“Les personnes infectées sans symptômes pourraient être à l’origine de la propagation du virus”, selon un virologue
Depuis le début de la crise sanitaire, la maladie originaire de Wuhan s’est propagée à une vitesse qui a surpris tous les gouvernements du monde. Alors que ceux-ci s’affairent à essayer de ralentir son avancée, une question trotte dans l’esprit de la communauté scientifique : quelle a été l’origine de sa propagation ? Pour Etienne Simon-Lorière, responsable de l’unité Génomique évolutive des virus à ARN à l’Institut Pasteur, celle-ci serait associée à des cas asymptomatiques. L’information a été relayée par Europe 1.
Au début de l’épidémie et avant le confinement, il n’était recommandé qu’aux personnes montrant des symptômes de s’isoler ou de contacter les professionnels de santé pour se faire dépister. Mais nous savons aujourd’hui qu’il est également possible d’être infecté au Sars-CoV-2 sans présenter de symptômes, avec un risque de contagion comme le met en exergue l’Inserm en s’appuyant sur une étude française menée depuis fin février pour évaluer cette hypothèse.
Des cas asymptomatiques
Selon le professeur Xavier Duval et son équipe, il existe effectivement des personnes qui excrètent le virus avant, ou même, sans développer de symptômes. Ces résultats ont été mis en évidence via des prélèvements nasopharyngés systématiques et “confirment l’importance du confinement pour lutter contre le développement de l’épidémie”, souligne le chercheur. D’après Le Parisien le ministre de la Santé, Olivier Véran, estimait le 9 mars dernier à 80 % le nombre de cas de malades sans symptômes, 30 à 60 % selon l’Institut Pasteur.
Ne pas montrer de symptômes peut s’expliquer de plusieurs manières, il est possible qu’un individu soit toujours en période d’incubation, c’est la période entre le moment de l’infection et le moment où les premiers symptômes apparaissent, explique le quotidien. Pour le cas du coronavirus, celle-ci peut osciller entre 3 et 14 jours selon les personnes. Il n’y a aujourd’hui plus de doute puisque les individus asymptomatiques peuvent infecter d’autres personnes. Comme le précise le ministère de la Santé: “le sujet peut être contagieux : il peut être porteur du virus avant l’apparition des symptômes ou à l’apparition de signaux faibles”.
Quid de leur rôle dans la propagation du virus ?
En France, une étude publiée par l’Institut Pasteur s’interroge sur le rôle des patients asymptomatiques et l’origine de l’épidémie de coronavirus. « D’après nos premières constatations, au vu des souches séquencées, la propagation du virus en France est associée à des cas asymptomatiques », a révélé il y a quelques jours Etienne Simon-Loriere, virologue et co-auteur de l’étude au micro d’Europe 1. Pour le scientifique, il faudra surveiller les nouveaux patients ainsi que leur entourage, “ceux qui ont simplement une petite toux ou un peu de fièvre, mais aussi ceux qui sont en pleine forme, parce qu’ils pourraient largement contribuer à faire de nouveau circuler le virus », estime le chercheur.
Des experts interrogés par CNN révèlaient vers la mi-mars qu’il était encore difficile d’identifier avec exactitude le pourcentage de transmission du virus par des personnes malades et par des personnes avec peu ou pas de symptômes, mais expliquaient néanmoins qu’il serait “devenu clair que la transmission par des personnes asymptomatiques ou légèrement symptomatiques est responsable d’une transmission plus importante que ce que l’on pensait”.
Pour Michael Osterholm, directeur du Center for Infectious Disease Research and Policy à l’université du Minnesota, “la transmission asymptomatique joue probablement un rôle important dans la propagation de ce virus”. Un avis partagé par le Dr William Schaffner, professeur à la Vanderbilt University School of Medicine qui ajoute que les cas peu ou pas symptomatiques pourraient être responsables de la propagation du Covid-19 dans la communauté.
Interviewé par Le Parisien, un ancien chef de service des maladies infectieuses expliquait début avril : “La contagiosité dépend notamment de la quantité de virus présent dans le corps et du type de contact que l’on a avec les autres”.
Dans ce contexte, les mesures de distanciation et les gestes barrières sont encore plus d’actualité.
Comment se protéger ?
Face à nouvelles informations, les gestes barrières et les recommandations de distanciation sociales ont encore plus de sens. À quelques jours du déconfinement prévu par le gouvernement français, il est utile de rappeler ces quelques recommandations de l’OMS:
– Se laver les mains avec de l’eau et du savon ou du gel hydroalcoolique aussi souvent que possible est essentiel.
– Éviter tout contact direct avec autrui et garder au moins un mètre de distance avec les autres.
– Éviter de se toucher les yeux, le nez ou la bouche.
– En cas de toux ou d’éternuement, utiliser un mouchoir à usage unique. À défaut, se couvrir le nez ou la bouche avec le pli intérieur du coude.
– Comme le recommande dans un communiqué officiel l’Académie Nationale de Médecine, le port d’un masque à l’extérieur doit être normalisé.