Covid-19 : Pourquoi les femmes ont plus d’effets secondaires du vaccin ?

Publié le 5 mai 2021
MAJ le 26 novembre 2024

Depuis plus d’un an, les pays du monde entier tentent de poursuivre la lutte contre la Covid-19. Le virus, apparu à Wuhan en Décembre 2019, a rapidement circulé à l’échelle internationale et décimé des millions de vies. Aujourd’hui, de nombreux pays ont développé des vaccins contre le coronavirus pour protéger la population. Toutefois, il semblerait que les femmes soient particulièrement sujettes à plus d’effets secondaires liés aux vaccins.

La Covid-19 est une maladie infectieuse qui peut être dangereuse pour les populations à risque. Outre la fièvre, la fatigue ou encore la toux, les personnes fragiles atteintes de la maladie peuvent présenter une pneumonie, une insuffisance respiratoire, une insuffisance rénale ou encore une inflammation systémique, indique la revue Canadian Medical Association Journal. Mais alors que la plupart des pays ont mis en place des stratégies de vaccination, il semblerait que les femmes aient plus de risque de développer des effets secondaires à cause des vaccins, révèle un article de Global News.

Les femmes, principales victimes de réactions indésirables liées aux vaccins ?

Dans un rapport publié par les Centers for Disease Control and Prevention (CDC) des États-Unis en février 2021, les chercheurs ont enquêté pour tester l’innocuité de deux vaccins mis sur le marché américain : Pfizer BioNTech et Moderna. Le premier vaccin, Pfizer BioNTech, a été autorisé dès le 11 décembre 2020 sur le continent américain. Le deuxième vaccin, Moderna, a été autorisé dès le 18 décembre 2020. D’après la Food and Drug Administration (FDA), deux doses sont nécessaires pour que chaque vaccin soit efficace. Mais en ce qui est des effets secondaires, le rapport montre que les femmes sont les principales victimes des réactions indésirables. Caillots sanguins et réactions allergiques peuvent se produire. “Les femmes semblent avoir une réponse plus forte que les hommes”, a déclaré Stephen Hoption Cann, professeur clinique de médecine à l’Université de la Colombie-Britannique. 

Le 13 avril, une québécoise qui a reçu le vaccin AstraZeneca a présenté un caillot sanguin, rapporte le Journal de Montreal. Parallèlement, les autorités sanitaires américaines ont recommandé de suspendre l’utilisation du vaccin Johnson & Johnson, après que six femmes aient présenté un caillot sanguin. Comme l’indiquent les Centers for Disease Control and Prevention, 72% des effets secondaires liés aux vaccins ont été signalés par des femmes. D’après Linda Dresser, experte en maladies infectieuses et professeure adjointe à l’Université de Toronto, la raison en est qu’elles préviennent leur médecin plus vite que les hommes. En sus, les œstrogènes produisent une réponse immunitaire plus forte, induisant des réactions exacerbées face au vaccin. Selon une étude datant de 2013, les femmes en âge de procréer étaient quatre fois plus susceptibles d’avoir des réactions indésirables suite au vaccin contre la grippe H1N1. À contrario, des niveaux élevés de testostérone, hormone que l’on retrouve surtout chez les hommes, peuvent jouer un rôle immunosuppresseur. D’où le fait que les hommes développent moins d’effets secondaires liés au vaccin. 

Quels sont les effets secondaires signalés chez les femmes ? 

1. Des ganglions au niveau de l’aisselle

D’après un article publié par Yale Medicine, un des effets secondaires observé chez la gent féminine qui s’est faite vaccinée est la présence de ganglions lymphatiques enflés. Ce signe, qui indique que le vaccin fonctionne et que l’organisme développe une réponse immunitaire, peut susciter des inquiétudes chez certaines personnes. En réalité, ce gonflement inhabituel peut s’apparenter à un symptôme du cancer du sein. 

2. Des règles irrégulières et abondantes

Certaines femmes ont rapporté avoir eu des règles plus abondantes et un cycle menstruel irrégulier suite à la vaccination. Bien qu’aucune étude ne soit parvenue à justifier ce lien potentiel avec le vaccin, des chercheurs de la Health Institute de l’Etat de l’Illinois ont mis en place une enquête en ligne pour mieux comprendre ce phénomène.  

3. Des caillots sanguins 

Avec les vaccins AstraZeneca et Johnson & Johnson, plusieurs rapports montrent que certaines personnes subissent une coagulation sanguine extrêmement rare et la présence d’un caillot sanguin appelé thrombose du sinus veineux cérébral. Aussi, de faibles taux de plaquettes sanguines ont été observés. D’après l’Agence européenne des médicaments, des femmes de moins de 60 ans ont subi cet effet secondaire deux semaines après la vaccination. Toutefois, Linda Dresser, spécialiste des maladies infectieuses, explique que les femmes sont généralement plus sujettes aux caillots sanguins que les hommes, notamment durant la grossesse. Ainsi, les hormones pourraient justifier cette prévalence. De ce fait Kelly Grindrod, pharmacienne et professeure de pharmacie à l’école de l’Université de Waterloo, considère qu’on ne peut établir de lien entre le vaccin et la formation de caillots sanguins chez les femmes.

4. Des réactions allergiques

L’anaphylaxie, une réaction allergique sévère, fait partie des effets potentiellement mortels qui pourraient être attribués aux vaccins. Selon une étude publiée en 2019 portant sur les effets secondaires des vaccins, 80% des réactions allergiques liées aux vaccins surviendraient chez la population féminine.

Plus de femmes qui se font vacciner 

Selon l’Agence nationale de sécurité du médicament, 74,4% et 79,9% des personnes vaccinées qui signalaient des effets indésirables étaient de sexe féminin. Selon un article publié par France Info, ce phénomène est surtout dû au fait que les femmes étaient surreprésentées parmi les soignants et les personnes âgées. En effet, les chiffres de l’Insee montrent qu’en France, on compte 5 890 000 femmes âgées de plus de 70 ans contre 4 210 000 hommes. De plus, la première profession de santé en France est celle d’infirmier. Or, les femmes représentent 86,6% de la profession. Ainsi, on en déduit que les femmes se font plus vacciner que les hommes, puisqu’elles entrent dans les catégories à risque face à la Covid-19 en raison de leur âge et de leur profession. Par ailleurs, Sabra Klein, microbiologiste et immunologiste à la Johns Hopkins Bloomberg school of public health dans le Maryland, explique que les femmes produisent plus d’anticorps anti-infectieux pour répondre aux vaccins. Ainsi, fatigue, douleurs, gonflement dans le bras, maux de tête ou légère fièvre peuvent survenir après le vaccin. La spécialiste affirme que ces réactions physiques traduisent une réponse immunitaire très robuste engendrant une bonne protection. Cependant, Sabra Klein met en avant une hypothèse qui pourrait expliquer les effets secondaires. Pour elle, “les fabricants de vaccins utilisent une approche unique, avec une dose unique, car c’est plus facile à administrer”. Or, les doses de vaccin administrées pourraient dépendre de la taille et de la biologie d’une personne. Et pour cause, une étude réalisée entre 2004 et 2005 montre que les femmes répondent de la même manière à une demi-dose de vaccin contre la grippe que les hommes lorsqu’ils reçoivent une dose complète. Ainsi, il se pourrait que les femmes et les hommes n’absorbent pas les traitements de manière similaire. En sus, certains facteurs culturels contribuent à ce phénomène. En effet, les femmes sont plus enclines que les hommes à signaler à leur médecin des douleurs ou des effets indésirables