Depuis qu’elle en couple, cette jeune femme est privée d’aide sociale

Publié le 20 juillet 2019
MAJ le 26 novembre 2024

Les aides sociales sont des prestations servies à des personnes dans le besoin, dans une logique générale de solidarité et de protection des populations les plus fragiles. Sauf que cette définition se heurte dans certains cas à des procédures et règlements qui, à force de vouloir bien faire, laissent certaines personnes en marge de la société obligées de prendre des décisions difficiles que personnes ne devrait avoir à subir. Zoom sur ce phénomène de société à travers l’histoire de Mélanie Dumais, relayée par TVA Nouvelles.

La situation est encore plus délicate pour les personnes en situation de handicap. Elles sont généralement les plus dépendantes des aides sociales sans toutefois avoir d’alternatives. En effet, une personne en bonne santé peut dépendre de ces prestations pendant un certain moment : le temps de trouver un nouveau travail ou que sa situation personnelle s’améliore. Ce qui n’est malheureusement pas le cas de cette jeune femme originaire du Saguenay–Lac-Saint-Jean au Québec et qui souffre d’un handicap intellectuel.

Ne pouvant vivre seule, Mélanie Dumais a toujours vécu chez ses parents et les aides sociales qu’elle percevait lui permettaient de payer ses médicaments et d’avoir un peu d’indépendance financière. Cependant, un heureux évènement la mettra dans une situation improbable.

Amour ou argent

La jeune femme qui a rencontré l’amour de sa vie, a décidé depuis quelque temps d’emménager chez lui. Sauf que cette romance naissante sera le début du calvaire de la jeune femme. En effet, selon la loi, Mélanie n’a plus le droit de percevoir ses aides sociales parce qu’elle vit en couple ! 

cette jeune femme est privée d’aide sociale

Elle se retrouve ainsi devant un choix impossible : soit elle continue à vivre avec son amoureux et elle perd ses aides, soit elle quitte le ménage. Dans ce dernier cas, elle peut retourner vivre chez ses parents à plus d’une heure de route de son lieu de résidence actuel ou elle peut aller vivre dans un centre pour femmes en difficulté. Ces centres, qui sont généralement occupés par des femmes victimes d’abus ne sont pas les plus adaptés à une personne atteinte d’un handicap intellectuel.

cette jeune femme est privée d’aide sociale

TVA Nouvelles a rapporté cette déclaration de la mère de Mélanie : « Ma fille m’a dit qu’elle ne voulait plus vivre car sa situation est insoutenable ». La jeune femme a déclaré au journaliste : « Je veux avoir ma liberté, ma vie. Ce n’est pas parce qu’on est handicapé qu’on n’a pas le droit à l’amour »

Une loi inadaptée

Dans la logique de la loi d’aide aux personnes, il faut prendre en considération les revenus du ménage comme base de calcul des aides sociales : ainsi, un couple recevra moins d’aides que deux personnes vivant séparément. Ce qui est impossible à gérer dans le cas de personnes avec des besoins spécifiques.

Pourquoi une personne handicapée devrait-elle faire ce genre de choix ? le problème se trouve dans la rédaction de la loi. En effet, la notion de vie maritale est appliquée de manière arbitraire par cette loi qui encourage les personnes à besoins particuliers à vivre de manière recluse : elle dissuade ces personnes de vivre leur amour en couple. 

Une offensive médiatique

Dans leur quête de justice, Mélanie et sa mère, Nathalie Pearson, ont pris contact avec plusieurs députés pour défendre leur cas.Grâce à la médiatisation de leur histoire, nombre d’entre eux se sont engagés à défendre leur cause devant le gouvernement pour changer cette loi. Fort heureusement, Jean Boulet, ministre de la Solidarité sociale, n’a pu qu’être touché par l’histoire de cette jeune femme. Le 14 Juin 2019, celle-ci a reçu la bonne nouvelle lui annonçant qu’elle pourrait s’installer avec son compagnon, tout en continuant à bénéficier de ses aides. 

Mr Boulet a annoncé son intention de revisiter la loi sur l’aide sociale, afin de l’adapter aux personnes souffrant d’un handicap.