Des femmes ougandaises font payer leurs maris fainéants 5 euros pour avoir des rapports sexuels

Publié le 2 novembre 2018
MAJ le 26 novembre 2024

Annet Nanozi, institutrice, en voulait souvent à son mari car il refusait d'aider à élever leurs quatre enfants. Elle s'est rendu compte qu'il dépensait plutôt son salaire dans l'alcool et les femmes, c’est ainsi que la femme de 34 ans a décidé de donner une leçon à son mari. Maintenant, quand il rentre à la maison et qu'il veut faire l'amour, il doit d'abord la payer. Les ougandaises prennent exemple et adoptent la même stratégie qu’Annet !

En Ouganda, les femmes luttent au quotidien contre une société patriarcale où les responsabilités et les normes morales sont toutes deux biaisées à leur encontre. Pour faire face à l’irresponsabilité des maris vis à vis du foyer familial, la pratique de la taxe du sexe prend plus d’ampleur dans tout le pays.

Payer pour avoir des rapports sexuels : Une pratique qui fait débat !

Il y a trois ans, 150 femmes ont signalé, pour la première fois avoir demandé de l’argent à leurs maris pour des relations sexuelles, à la Mothers Union, une organisation anglicane présente en Ouganda depuis plus d’un siècle, affirme Ruth Nalugwa, secrétaire de l’organisme. Ce nombre est passé à 5 000 en 2016, et maintenant plus de 30 000 femmes ont déclaré avoir eu recours à cette stratégie, dit-elle. Le nombre réel d’épouses qui font payer leurs maris pour des rapports sexuels est peut-être plus élevé, affirme Stella Muyana, présidente de Bakazibano, une organisation ougandaise de défense des droits des femmes.

La diffusion de cette pratique divise la société ougandaise. Certains maris ont accepté de payer alors que d’autres ont refusé de se soumettre à cette pratique.

La plupart des organisations de défense des droits de la femme appuient la stratégie, soutenant que toute approche qui incite les maris irresponsables à contribuer au bien-être de leur famille est justifiée. « Si les hommes sont irresponsables et que c’est la seule façon pour leurs épouses d’obtenir de l’argent pour gérer le foyer, qu’elles continuent à taxer le sexe « , déclare Tina Musuya, une militante des droits des femmes et directrice générale du Centre pour la prévention de la violence domestique.

Pour Beatrice Atim, vendeuse au marché de Masaka, à 120 kilomètres à l’ouest de Kampala, c’est en partie un moyen d’amener son mari à cesser de la prendre pour acquise. Son mari, dit-elle, partait au travail tôt le matin, souvent sans lui donner d’argent pour les charges de la maison. Après avoir entendu dire que d’autres femmes faisaient payer leurs maris pour des rapports sexuels, elle a décidé d’essayer. Elle exige qu’il paie 10 000 shillings (3 $ soit 2,50 euros) s’il veut qu’elle ait des rapports sexuels avec lui, et cela a bien marché !

Mais dans d’autres cas, la réaction des maris a été plus complexe. Thomas Owori, chauffeur de taxi dans la ville de Tororo, dans l’est du pays, explique qu’au début il refusait de payer pour un rapport sexuel, il a même battu sa femme. Mais quand il a compris les raisons de sa demande, il a cédé et paie maintenant sa femme 20 000 shillings (6 $ l’équivalent de 5 euros) à chaque fois qu’ils ont des rapports sexuels.

Le but des organisations de défense des droits des femmes est de soutenir les femmes ayant décidé d’opter pour cette pratique afin qu’elles puissent expliquer à leurs maris l’intérêt de leur décision dans de meilleures conditions. L’idée après tout est de subvenir aux besoins quotidiens des foyers et non de mettre les hommes au défi, explique Rebecca Nakwayi, présidente d’une section de l’organisation Kampala.

Mais le révérend père Simon Lokodo, est contre cette pratique croissante. Il explique qu’avoir un rapport sexuel fait partie des droits les plus fondamentaux de l’homme dans une relation de mariage. Il ajoute que refuser ou faire payer un rapport sexuel est absurde !

L’Ouganda est un pays qui, depuis une trentaine d’années, se bat pour  l’émancipation des femmes, la sensibilisation sur leurs droits ainsi que l’égalité des sexes. Cette pratique est entre autres une manière pour la femme ougandaise de se manifester contre différentes formes d’abus.

Qu’en pensez-vous ? Est-ce que ces femmes ougandaises ont raison de faire payer leurs maris fainéants pour des rapports sexuels ?