La castration chimique pour les violeurs, bientôt obligatoire ?

Publié le 23 juillet 2018
MAJ le 26 novembre 2024

La castration chimique, appelée également traitement inhibiteur de la libido, est une technique qui permet de diminuer l’appétit sexuel par un traitement hormonal, sous forme de comprimé ou d’injections. Cette technique peut être utilisée dans le cadre d’un suivi psychiatrique et effectuée sur des patients à leur demande. Dans certains pays, cette technique est utilisée afin de réduire la récidive des violeurs et des délinquants sexuels. Qu’en est-il de la France ?

Cette technique est utilisée aux Etats Unis, notamment en Californie, comme sanction pour punir les délinquants sexuels. Cet Etat est soumis à une loi instaurée en 1996 et suppose que lorsque le juge rend un verdict de culpabilité pour un récidiviste sexuel, la castration chimique devient une obligation et le coupable devra y être soumis.

Par ailleurs, cette technique est également pratiquée dans certains pays d’Europe afin de lutter contre les crimes sexuels, tels que le viol, notamment en Allemagne, Danemark, Belgique ainsi que la Pologne. Toutefois, dans ces pays, le coupable a le choix d’accepter, soit la castration chimique, soit une peine d’emprisonnement plus longue.

Castration chimique en France entre débat et polémique

En France, le débat est toujours d’actualité quant à l’utilisation de cette technique dans la sanction des délinquants sexuels. Ce sujet est devenu plus épineux après le viol  et l’assassinat de la jeune Angélique, âgée de 13 ans, le 25 avril 2018. D’ailleurs Laurent Wauquiez, président des Républicains, a relancé le débat, en déclarant dans une interview au journal 20 minutes, qu’il fallait rendre la castration chimique obligatoire pour les violeurs, il a ainsi annoncé vouloir « déposer une proposition de loi » pour l’imposer. Il a énoncé que  62.000 femmes sont violées en France chaque année, et un violeur sur vingt enregistre une récidive, en ajoutant qu’il serait urgent de prendre les mesures nécessaires.

Qu’en est-il de la législation française au sujet de la castration chimique ?

En France, elle peut être prescrite par un Psychiatre à un patient qui a peur de ses pulsions sexuelles, comme complément d’une thérapie, à condition que ce dernier soit consentant. Cependant, il serait important de souligner que l’expression « castration chimique » demeure choquante. Il ne s’agit pas d’une ablation du pénis ou d’une stérilisation mais bien d’un traitement permettant de réduire la libido et est réversible en cas d’interruption du traitement ; le sujet peut récupérer ses fonctions érectiles. Selon la psychiatre Gabrielle Arena, spécialiste des auteurs de violences sexuelles, cette forme de médication reste lourde et exige un bilan hépatique complet, du fait des séquelles qu’elle peut engendrer sur l’ensemble du corps, allant de la spermatogenèse jusqu’à la masse musculaire et les os.

La castration chimique pourrait-elle être obligatoire ?

Cette proposition de loi a déjà été déposée en France afin d’imposer la sanction par la castration chimique, notamment en cas de récidive. Un amendement a même été adopté par l’Assemblée nationale en novembre 2009 afin de donner la permission aux juges d’ordonner cette forme de punition, cependant, il a été annulé par le Sénat, qui a énoncé à ce que cette décision soit prise par les médecins traitants, selon le cas du délinquant. Sans oublier que cette décision va à l’encontre du Code de déontologie des médecins. 

A cet effet, la Docteure Gabrielle Arena, estime que l’obligation de cette sanction par la justice serait une erreur et un sacrilège, dans le sens où il serait indéniable que les juges prescrivent des ordonnances relatives à ce genre de sanction. Par ailleurs, la Docteure souligne que ce traitement peut être très lourd pour les personnes âgées ou les mineurs et peut même demeurer dangereux. 

Aussi, bien que le projet de loi proposé par le parti républicain en France, reste d’actualité et fait parler de lui, il n’en demeure pas moins qu’il est est encore loin d’aboutir.