que le Covid-19 continue de faire des victimes dans les quatre coins du monde, l’hypothèse d’une transmission dans l’air refait surface. Dans une lettre ouverte à paraître prochainement dans une revue scientifique, Reuters révèle que 239 chercheurs issus de 32 pays demandent à l’Organisation mondiale de la santé de revoir ses directives au sujet de la propagation du virus. 

Ce n’est pas la première fois qu’une transmission aérienne du virus à l’origine de la pandémie est évoquée par les scientifiques. Avec plus de 10 millions de cas de contamination à l’échelle mondiale, certains estiment possible une transmission de la maladie via de minuscules gouttelettes en suspension dans l’air. Le potentiel infectieux de ces aérosols légers est néanmoins tempéré par des chercheurs interrogés par le New York Times. Le risque existerait, selon ces derniers, surtout dans les espaces clos, mal ventilés, où de nombreuses personnes sont à l’étroit pendant une longue durée.

Plus de 100 scientifiques s’adressent à l’OMS

L’Organisation mondiale de la santé soutient que le nouveau coronavirus se propage essentiellement via des gouttelettes émises lorsqu’une personne atteinte par le Covid-19 tousse, éternue ou parle. Mais pour les 239 scientifiques à l’origine de cette lettre, certaines preuves mettent en exergue d’autres voies de transmission plus importantes.

Les chercheurs soulignent que de petites particules dans l’air seraient capables de mener à des infections et urgent l’OMS de revoir ses recommandations contre la propagation de la maladie. Le New York Times qui a également relayé l’information indique que l’organisation juge ces preuves peu convaincantes.

Le quotidien américain rapporte dans ce sens les propos du Dr Benedetta Allegranzi, responsable technique de la prévention et du contrôle des infections au sein de cette même institution. “En particulier ces derniers mois, nous avons déclaré à plusieurs reprises que nous considérons une transmission du virus dans l’air possible mais certainement pas appuyée par des preuves solides ou mêmes claires” indique le Dr Allegranzi avant de préciser qu’il existe un véritable débat à ce sujet.

Des risques dans les espaces fermés

Selon le Parisien, l’OMS “assure depuis plusieurs mois que le virus n’est généralement pas aéroporté”. Ainsi, elle précise dans des documents publiés le 29 juin que sa transmission n’est “envisageable que lors de procédures médicales générant des aérosols (des pulvérisations de particules dans les airs), comme des intubations, des bronchoscopies ou encore des réanimations cardio-pulmonaires”.

L’institution tient par ailleurs à distinguer entre les pulvérisations du virus par petites gouttes et par grosses gouttes. Ces dernières, essentiellement émises lorsqu’une personne tousse ou éternue, retomberaient plus vite sur le sol car elles sont plus lourdes. Dans ce sens, l’OMS estime que le Sars-CoV-2 ne correspondrait pas stricto sensu à la définition d’un virus aéroporté.

Un jugement remis en cause par les chercheurs et auteurs de la lettre qui lui est adressée, puisque de leur côté, ils estiment que le virus peut également être transmis via de très petites gouttes lorsqu’une personne parle. Bill Hanage, épidémiologiste et chercheur à l’université de Harvard met néanmoins en garde contre les fausses interprétations.

“On a cette notion (erronée, NDLR) que la transmission aéroportée veut dire que des gouttes sont suspendues dans les airs et peuvent vous infecter au bout de plusieurs heures, qu’elles se baladent dans les rues, se faufilent à travers les boîtes aux lettres et se retrouvent partout dans les maisons », déclare-t-il sur le ton de l’ironie.

Selon le New York Times, les experts s’accordent tous à dire que le nouveau coronavirus n’agit pas de cette manière-là. Interrogée par cette même source, le Dr Linsey Marr, experte en transmission aérienne de virus à Virginia Tech, précise quant à elle qu’il semblerait que le virus soit le plus infectieux lorsque des personnes sont en contact étroit et prolongé, en particulier dans des espaces clos, surpeuplés et mal ventilés. .