Jusqu’à quel âge peut-on encore prendre le bain avec son enfant ?

Publié le 13 août 2021
MAJ le 26 novembre 2024

Le soir, nous aimons avoir des moments privilégiés et complices avec notre bébé ou notre enfant. Seulement, il s’agit d’un rituel dont la perception change au moment où il grandit. Voici l’expertise qui éclaire sur le bain et la psychologie des tout-petits.

Contact peau-à-peau, fous rires, jeux, sont autant d’instants qu’une maman ou un papa chérit pour construire de beaux souvenirs avec son enfant. Quand il s’agit du bain, c’est un partage qu’il faut considérer scrupuleusement en raison de l’idée que les plus jeunes s’en font d’un point de vue psychologique.

« L’enfant commence à poser des questions sur le sexe »

Pour chaque parent, prendre un bain avec son enfant est un moment d’échange et de complicité où l’on se retrouve après une longue journée. Seulement, si certains ont une relation fusionnelle, ce rituel peut changer dans la psyché de l’enfant selon son âge. C’est ce qu’explique Florence Millot, spécialisée dans l’accompagnement thérapeutique des enfants, qui parle de cet instant comme un rituel qui crée un lien parent-enfant fort qui apaise. Alors que les bébés n’ont pas conscience d’un rapport à la nudité, ce dernier survient après quelques années. Pour l’experte, ces croyances ne surviennent pas à un âge particulier mais plutôt lors d’une période où il s’interroge sur le sexe en raison de sa curiosité innée. Elle ajoute qu’entre trois et cinq ans, le complexe d’Œdipe, où l’enfant sexualise plus le corps, le bain devient plus problématique. Comme dans la situation du bain, le parent doit apprendre à s’affirmer face à son enfant. C’est un apprentissage essentiel qui profitera à une relation plus épanouie, qui impacte la vie d’adulte et l’estime de soi.

Prendre le bain avec ses enfants

Prendre le bain avec ses enfants – Source : Washington Post

« L’importance que la découverte des sexes se fasse à l’extérieur de la famille » 

Florence Millot analyse, qu’en ce qui concerne la sexualité au sens primaire, c’est en maternelle, la période de la socialisation, que l’enfant nourrit de la curiosité pour cette question. « En maternelle, ils baissent les culottes, vont aller dans les toilettes pour s’observer, jouer au docteur, etc » souligne-t-elle en ajoutant que dans ces moments, l’enfant peut ressentir une forme d’excitation sexuelle qui peut l’amener à être pudique et à éviter ce contact visuel corporel. Dans ce sens, elle considère que cette découverte doit se faire en dehors du cocon familial, avec les copains, plutôt qu’avec les parents. C’est particulièrement le cas pour les sexes opposés, explique l’experte de la psychologie de l’enfant.

« C’est là qu’il faut poser une distance »

Pour la psychologue de l’enfant, prendre un bain avec son fils ou sa fille correspond plus à un besoin du parent. Pour autant, il est important de considérer la perception de la sexualité des plus petits qui sont en plein éveil, notamment lorsqu’il s’agit du sens du toucher. Ce dernier, entre trois et cinq ans, peut être une source de gêne pour l’enfant. « Le petit veut alors regarder le corps de la maman, le palper et c’est là qu’il faut poser une distance, une limite » conseille l’experte. Ce rituel n’est pas identique avec une mère et sa fille où la question de la libido est absente.

« Cela reprend les codes du ventre maternel »

Pour la spécialiste, le besoin de prendre un bain avec l’enfant est particulièrement lié à la mère qui peut avoir développé ce besoin d’un contact avec l’allaitement de sa fille. Cette fusion peut être une volonté inconsciente de ce parent de ne pas laisser grandir l’enfant en raison de cette proximité avec l’eau et la peau. Ces instants privilégiés évoquent le souvenir de la grossesse, analyse la spécialiste de la psyché. Pour avoir une relation plus saine avec son enfant, il sera requis pour le parent d’entrer en introspection pour comprendre à quoi renvoie cette envie de fusion. Et pour cause, passé un certain âge, ce rituel devra être remplacé par un instant moins intime comme le câlin ou les baisers.

« Son corps, son territoire »

Alors que parfois, prendre le bain à deux est un besoin de parent, il peut arriver que ce soit l’enfant qui sollicite ce moment privilégié et ne puisse plus s’en passer par habitude. Cela reste tout de même rare, mais cela est particulièrement le cas au sein de familles monoparentales où la relation fusionnelle est plus fréquente. Florence Millot souligne alors qu’il est préférable de faire comprendre à l’enfant que son corps lui appartient mais que s’il a besoin de tendresse ou d’un câlin, cela est possible après le bain. Si ce rituel fait partie intégrante de l’éducation, il existe d’autres secrets à appliquer pour une meilleure parentalité.