Fin de l’épidémie de coronavirus dans un mois : l’hypothèse du professeur Raoult est critiquée

Publié le 26 avril 2020
MAJ le 26 novembre 2024

Adulé par certains, contesté par d’autres, les propos du Pr Didier Raoult ont encore une fois fait polémique. Celui qui estime se faire « taper dessus » dès qu’il parle dans une vidéo suggère que l’épidémie de coronavirus pourrait disparaitre dans quelques semaines. Dans un entretien avec BFM TV l’éminent scientifique marseillais émet l’hypothèse que le coronavirus pourrait bien être une maladie saisonnière et qu’il disparaitrait donc à l’arrivée du printemps. Une théorie qui ne fait pas consensus dans le monde scientifique.

« Il est possible que d’ici un mois, il n’y ait plus de cas du tout dans les pays tempérés », annonçait il y a quelques jours le Pr Didier Raoult dans une nouvelle vidéo publiée sur son compte Twitter et sur sa chaine YouTube. Puis d’ajouter : « Au pic, on a eu jusqu’à 368 cas nouveaux par jour et là actuellement on est plutôt dans la zone de 60 à 80 cas par jour ». Il continue en expliquant qu’il y a donc une « diminution très significative du nombre de cas détectés et encore plus significative chez les gens qui viennent se faire détecter alors qu’ils sont asymptomatiques ».  Pour lui, l’épidémie de coronavirus pourrait donc disparaitre au printemps.

« Beaucoup de maladies infectieuses sont saisonnières »

Pour argumenter sa thèse, le directeur de l’IHU Méditerranée explique que « beaucoup de maladies infectieuses sont saisonnières ». Il en veut pour preuve que les infections virales respiratoires, dans les régions où le climat est tempéré, sont beaucoup plus fréquentes en hiver. Et au professeur Raoult de continuer : « Ça s’arrête en général au printemps ».

Une affirmation qui laisse sceptique

Le problème, c’est que plusieurs de ses confrères n’ont pas l’air d’être d’accord avec cette affirmation. En réaction, de nombreux médecins ont réfuté cette thèse en expliquant qu’il était difficile de connaitre avec exactitude la date de fin de cette crise sanitaire. « Il est tout à fait prématuré de faire des pronostics sur la fin de l’épidémie. Nous n’en savons rien malheureusement. Nous enregistrons, c’est vrai, depuis quelques jours une diminution de la progression de l’épidémie, pas du tout une régression. » explique Philippe de Mester, directeur de l’Agence de Santé (ARS) de Provence Alpes Côtes-d’Azur à la Dépêche. Avant d’ajouter que l’épidémie risque de se poursuivre et que cela « va prendre encore des semaines ».

Si le Pr Sébastien Gallien, infectiologue de l’hôpital Henri-Mondor de Créteil explique que le Pr Raoult est un grand scientifique et qu’on ne peut pas « balayer son avis », il nuance tout de même en précisant qu’on est loin d’être au stade d’une immunité collective et qu’il est donc « un peu trop tôt pour parler de la fin de la pandémie ».

Gilles Pialoux, chef de service des maladies infectieuses de l’hôpital Tenon à Paris s’est quant à lui montré plus catégorique. Au micro de Jean Jacques Bourdin, le médecin indique qu’on est « très loin de la grippounette ». Pour lui, nous sommes loin d’être venus à bout du virus qui pour l’heure a fait plus de 180 000 morts à travers le monde. « On n’a pas fini avec la chaleur, pas fini avec le saisonnier, on n’en a pas fini avec la circulation du virus », martèle l’infectiologue parisien. Et de continuer que « contrairement à ce que disent certains, on va vivre avec le coronavirus jusqu’à la fin de l’année ».

A l’antenne d’Europe 1, le docteur Patrick Berche, chef de la virologie à l’hôpital Necker s’est également dit « sceptique ». Il en appelle à la prudence et insiste sur le fait qu’il est important de « rester vigilant ». Il prend pour exemple la grippe espagnole qui est apparue en mars 1918, et qui « a progressé tout l’été, sans saisonnalité ».