Covid-19: faut-il s’inquiéter des mutations du virus ?

Publié le 4 décembre 2020
MAJ le 26 novembre 2024

À l’heure où la perspective d’un vaccin contre le virus Sars-CoV-2 est plus que jamais d’actualité, certains s’interrogent au sujet de l’évolution du virus. Une mutation, en particulier, ferait l’objet d’une attention plus soutenue, selon nos confrères du Figaro. Détectée sur de nombreux continents, elle a été décrite dans un article prépublié sur la plateforme bioRxiv.

Considérée comme une version mutée du virus Sars-CoV-2, cette dernière porte le nom de N439K. Identifiée en Ecosse cet été, elle ferait l’objet d’une surveillance accrue car il n’est pas impossible qu’elle limite l’efficacité d’un éventuel vaccin contre la maladie du Covid-19, explique Le Figaro.

Un scénario crédible, selon des chercheurs

Les mutations liées au virus à l’origine de la pandémie actuelle ne sont pas sans susciter certaines préoccupations. Début novembre, le gouvernement danois avait d’ailleurs annoncé sa décision d’abattre des millions de visons après la découverte d’une série de mutations du virus susceptibles d’être transmises à l’homme, faisant craindre une efficacité moindre d’un futur vaccin contre le Covid-19, explique Le Monde.

Aujourd’hui, alors que les annonces se multiplient au sujet de vaccins potentiellement efficaces, les scientifiques cherchent à savoir ce qui se produirait si le virus venait à évoluer trop vite. Parmi leurs préoccupations : la mutation N439K. Sa circulation aurait commencé en Écosse dès cet été, et aurait été découverte de manière indépendante aux Etats-Unis et en Europe continentale à plusieurs reprises.

Pourquoi cette mutation fait-elle l’objet d’une attention plus accrue ?

A en croire nos confrères du Figaro, la mutation N439K affecte la protéine spike, à savoir le spicule qui permet au virus Sars-CoV-2 de rentrer dans nos cellules. Et c’est également à partir de cette protéine que fonctionnent les divers vaccins en cours de développement contre le Covid-19.

Dans ce sens, cette mutation décrite dans un article prépublié sur bioRxiv, et qui n’a donc pas encore été examiné par des pairs, laisse penser qu’il s’agirait d’un scénario potentiellement crédible, comme l’indique l’infectiologue Pascal Meylan. En effet, pour ce professeur honoraire à l’université de Lausanne, la possibilité que la mutation N439K puisse compromettre un futur vaccin avant même sa commercialisation est une hypothèse plausible dont il faut tenir compte. Pour autant, il indique que de nombreuses raisons portent à croire que la mutation N439K, à l’instar d’autres variantes du virus, seront à même d’être contrôlées.

Les mutations du virus auront-elles un impact sur de futurs vaccins ?

A ce sujet, nos confrères de Top Santé citent une étude publiée dans la revue Nature Communications qui indique que parmi les mutations documentées du virus, aucune ne favoriserait sa transmission à l’Homme. Le Dr Lucy Van Dorp, son auteure principale a mis en avant la nécessité de faire preuve de vigilance et de poursuivre la surveillance de nouvelles mutations, au fur et à mesure du déploiement des vaccins. Pour le Pr François Balloux, directeur du UCL Genetics Institute qui a participé à cette même étude, il est possible que le virus acquiert des “mutations de fuite de vaccin à l’avenir”, mais il affirme néanmoins la conviction d’être “en mesure de les signaler rapidement, ce qui permettrait de mettre à jour les vaccins en temps si nécessaire”, peut-on lire sur un article de Pourquoi Docteur.

Un avis rejoint par Étienne Simon-Lorière, responsable du laboratoire de génomique évolutive des virus à ARN pour l’Institut Pasteur. Interrogé par LCI, il explique que le virus subit effectivement des mutations au fil du temps, “en moyenne, on compte deux changements par mois”, précise l’expert, mais les scientifiques restent attentifs à ces évolutions qui restent logiques pour ce virus dit à ARN, a-t-il détaillé.

Ses propos font suite aux affirmations du Dr Louis Fouché, anesthésiste réanimateur à Marseille qui assurait que les mutations du virus rendraient les vaccins contre le Covid-19 inefficaces. Des propos faux et infondés, selon le spécialiste de l’Institut Pasteur, qui explique que même si le virus venait à accumuler des mutations nécessitant une mise à jour du vaccin, “ce sera fait”. Pour autant, et même si ce scénario est possible, puisqu’il s’est déjà produit avec la grippe par exemple, le problème ne se posera pas avant quelques années, estime Étienne Simon-Lorière.