Le Revue « The lancet » fait finalement marche arrière et met en garde contre l’étude qui a discrédité l’hydroxychloroquine

Publié le 4 juin 2020
MAJ le 26 novembre 2024

Alors qu’une étude publiée sur la prestigieuse revue The Lancet venait apporter quelques éléments de réponses quant à la dangerosité de l’hydroxychloroquine pour traiter les patients atteints du nouveau coronavirus, cette même plateforme de publication vient de mettre en garde contre l’article publié dans ses colonnes. Dans un communiqué, la revue médicale britannique révèle que de nombreuses questions scientifiques ont été soulevées quant aux données publiées par les auteurs de l’étude. L’information a été relayée par nos confrères du Monde.

A l’heure où la France a interdit l’utilisation de l’hydroxychloroquine dans les hôpitaux pour traiter la Covid-19 et où l’OMS a temporairement suspendu ses essais cliniques sur cette molécule, de nombreux scientifiques appellent à plus de transparence concernant les données recueillies. En effet, l’étude publiée ce 22 mai a révélé s’être appuyée sur 96 000 dossiers médicaux provenant de “671 hôpitaux sur six continents”.

D’après les scientifiques, les patients hospitalisés atteints du nouveau coronavirus présentent plus d’arythmies cardiaques et un un taux de mortalité plus élevé lorsqu’ils sont traités avec de l’hydroxychloroquine ou de la chloroquine, que ces dernières soient combinées ou non à des antibiotiques. Les dossiers électroniques des malades ont été collectés par Surgisphere, une société basée aux Etats-Unis. Seul hic: plusieurs épidémiologistes doutent de sa capacité à être en relation avec autant d’hôpitaux à l’échelle mondiale au vu de sa petite structure. Ils remettent également en cause la capacité de la société à avoir obtenu les autorisations requises pour faire usage de ces données, notamment l’absence de consentement des patients.

La mise en garde de “The Lancet”

C’est ce mardi 2 juin que la revue médicale britannique a émis une “expression of concern”, à savoir une mise en garde concernant l’étude publiée dans ses colonnes. Cette démarche qui précède généralement le retrait de l’article en question est relativement rare, indique Le Monde et s’avère être un enjeu déterminant pour The Lancet.

Celle-ci a indiqué dans un communiqué que “D’importantes questions scientifiques ont été soulevées concernant les données rapportées dans l’article de Mandeep Mehra et ses coauteurs”. Elle ajoute en outre qu’un audit indépendant commandé par des auteurs non affiliés à Surgisphere est en cours pour évaluer l’origine et la validité des données. Toutefois et dans l’attente de résultats qui seraient attendus très prochainement, la revue britannique écrit : “ “nous publions une expression d’inquiétude pour alerter les lecteurs sur le fait que de sérieuses questions scientifiques ont été portées à notre attention” puis d’ajouter qu’une mise à jour sera effectuée dès l’obtention de “plus amples informations”. En effet, la mise en garde du Lancet donne suite à de multiples critiques émises à l’encontre de l’étude menée par Mandeep Mehra de la Harvard Medical School ainsi que de trois de ses confrères.

Une mise en garde similaire a également été émise le 2 juin par The New England Journal of Medicine concernant un autre article. Ce dernier aurait été publié le 1er mai par quelques uns des mêmes scientifiques ayant contribué à l’étude sur The Lancet.

Des incohérences pointées du doigt

Au coeur du débat sur l’efficacité de la chloroquine et de l’hydroxychloroquine, le professeur Didier Raoult fait partie des nombreux épidémiologistes à avoir dénoncé certaines incohérences dans les données, qualifiant même l’étude de “foireuse”. A cet effet, les chercheurs avaient reconnu une erreur de codage portant sur des décès liés au nouveau coronavirus attribués à tort à l’Australie, ainsi que la publication inexacte d’un tableau de données.

120 chercheurs ont par ailleurs rassemblés leurs critiques pour signer une lettre ouverte, réclamant plus de transparence et l’accès aux données mentionnées dans l’étude. Ces derniers souhaitent les analyser une seconde fois, en plus de vérifier leur véracité.