Déconfinement : des experts alertent contre la possibilité d’une deuxième vague de contamination

Publié le 10 mai 2020
MAJ le 26 novembre 2024

Depuis l’annonce du déconfinement prévu pour le 11 mai, les questions liées à une reprise de la vie normale sont plus que jamais d’actualité. A l’heure où l’OMS indique qu’il n’existe encore aucun traitement ou médicament spécifique contre le Covid-19, de nombreuses personnes s’interrogent sur la période post-confinement et ce qu’elle implique pour la population. Selon des études de l’Inserm et de Public Health Expertise, le risque d’une deuxième vague est réel. L’information a été relayée par nos confrères de BFM TV

A l’aune de la reprise de l’activité économique, de la réouverture des établissements scolaires et de déplacements moins restreints pour les habitants, des épidémiologistes alertent quant à une hausse des cas de contamination dans les prochains mois. Pour ces derniers, la deuxième vague est inévitable si certaines mesures ne sont pas appliquées, notamment en ce qui concerne la protection des personnes âgées et le retour des élèves sur les bancs de l’école.

Protéger les personnes fragiles

La première, publiée par Public Health Expertise ce mercredi, révèle que l’absence ou le manque de mesures destinées à protéger les personnes vulnérables et fragiles pourrait entraîner la saturation des capacités de réanimation en France dès la fin du mois de juillet. Cette observation a pris en compte une réduction de 75% des risques de contamination dans le cas d’une généralisation du port du masque et du maintien des mesures de distanciation sociale.

Selon les épidémiologistes, cela concerne essentiellement les personnes âgées de plus de 65 ans et celles qui présentent des facteurs de risque. A cet effet, les chercheurs conseillent de “limiter au strict minimum leurs contacts et leurs sorties jusqu’à la fin de l’année ». Une mesure essentielle selon Public Health Expertise pour éviter une reprise inévitable du confinement dans l’Hexagone.

Des conditions à respecter

La seconde étude menée par l’Inserm et l’université de la Sorbonne a établi une modélisation qui révèle une deuxième vague “plus intense que la première” si certaines mesures ne sont pas respectées. En s’appuyant sur une actualisation de l’incidence du confinement sur le système de soins dans la région d’Ile-de-France, les modélisateurs mettent en avant plusieurs conditions qu’ils jugent nécessaires au vu des prévisions établies, notamment le maintien des mesures de distanciation sociale avec une diminution de 75% des contacts pour les personnes à risque, une réouverture de moins de 50% des commerces et des activités et 50% des Français qui restent à domicile.

La seconde condition concerne les dispositifs mis en place par les autorités pour identifier les personnes malades du Covid-19 ou en contact avec ces dernières. Cela implique le traçage, le dépistage et l’isolement de ces deux catégories pour détecter au moins la moitié des nouveaux cas de contamination. Vittoria Colizza, co-auteur de l’étude, explique à nos confrères du Monde que “Si 25% seulement sont identifiés, nous aurions à affronter une seconde vague plus intense que la première, débutant fin juin avec des capacités de réanimation dépassées jusqu’en août ».

Une réouverture des écoles le 8 juin ?

Pour les chercheurs de l’Inserm et de la Sorbonne, les collèges et les lycées ne devraient ouvrir leurs portes que le 8 juin, au risque de transformer leurs prévisions en réalité. Ces derniers préconisent de n’accueillir qu’un quart des élèves dans un premier temps, en veillant à ne pas dépasser 50% des effectifs habituels en dédoublant les classes.

Des mesures de déconfinement jugées insuffisantes

Au vu des modélisations établies par ces deux études, il semblerait que les stratégies gouvernementales soient insuffisantes pour éviter une deuxième vague de l’épidémie. Toujours selon Le Monde, celle-ci pourrait anéantir les efforts fournis par les hôpitaux alors que le système hospitalier est déjà fragilisé par sa lutte contre le Covid-19. Il y a quelques jours, Edouard Philippe mettait en exergue les enjeux difficiles du déconfinement, en soulignant  “Trop de relâchement et d’insouciance, et c’est une deuxième vague qui menace ; trop d’immobilisme et d’angoisse, et c’est l’asphyxie collective. Tel est le chemin de crête sur lequel nous devons avancer : chaque versant est un à-pic vertigineux”.