Les tests du coronavirus “pourraient détecter un virus mort”

Publié le 10 septembre 2020
MAJ le 26 novembre 2024

A l’heure où les scientifiques oeuvrent continuellement à évaluer l’ampleur de la pandémie de Covid-19, le test PCR s’est avéré être un outil de taille pour détecter le virus en cas d’infection et éclairer les gouvernements sur les démarches à suivre.  Mais pour certains scientifiques, ce dernier manquerait de précision et serait trop sensible au virus. Selon une étude du Centre for Evidence-Based Medicine (CEBM) de l’université d’Oxford, il est possible que le test détecte des traces inactives du virus, rapporte BBC News.

Considéré comme le test principal pour diagnostiquer le coronavirus, le test PCR serait trop sensible à en croire les chercheurs. D’après leurs observations, ce dernier pourrait détecter des fragments de virus “mort” provenant d’anciennes infections. Qu’en est-il vraiment ?

Le test PCR détecte-t-il un virus “vivant” ou “mort’?

Voici la question que se posaient déjà nos confrères de libération le 21 juillet dans leur rubrique Check News. A l’origine de cette interrogation, les propos de Yoram Lass, ex-directeur général de la santé israélien qui a révélé sur un plateau de télévision que les tests ne permettent pas d’évaluer l’activité du virus.

Le test que l’on appelle le PCR (…) ne distingue pas les virus morts des virus vivants” avait expliqué Yoram Lass. “Dans les deux cas, le test est positif, même si le virus est mort. (…) On trouve des gens contaminés il y a un mois, on dit qu’ils sont positifs, on dit qu’ils sont malades, mais ils sont sains” a-t-il ajouté à l’antenne de i24 News.

Pour y voir plus clair, Libération avait interrogé Elisabeth Bouvet, présidente de la commission technique des vaccinations de la Haute Autorité de santé (HAS). Selon ses propos, l’ancien directeur israélien n’est pas en tort.

On sait qu’il y a du virus, mais on ne sait pas s’il est viable, contagieux. L’ARN peut être là, mais peut ne plus être en train de se multiplier” a-t-elle expliqué. Autrement dit, le test pourrait détecter le virus chez une personne guérie, sans que ce dernier ne soit considéré actif.

Le “oui ou le non” ne suffisent pas pour connaître la contagiosité du malade

D’après l’étude menée par le CEBM, en collaboration avec l’université de West of England, il y aurait un risque de “faux positifs”, peut-on lire sur BBC News. Pour atteindre cette conclusion, les scientifiques se sont intéressés à 25 études où des échantillons de virus provenant de tests positifs ont été placés dans une boîte de Pétri pour voir s’ils se développeraient.

Sachant que le test indique une réponse positive ou négative, ce qui se résume à un simple “oui” ou “non”, il y a une possibilité que les tests détectent des traces du virus sur une période plus longue que celle de son infectiosité, déplorent les chercheurs.

En d’autres termes, une personne testée positive pourrait avoir le virus mais ne serait pas nécessairement contagieuse.  Un avis rejoint par des experts de l’université d’Harvard T.H. Chan School of Public Health, dont les observations ont été relayées par le New York Times.

D’après l’article du média américain publié le 29 août, leur étude est parvenue à des conclusions similaires, estimant que de nombreux patients testés positifs au Covid-19 ne seraient pas contagieux. “Le oui ou le non n’est pas suffisant” estime le Dr Michael Mina, épidémiologiste à l’école de santé publique de Harvard. “C’est la quantité de virus qui devrait établir la démarche à suivre pour le patient infecté”, ajoute l’expert.

Pour le Pr Carl Henegan, l’un des auteurs de l’étude du CEBM,  bien qu’il soit impossible de vérifier chaque test pour évaluer l’activité du virus, la probabilité de résultats faussement positifs pourrait être réduite si le seuil du test est réévalué par les scientifiques. Cela pourrait éviter que des personnes ne soient testées positives en raison d’une ancienne infection.

Le Dr Mina rejoint son avis. “Des tests avec des seuils aussi élevés peuvent détecter non seulement des virus vivants, mais aussi des fragments génétiques, des restes d’infection qui ne présentent aucun risque particulier – un peu comme trouver un cheveu dans une pièce longtemps après le départ d’une personne”, déclare le scientifique pour illustrer ses propos.