Le juge affirme que les médecins peuvent refuser les patients transgenres et les femmes qui veulent subir un avortement
Entre la conscience professionnelle et la conviction personnelle, certains médecins se voient contraints d’offrir des soins à des personnes différentes sans discrimination. C’est aux Etats-Unis et exactement au Texas, qu’un juge a statué que les médecins peuvent refuser de soigner des personnes qui peuvent être transgenres ou des femmes voulant subir un avortement, si leur croyance religieuse le leur interdit.
Reed O’Connor est un juge fédéral du Texas qui a bloqué les réglementations nationales, visant à protéger les personnes transgenres et les femmes voulant subir un avortement contre la discrimination dans les soins de santé. Une initiative que les opposants aux mesures célèbrent comme protégeant les convictions religieuses des médecins.
O’Connor, un juge pas comme les autres !
Le juge Reed O’Connor a déclaré que la loi fédérale, qui stipulait que les médecins doivent fournir les soins nécessaires sans discrimination notamment aux personnes transgenres, violait vraisemblablement la loi sur la restauration de la liberté religieuse et était imparfaite car les lois interdisant la discrimination fondée sur le sexe avaient été abusivement étendues par le gouvernement fédéral pour inclure la discrimination fondée sur l’identité de genre.
C’est la deuxième décision du juge O’Connor qui s’oppose aux efforts de l’ex président Barack Obama visant à renforcer la protection des personnes transgenres à un moment où les débats étaient animés dans tout le pays. En octobre 2017, le juge a émis une injonction similaire, bloquant une initiative fédérale obligeant les écoles publiques à laisser les élèves transgenres utiliser des toilettes conformes à leur identité de genre.
Ezra Young, directeur d’Impact Litigation chez Transgender Legal Defence and Education Fund, a contesté les deux décisions, estimant qu’elles étaient une interprétation erronée de la loi fédérale. Il a qualifié le verdict du juge O’Connor de moralement répugnant, et a prédit qu’il serait renversé en appel.
O’Connor a justifié sa décision en affirmant que le refus de certains médecins de traiter des patients transgenres ou des femmes qui veulent subir un avortement ne limite pas leur accès aux soins de santé. Par contre, cette loi fédérale est un fardeau pour les médecins car elle ne leur permet pas d’exercer leur métier avec conviction et dans des conditions favorables.
Les américains divisés sur l’identité du genre
Transgenre est un terme générique pour désigner les personnes dont l’identité de genre, l’expression de genre ou le comportement ne correspond pas à celui généralement associé au sexe qu’elles ont à la naissance.
Certains disent que les racines des problèmes d’identité de genre sont culturelles : la façon dont une culture considère un garçon ou une fille et ce qu’elles devraient ou ne devraient pas faire contribuent aux problèmes liés au genre. D’autres pensent que le fait d’être transgenre est un choix ou un problème psychologique. Certains experts ont émis l’hypothèse que l’exposition aux hormones notamment les androgènes pendant la grossesse peut conduire à l’identité transgenre du bébé.
Pour beaucoup de jeunes transgenres, composer avec leur identité de genre est un périple long et épuisant. Mais dès qu’ils reconnaissent et acceptent leur identité de genre, de nombreux autres obstacles les attendent. Des batailles qu’ils n’ont pas choisies mais qu’ils sont forcés de mener. La haine, le harcèlement, la discrimination systémique et la violence, pour n’en nommer que quelques-uns.
L’année dernière, plus de 20 personnes transgenres ont été tuées aux États-Unis seulement. De plus, selon une étude menée en 2018, les États-Unis sont l’un des rares pays occidentaux encore plus susceptibles de croire que les personnes transsexuelles ont une maladie mentale. En outre, un Américain sur trois pense que les transgenres commettent un péché, a révélé le même sondage.
Il est important de noter que le terme "trouble de l’identité de genre" figurait autrefois dans le Manuel de diagnostic et de statistique des troubles mentaux de l’American Psychiatric Association, un recueil de classifications des troubles mentaux largement utilisé par les professionnels de la santé mentale américains. Mais la dernière édition de ce manuel, élimine le terme trouble de l’identité de genre, et fait uniquement référence à la dysphorie de genre, qui ne cible que ceux qui se sentent angoissés par des problèmes d’identité de genre.
Le fait de disposer de cette information comme diagnostic est très crucial car elle permet à une personne transgenre d’avoir accès à des soins de santé connexes si nécessaire. Mais ce n’est pas suffisant car d’autres considérations entrent en jeux, tout comme cette injonction du juge O’Connor !