Le sud de la France est envahi par une tique potentiellement dangereuse pour l’homme

Publié le 26 juin 2020
MAJ le 26 novembre 2024

L’alerte a été lancée par le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad) de Montpellier et concerne l’Hyalomma marginatum, communément appelée la tique à pattes rayées. Selon le Cirad qui enquête sur cette espèce depuis plus de trois ans, cette dernière, potentiellement dangereuse pour l’Homme, étendrait son territoire dans le Sud de la France. L’information a été relayée par nos confrères du journal Le Monde

Cette espèce se distingue par ses pattes rayées de jaune et de rouge. Lorsqu’elle est gorgée de sang, sa taille peut impressionner puisqu’elle peut atteindre deux centimètres. Elle serait par ailleurs, deux fois plus imposante que l’Ixodes ricinus, la tique la plus courante en France.

En outre, elle serait connue pour être porteuse du virus de la fièvre hémorragique de Crimée-Congo, une maladie potentiellement dangereuse car elle peut, dans certains cas, s’avérer mortelle pour l’homme. A l’heure actuelle, aucun cas n’a été recensé dans l’Hexagone.

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Ce n’est pas une tique géante

Dans sa taille adulte, l’Hyalomma marginatum peut mesurer jusqu’à 8 mm de long. Frédéric Stachurski et Laurence Vial, chercheurs en parasitologie au Cirad et vétérinaires expliquent au Figaro que “plusieurs tiques présentes dans nos régions méditerranéennes peuvent toutefois atteindre la même taille”.

Les deux vétérinaires précisent par ailleurs qu’il est exagéré de qualifier l’espèce de “tique géante” et qu’il serait plus approprié de “parler de tique à pattes rayées car cela permet de la reconnaître facilement”. Frédéric Stachurski s’agace également de certaines exagérations faites dans la presse quant à sa dangerosité.

Pour lui, “la tique ne tue jamais directement” mais son danger est néanmoins plus insidieux. En Turquie, en bulgarie ou en Grèce, cette espèce est réputée pour transmettre le virus de la fièvre hémorragique de Crimée-Congo. Le Figaro rapporte qu’en Turquie notamment, plusieurs dizaines de personnes en décèdent chaque année. Cette tique n’est toutefois pas impliquée dans la maladie de Lyme.

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Risques pour les humains

Réputée pour son activité entre la fin mars et les mois de juillet-août, c’est la tique à pattes rayées adulte qui est susceptible de piquer les humains, notamment lorsqu’ils sont immobiles. Elle est définie comme une tique chasseuse qui n’attend pas qu’un randonneur frôle l’herbe pour grimper sur lui.

Au contraire, l’Hyalomma marginatum est généralement à l’affût et détecte ses victimes à travers leur odeur où les vibrations de leurs pas sur le sol. Frédéric Stachurski, spécialiste de cet acarien indique d’ailleurs que la tique à pattes rayées peut “parcourir de cinq à dix mètres” pour monter sur la chaussure ou le sabot de sa cible.

Lorsqu’elle pique son hôte, ce dernier ne ressent rien. Laurence Vial explique que lors de ce processus, “la tique sécrète une multitude de produits : anti-inflammatoires, analgésiques, anticoagulants… “. Des informations utiles pour l’équipe du Cirad qui développe depuis trois ans un élevage de l’espèce en question afin d’analyser sa salive, “dans l’espoir d’enrichir la pharmacopée”, indique la vétérinaire.

L’Homme n’est toutefois pas son hôte de prédilection. L’Hyalomma marginatum cible généralement le bétail, les chevaux, les chevreuils et les sangliers. Une fois que les adultes sont gorgés de sang, ces derniers se détachent et se laissent tomber au sol pour la ponte. Les larves se fixent alors sur des mammifères de petite taille entre juillet et fin septembre avant de se transformer en nymphes qui renaîtront sur ces mêmes hôtes. A savoir qu’elles s’en détachent généralement après environ trois semaines.

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Les conditions de son arrivée en France

Selon le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement, l’espèce progresserait dans les collines sèches et les garrigues. Des régions méditerranéennes qui lui sont favorables. Aujourd’hui, la tique à pattes rayées se trouve dans l’Hérault, l’Aude, le Var, les Pyrénées-Orientales, le Gard et les Bouches-du-Rhône.

Il y a un an, elle aurait également été repérée dans le sud de l’Ardèche. Frédéric Stachurski explique qu’il s’agit d’une tique “invasive du fait du changement climatique. Mais elle reste inféodée au climat méditerranéen”.  Il précise par ailleurs que “Dans un climat plus humide, on pense qu’elle n’arrive pas à s’installer”.

Les conditions de l’arrivée de l’Hyalomma marginatum en France restent toutefois incertaines. Selon les hypothèses du Cirad, cela pourrait être dû à un échange de chevaux entre éleveurs camarguais et espagnols. Une autre théorie se penche sur leur arrivée par le biais d’oiseaux migrateurs, de lapins ou encore de sangliers.