Moins les enfants jouent, plus ils développent de la dépression et de l’anxiété
Les troubles anxieux et dépressifs sont des problèmes de santé mentale qui ne touchent pas que les adultes mais aussi les enfants. L’anxiété peut être temporaire et non offensive, mais elle peut également avoir de lourdes séquelles. Une étude américaine a établi la relation entre la baisse du temps de jeu libre et l’anxiété et la dépression chez l’enfant. Explications !
En France, la prévalence des troubles dépressifs est estimée entre 2,1 à 3,4 % chez l’enfant et à 14 % chez l’adolescent. Des chiffres qui ont augmenté depuis le siècle précédant et ce dans le monde entier. La preuve la plus récente de la nette augmentation générationnelle de la dépression, de l’anxiété et d’autres troubles mentaux chez les jeunes provient d’une étude récente dirigée par Jean Twenge de la San Diego State University.
Quelles sont les causes de l’augmentation de la dépression chez les plus jeunes ?
La psychopathologie accrue ne semble pas avoir de rapport avec des dangers et des incertitudes réalistes dans le monde plus vaste. Les changements ne sont pas liés aux cycles économiques, aux guerres ni à aucun des autres types d’événements mondiaux dont les gens parlent souvent comme affectant les états mentaux des enfants. Les changements semblent avoir un lien avec la façon dont les jeunes voient et perçoivent le monde.
Perception de la maitrise du destin
Il est clair que l’anxiété et la dépression ont une forte corrélation avec le sentiment de contrôle ou le manque de contrôle des gens sur leur propre vie. Les personnes qui pensent être responsables de leur propre destin risquent moins de devenir anxieuses ou déprimées que celles qui pensent être victimes de circonstances indépendantes de leur volonté. En effet, les données indiquent que la conviction des jeunes de contrôler leur propre destin a fortement diminué au cours des dernières décennies. Ainsi, lorsque l’inquiétude et le sentiment d’impuissance deviennent trop importants, les jeunes deviennent déprimés.
Orientation vers des objectifs extrinsèques au lieu d’objectifs intrinsèques
La propre théorie de Twenge est que les augmentations générationnelles d’anxiété et de dépression sont liées au passage d’objectifs «intrinsèques» à des objectifs «extrinsèques». Les objectifs intrinsèques sont ceux qui se rapportent à son propre développement en tant que personne, comme devenir compétent dans les efforts de son choix et développer une philosophie de vie significative. Les objectifs extrinsèques, en revanche, sont ceux qui sont liés aux récompenses matérielles et aux jugements des autres. Ils incluent des objectifs de revenu élevé, de statut et de beauté.
Twenge cite un sondage annuel qui est mené auprès d’étudiants d’université qui révèle que la plupart des étudiants considèrent aujourd’hui que le fait d’être bien nantis est plus important que de «développer une philosophie de vie significative».
Twenge suggère que le passage d’objectifs intrinsèques aux objectifs extrinsèques représente un changement général vers une culture du matérialisme, transmise par la télévision et d’autres médias. Dès la naissance, les jeunes sont exposés à des publicités et à d’autres messages impliquant que le bonheur dépend de la beauté, de la popularité et des biens matériels. Selon Peter Gray, auteur du livre Free to Learn (libre d’apprendre), les augmentations générationnelles des objectifs extrinsèques, de l’anxiété et de la dépression sont des facteurs causés en grande partie par la diminution des possibilités de jeu libre et par l’accroissement du temps et de l’importance accordés à la scolarité.
Comment la baisse du temps de jeu libre impacte la santé mentale des enfants ?
D’après le Dr Gray, la liberté des enfants de jouer et d’explorer à leur guise a considérablement diminué au cours des dernières décennies. Le jeu libre et l’exploration sont, historiquement, les moyens par lesquels les enfants apprennent à résoudre leurs propres problèmes, à contrôler leur propre vie, à développer leurs propres intérêts et à devenir compétents dans la poursuite de leurs objectifs.
En privant les enfants de la possibilité de jouer seuls, loin de la surveillance et du contrôle directs des adultes, nous les privons de la possibilité d’apprendre à prendre en main leur propre vie. Nous pouvons penser que nous les protégeons, mais en fait, nous diminuons leur joie et leur sentiment de maîtrise de soi. Et ainsi leur santé mentale est affectée !
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