Le repassage des seins : La torture que des mères africaines infligent à leurs filles pour éviter qu’elles ne soient harcelées

Publié le 29 juillet 2021
MAJ le 26 novembre 2024

Repasser les seins. C’est la coutume africaine à laquelle tiennent ces mères africaines. Le but de cette mutilation est d’éviter aux jeunes filles le harcèlement en éliminant la rondeur des seins avec des mortiers ou des ceintures.

Relayée par nos confrères de France TV Info, cette mutilation génitale a pour objet de diminuer drastiquement la croissance des seins. En 2006, plus de 24% des femmes camerounaises ont subi cette dernière. Noyaux de cerises, pilon, louche ou spatule sont autant d’objets avec lesquels ces jeunes filles sont mutilées.

Pilon, spatule ou noyaux de cerises

Si cette coutume crée d’importants impacts psychologiques, c’est parce qu’elle est d’abord très douloureuse. Et pour cause, pour pratiquer cette mutilation de la poitrine, des objets chauffés au brasier sont appliqués sur les seins pour les aplatir. Ce rituel initiatique se fait dans le cadre d’une cérémonie et se pratique dans tous les milieux sociaux. Pour autant, une chape de plomb repose sur cette coutume.

Le repassage des seins : une pratique répandue en Afrique

Alors qu’au Cameroun cette tradition concerne la majorité des jeunes filles, c’est chez les chrétiens et les animistes du sud qu’elle est particulièrement privilégiée. Elle est moins courante au nord, dont la population est musulmane où seulement une femme sur dix a subi le repassage des seins. D’autres pays africains adoptent cette mutilation génitale tel que le Tchad, le Togo, la Guinée, le Bénin, la Guinée-Bissau et certains territoires du centre et de l’ouest du continent.

Une mutilation pratiquée par les mères

Le Dr Flavien Ndonko et Germaine Ngo’o, deux anthropologues camerounais se sont penchés sur ce sujet qui concerne les filles en moyenne âgées de 12 ans, à l’instar de l’excision. Pour en savoir plus sur cette mutilation génitale extrêmement douloureuse, plus de 5000 femmes ont été interrogées dans dix provinces du Cameroun. Selon les conclusions des experts, une fille sur quatre a subi cette mutilation génitale cérémonieuse. Plus de la moitié d’entre elles résidaient dans la capitale, Douala. Sur les 3,8 millions de filles qui ont subi ce rite de passage, c’étaient leurs mères qui l’avaient pratiqué dans 58% des cas.

« Protéger nos filles du regard des hommes »

Si cette pratique archaïque est toujours adoptée par les mères, grand-mères et tantes africaines, c’est parce qu’elles pensent à l’unanimité que le repassage des seins permet de prévenir le harcèlement envers les fillettes. En somme, il s’agit d’une mutilation pour « protéger » l’honneur de leurs enfants. Selon une des femmes qui a déjà appliqué cette tradition, c’est également une manière d’éviter les grossesses précoces. Aujourd’hui, celle-ci, pour 7% des cas est pratiquée par les jeunes filles qui se brûlent la poitrine pour se protéger d’un viol, une épreuve aux conséquences psychologiques parfois dramatiques.

Repassage des seins Source : Reuters

Des conséquences physiques importantes

En plus d’avoir un impact psychologique désastreux sur les jeunes femmes, cette mutilation entraîne des problèmes de santé sévère. On déplore des kystes et des abcès à la poitrine ou encore une déformation des seins qui entraîne le fait de tomber prématurément. Les conséquences de cette cérémonie peuvent également engager le pronostic vital puisque certaines de celles qui ont subi cette pratique courante au Cameroun peuvent souffrir d’un cancer du sein, qui se manifeste par 8 symptômes, à un âge précoce.

Il existe d’autres mutilations génitales

En plus du repassage des seins, il existe d’autres rituels ancestraux qui perdurent encore et mutilent les jeunes filles. Ces interventions qui altèrent ou lèsent intentionnellement les organes génitaux pour des raisons non médicales. Parmi elles, l’excision, la clitoridectomie, l’infibulation. Ces pratiques souvent dans le cadre de cérémonies de rite de passages occultent pour la plupart le repassage des seins car il est encore méconnu et peu cité dans les documents d’organisations non gouvernementales. Pour autant, l’opinion publique s’est indignée contre la mort d’une fillette égyptienne de 13 ans en 2017 par excision, une pratique courante en Egypte. Pour l’heure, le rituel matriarcal qui consiste à aplatir les seins reste à ce jour peu médiatisé.

Lutter contre les abus et violences sexuelles

Cette pratique a été particulièrement remarquée en 2006 par l’Agence de coopération allemande et le Réseau national des associations de tantines (Renata) qui se sont alliés pour lutter contre les abus et violences sexuelles subis par les adolescentes. Ils ont une attention toute particulière pour le repassage des seins et sensibilisent face à cette mutilation génitale qui peine à se faire connaître. L’organisation camerounaise est composée de plus de 60 pays nationalement.

Quelles sont les conséquences des mutilations génitales ?

Compilées par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), les impacts à long terme de ces pratiques sans but médical sont sévères. La qualité de la vie sexuelle est fortement altérée en raison d’une diminution du plaisir et de douleurs pendant les relations sexuelles. A la naissance de l’enfant, les mutilations génitales comme l’ablation du clitoris, peuvent entraîner des hémorragies post-partum, des déchirures du périnée et un risque plus élevé de subir une épisiotomie. Les fistules obstétricales font également partie des affections dont peuvent être touchées les femmes mutilées. Sur le plan psychologique, le traumatisme issu de cette pratique peut entraîner une peur de la sexualité, des pertes de mémoire et une dépression.