Les gens toujours en retard sont les plus optimistes
Je me suis levée à 5h30, soit 3 heures avant mon premier rendez-vous au bureau. Et pourtant, comme d’habitude, je suis arrivée avec quelques minutes de retard. Je suis comme ça, c’est tout. Ce qu’il se passe, c’est que je consacre ces 3 heures à faire le plus de choses possibles avant de commencer ma […]
Je me suis levée à 5h30, soit 3 heures avant mon premier rendez-vous au bureau. Et pourtant, comme d’habitude, je suis arrivée avec quelques minutes de retard. Je suis comme ça, c’est tout.
Ce qu’il se passe, c’est que je consacre ces 3 heures à faire le plus de choses possibles avant de commencer ma journée de travail : prendre mon petit-déjeuner, regarder les infos à la télé, faire du sport, rêvasser en m’habillant. Entre chacune, je vérifie l’heure et je me dis : « C’est bon, j’ai le temps ». Tout ça pour finir par me rendre compte qu’il est 8h30, alors que j’ai besoin de 45 minutes pour me rendre au bureau.
J’étais déjà comme ça à l’époque du lycée et depuis lors, dans chaque emploi que j’ai occupé. Je suis systématiquement en retard aux rendez-vous, surtout aux réunions de travail. Apparemment, c’est le cas de beaucoup de gens, si j’en crois la consultante en management Diana De Lonzor, auteur du livre Never be late again, qui s’est fondée sur des études psychologiques autour de « l’habitude du retard ». Elle révèle que le manque de ponctualité est généralement chronique, qu’il peut durer toute la vie, quel que soit le domaine.
Curieusement, peu d’études scientifiques se sont intéressées à ce sujet. Toutefois, plusieurs experts réputés estiment que les retardataires chroniques sont « programmés » ainsi ; autrement dit, que le problème vient de leur cerveau.
Ceci corrobore ce que je viens de vous dire. Et si vous êtes comme moi, vous le savez. Vous ne souhaitez pas être irrespectueux, ni exaspérer qui que ce soit. Contrairement à ce dont on vous accuse, vous n’êtes ni paresseux, ni mou, ni inefficace. D’ailleurs, quand j’arrive en retard, je reste plus tard au bureau pour finir le travail. C’est juste que nous sommes comme ça.
En règle générale, les retardataires chroniques sont optimistes.
Peut-être parce qu’ils ne savent pas estimer le temps que leur demande une tâche, ils pensent souvent en abattre plus que les autres en peu de temps et être capables d’en réaliser plusieurs en même temps.
Or, on le sait, avoir un esprit positif est un facteur de réussite. Des études ont démontré que cela contribue à la productivité, à la créativité et à l’esprit d’équipe. Une de ces études, réalisée à la San Diego State University, a établi une corrélation entre le retard chronique et les personnalités de Type B, autrement dit les individus patients et décontractés. Ils ne s’encombrent pas de détails sans importance et se focalisent sur l’essentiel.
Cela a des conséquences positives sur leur niveau de stress et, par conséquent, sur leur santé, sachant que cela réduit leurs risques de maladies cardiovasculaires et renforce leur système immunitaire.
Les notions de temps et de retard sont relatives
En effet, elles varient selon les pays et les contextes :
- Aux États-Unis, les Américains croient au dicton : « Le temps, c’est de l’argent ». Dans le contexte professionnel, les retards sont vus comme un manque d’implication et une insulte.
- Même perception en Allemagne, pays de la rigueur. À titre d’exemple, alors que Vladimir Poutine était en retard à un meeting, la chancelière Angela Merkel a préféré s’éclipser.
- En Espagne, en revanche, le temps est appréhendé de façon toute personnelle. Chacun vit à son rythme et beaucoup dînent très tard, vers 22 heures.
- En Amérique latine et surtout en Inde, la ponctualité est une notion très relative, au point d’être quasi inexistante.
Il ne s’agit pas de dire que telle culture est meilleure que telle autre. On peut, en toute logique, penser que le manque de ponctualité nuit à la rentabilité. Mais quand on sait que le taux de productivité de Américains figure dans la tranche basse, on peut aussi s’interroger.
Il s’agit juste de dire que chaque personne et chaque entreprise doit trouver un équilibre entre le respect des délais et une souplesse propice à l’épanouissement de chacun.
À regarder sans cesse sa montre, on peut oublier de vivre l’instant présent, ce qui est le secret du bonheur.
Conclusion : ne criez pas trop sur votre ami, votre employé ou votre enfant la prochaine fois qu’il est en retard. Peut-être est-il juste un incurable optimiste…