Les réseaux sociaux ont donné naissance à une génération de narcissiques

Publié le 29 janvier 2020
MAJ le 26 novembre 2024

Partager des moments spéciaux, communiquer avec des amis à distance, donner son opinion, autant de fonctions dont on peut profiter en utilisant les réseaux sociaux. Pourtant, ces médias utilisés sans parcimonie peuvent traduire une véritable addiction, consolidée par un mal-être et une estime de soi bancale. Cela peut également exacerber le narcissisme, un comportement matérialisé par l’aliénation de son image. Découvrez comment ces supports peuvent amplifier ce trait de caractère chez les jeunes en quête identitaire.

Les adolescents et les jeunes adultes peuvent ressentir un besoin conséquent d’appartenance à un groupe. Pour s’intégrer et échanger en société, il est alors important de s’imprégner des codes. L’usage des réseaux sociaux en fait partie. Adoptés par toutes les générations, ces médias peuvent parfois être des vecteurs conduisant à des comportements qui exacerbent l’ego. Facebook, Twitter, Instagram, autant de supports qui peuvent s’avérer néfastes pour l’affirmation de soi.

Un mécanisme neurologique

Si un bon nombre d’utilisateurs fait de l’usage des réseaux sociaux un moment privilégié et répétitif, c’est essentiellement que leur consultation stimule le plaisir. Et ce phénomène est scientifique, puisqu’un échange ou une validation telle qu’un « like » enclenche un mécanisme responsable de l’addiction. Lors de l’utilisation de ces médias, de la dopamine est sécrétée, provoquant une sensation d’euphorie souvent attribuée à la consommation de drogues. Notre système de récompense et ainsi gratifié, entraînant la consultation répétitive de nos réseaux sociaux. Lorsque nous recevons un j’aime ou un commentaire, nous pouvons être happés par l’adrénaline conduite par la curiosité mais également être témoins de l’action du neurorécepteur qui provoque un état de plénitude.

Une compétition digitale

En ce qui concerne le partage de publications, nous sommes pour la plupart tentés de nous montrer sous notre meilleur jour. Voyages, accomplissements, bonheurs familiaux, autant d’évènements gratifiants que nous avons envie d’échanger avec nos amis mais parfois des inconnus. Si cette volonté peut être pavée de bonnes intentions, cela peut également entraîner un désir de compétition collective qui peut s’avérer délétère pour l’estime de soi. En effet, il peut être décourageant de voir que notre communauté peut avoir une vie plus épanouissante et stimulante.

Une fragilité narcissique

Si la propension des adolescents à partager frénétiquement des contenus est commune, ce comportement chez les jeunes adultes peut traduire une fêlure narcissique. Selon Michael Stora, psychanalyste interrogé par nos confrères de L’Obs, ce rapport aux réseaux sociaux chez les jeunes adultes traduit une volonté de recevoir un retour émotionnel et affectif quant à sa vie. Une attitude qui peut résulter d’un manque d’estime de soi qu’on imagine amenuisé par une validation de nos pairs sur Internet.

Un support thérapeutique

Heureusement, l’usage des réseaux sociaux peut parfois être salutaire. C’est ce qu’explique Michael Stora dans la tribune qu’il a accordé. En effet, ces supports peuvent être le moyen d’exister autrement pour mieux affirmer son identité. Cette barrière de l’écran permet de diminuer l’inhibition et de rendre les échanges plus authentiques. Ainsi, une personne introvertie se sentira plus libre d’exprimer ses émotions, d’autant plus que la libération de ces dernières peut contribuer au bien-être. Cet avatar social permet aux personnes de « s’affranchir » d’une identité parfois formatée par des mimétismes dont il peut être parfois difficile de se défaire.

Un comportement commun

Si ces gestes répétitifs ne sont pas toujours révélateurs d’une addiction, l’usage permanent des réseaux sociaux est une habitude partagée par un grand nombre. Cela peut compromettre les liens sociaux dans la mesure où les rapports peuvent être altérés par la facilité à communiquer. Ainsi, les visites amicales sont de moins en moins fréquentes car ces médias viennent faciliter les échanges. La volonté d’immortaliser des moments tel qu’un beau paysage ou un bon repas peut nous faire passer à côté de l’essentiel : savourer l’instant. Le narcissisme ne sera pas consolidé par un partage éphémère mais plutôt par un affranchissement des sentiers balisés par l’usage d’Internet.

Comment se libérer de cette addiction ?

La propension à publier frénétiquement des contenus peut altérer nos relations sociales mais également la perception de notre image. Seulement, cette addiction n’est pas inéluctable puisqu’elle peut être combattue par de nouvelles habitudes. Désactiver ses notifications, pratiquer des activités stimulantes, acquérir de l’autodiscipline, fréquenter des personnes moins connectées, prendre des pauses, autant de gestes qui permettent de « décrocher » de cette propension qui peut être toxique pour soi et les autres. Cette attitude peut également consolider les tendances à la procrastination qui amenuisent la motivation.