Covid-19: le Brésil suspend ses essais de vaccin après un “incident grave”

Publié le 10 novembre 2020
MAJ le 26 novembre 2024

C’est ce lundi 9 novembre que l’autorité sanitaire du Brésil a annoncé suspendre ses essais du CoronaVac, un vaccin contre le Covid-19 développé par le laboratoire chinois Sinovac Biotech. La raison ? Un “incident grave” chez un volontaire. L’information a été relayée par nos confrères du Figaro.

Alors que le laboratoire pharmaceutique Pfizer a annoncé ce même jour les résultats favorables de son essai clinique à grande échelle, Anvisa, l’Agence de vigilance sanitaire au Brésil a révélé dans un communiqué sa décision d’interrompre l’essai clinique du CoronaVac. “L’incident” en question se serait produit le 29 octobre, mais peu de détails ont été fournis à ce sujet.

Coup d’arrêt pour le vaccin chinois

Si peu d’informations ont été révélées quant à la suspension de ces essais, l’autorité sanitaire brésilienne a indiqué que “ce type d’incidents” pouvait impliquer la mort, une hospitalisation, une invalidité grave, des effets secondaires potentiellement fatals ainsi que des “événements cliniquement significatifs”. L’Institut Butantan, organisme public chargé de la coordination des essais vaccins dans le pays sud-américain a quant à lui fait part de sa surprise suite à cette annonce. Une conférence de presse est prévue pour ce mardi 10 novembre, indique Le Figaro, et devrait évoquer cette décision de suspendre les essais pour le vaccin chinois du laboratoire Sinovac Biotech.

Ce dernier a pour sa part indiqué dans un communiqué être “confiant dans la sûreté du vaccin” et a écarté un lien possible entre l’incident qui se serait produit au Brésil et son vaccin. A l’instar de Pfizer, le candidat-vaccin de Sinovac Biotech est également en phase 3 des essais cliniques. En outre, les deux candidats-vaccins sont à l’essai au Brésil, durement touché par la pandémie avec un bilan dépassant 162 000 décès.

L’annonce de la suspension des essais du CoronaVac a eu lieu le même jour où Pfizer et BioNTech ont annoncé que leur vaccin contre le Covid-19 aurait une efficacité de 90%. Pour autant, il reste encore à confirmer son innocuité avant de déposer une demande à la FDA, Agence américaine des produits alimentaires et médicamenteux, qui devra donner son feu vert quant à sa sûreté ainsi que son efficacité.

CoronaVac, objet d’une bataille politique 

Selon un article de Ouest-France, le vaccin chinois ne fait pas l’unanimité dans le pays. Son plus grand partisan, Joao Doria, gouverneur de Sao Paulo, serait opposé au président Jair Bolsonaro. En effet, le chef d’Etat a préféré promouvoir le vaccin développé par la société pharmaceutique Astra Zeneca, en collaboration avec l’université d’Oxford, et a fait référence au CoronaVac comme d’un vaccin venant de “cet autre pays”. L’essai britannique avait été suspendu à l’échelle mondiale suite à une maladie inexpliquée chez un participant mais avait fini par reprendre au Royaume-Uni, au Brésil, au Japon ainsi que dans d’autres pays.

Par ailleurs, Jair Bolsonaro aurait annulé un accord d’achat de 46 millions de doses du vaccin de Sinovac Biotech, alors que ce dernier avait été annoncé par le ministère de la Santé. Le président brésilien, qui a parfois fait l’objet de critiques, a évoqué un pays discrédité en faisant référence à la Chine, car “le virus y est né”. Le chef d’Etat a également assuré que le Brésil ne comptait pas “acheter un vaccin qui n’intéresse personne”. 

De son côté, Joao Doria a annoncé ce lundi que 120 000 doses du vaccin chinois allaient arriver le 20 novembre à Sao Paulo. L’État a passé un accord avec Sinovac pour recevoir 46 millions de doses, dont 6 millions seraient produites en Chine et le reste au Brésil.

L’État demande les “vraies raisons de la suspension”  

Après avoir appris la suspension des essais du CoronaVac, le gouvernement de l’État de Sao Paulo a annoncé dans un communiqué regretter “d’avoir eu connaissance de la décision par la presse, au lieu d’en avoir été informé directement par l’Anvisa”. Avec l’Institut Butantan, il espère également en apprendre davantage sur les véritables causes de cette suspension. Selon des proches du gouverneur cités par un journal local, les responsables du gouvernement de l’État craignent que le président brésilien n’utilise des “décisions techniques” à des fins politiques pour retarder et freiner le calendrier des vaccinations.