Covid-19 : Les hôpitaux suédois mettent en garde contre la chloroquine du Professeur Didier Raoult

Publié le 19 avril 2020
MAJ le 26 novembre 2024

Face à l’engouement du professeur Didier Raoult quant à l’efficacité de la chloroquine, de nombreux professionnels de santé ont appelé à son utilisation pour combattre le nouveau coronavirus. La molécule qui divise les scientifiques fait désormais partie de nombreux essais cliniques visant à établir son efficacité. Dans l’attente de résultats, le doute persiste et la prudence est encore de mise, comme en témoignent certaines décisions de la communauté médicale. Alors qu’ils avaient annoncé prescrire de l’hydroxychloroquine aux patients, des hôpitaux en Suède prennent rapidement la décision d’y mettre un terme. L’information a été relayée par nos confrères du journal Le Monde. 

Un hôpital à Göteborg a annoncé dès le 31 mars l’arrêt des prescriptions de la chloroquine et de son dérivé, l’hydroxychloroquine, pour combattre le nouveau coronavirus. Selon Magnus Gisslén, professeur d’infectiologie et médecin à l’hôpital de Sahlgrenska, les preuves sont jugées trop faibles quant à une efficacité potentielle de la molécule contre le Covid-19 et les études réalisées sans groupe témoin démontrent des lacunes dans leur méthodologie.

Des craintes sur ses effets secondaires

Si de nombreux établissements hospitaliers en Suède ont opté pour la chloroquine ou l’hydroxychloroquine pour traiter leurs patients, le doute et la crainte d’effets secondaires néfastes n’ont pas tardé à remettre en question leur décision. Pour le Pr Gisslén, la prudence a toujours été de mise. “Nous nous sommes rendus compte que les preuves d’efficacité étaient faibles, mis à part une étude chinoise, cependant réalisée sans groupe témoin, et l’étude française où l’hydroxychloroquine est combinée à l’azithromycine, étude dont nous estimons qu’elle n’est pas suffisamment bien faite pour démontrer l’efficacité”, souligne le professeur suédois.

Ce dernier met également en avant ses craintes quant aux risques d’effets secondaires sur la santé cardiaque et rénale des patients, précisant que des confrères à l’étranger ainsi qu’en Suède leur avaient “fait part de cas suspicieux, même s’il est difficile de savoir si la chloroquine était à l’origine des effets observés ou si c’était une conséquence de la maladie”. Le spécialiste révèle qu’ils auraient décidé de mettre un terme à la prescription de chloroquine pour les malades du Covid-19 souffrant d’insuffisance rénale, avant d’élargir cette décision à tous les patients, en dépit de l’absence d’effets secondaires constatés chez les patients de l’hôpital  de Sahlgrenska.

Les recommandations de l’agence du médicament en Suède

Aujourd’hui, d’autres hôpitaux ont également choisi la prudence, notamment à Stockholm où l’hôpital de Södersjukhuset a arrêté l’utilisation de la chloroquine. Selon Magnus Gisslén, “plus un seul hôpital n’utilise ces médicaments aujourd’hui”. Une décision qui aurait suscité quelques controverses avant de se plier aux recommandations de la Läkemedelsverket, l’agence du médicament en Suède, qui auraient “convaincu ceux qui doutaient encore”.

En effet, celle-ci aurait précisé dans un communiqué que les données actuellement disponibles sont insuffisantes pour “aboutir à des conclusions solides concernant les effets cliniques et l’innocuité de la chloroquine et de l’hydroxychloroquine dans le traitement de patients atteints du Covid-19”, rapporte Le Monde. En outre et depuis le 2 avril, l’agence a émis de nouvelles recommandations, spécifiant que l’utilisation de la chloroquine ou de l’hydroxychloroquine serait limitée uniquement au traitement du nouveau coronavirus  “dans le cadre d’études cliniques”.

Contactée par le quotidien, la Läkemedelsverket aurait confirmé que 4 patients atteints par le nouveau coronavirus et traités avec la molécule désormais célèbre, associée à d’autres médicaments, auraient souffert d’effets secondaires. Dans de nombreux cas, l’anomalie concernait un trouble de la conduction cardiaque. Cette dernière a été mesurée à l’électrocardiogramme et augmenterait les risques de mort subite et de syncope. L’un des patients identifiés est mort, mais la Läkemedelsverket précise qu’aucun lien n’a pour l’heure été établi avec la chloroquine.