Coronavirus : les supermarchés ont ils profité de la crise pour augmenter les prix ?

Publié le 24 avril 2020
MAJ le 26 novembre 2024

Depuis le début de la pandémie, de nombreux internautes crient au scandale sur des tweets enflammés, pointant du doigt une nette augmentation des prix en supermarché. Dans un climat anxiogène où l’inquiétude liée au coronavirus persiste, les consommateurs estiment que certaines enseignes profitent de la crise sanitaire pour faire plus de profit. Mais est-ce réellement le cas ? Nos confrères du 20 Minutes font le point sur la situation. 

Le 9 avril, l’association UFC-Que Choisir a publié les résultats d’une étude portant sur l’évolution des prix de 104 produits de première nécessité depuis le début du confinement. Dix enseignes ont été passées en revue, dont Auchan, Intermarché, Carrefour ou encore Casino. D’après les résultats recueillis, les habitants seraient confrontés à un paradoxe important, puisque si l’association révèle que les prix des produits de grande consommation sont plutôt stables, la facture totale s’avérerait quant à elle plus importante.

Une pénurie des produits les moins chers

Suite au constat dressé par UFC-Que Choisir, il semblerait que malgré les prix relativement stables des 104 produits examinés, les clients souffrent tout de même d’une “addition salée” lors du passage en caisse. Et cela s’expliquerait essentiellement par une pénurie des produits à faible coût qui pousse les consommateurs à acheter ce qui reste dans les rayons, à savoir les produits les plus chers.

En effet, une hausse importante des achats a été constatée depuis le début du confinement. Seul hic: celle-ci n’est pas répartie de manière uniforme sur les rayons. Ainsi, les acheteurs ciblent d’abord les produits les plus accessibles en termes de prix, entraînant une rupture de stock. Les clients suivants n’ont donc d’autre choix que de se rabattre sur les produits restants, généralement plus onéreux. Le prix moyen des courses connaît alors une augmentation, avec “une hausse de 2,1% du panier habituel pour la 1re semaine de confinement, et s’accroissant à 2,4 % au cours de la 2e semaine”, révèle l’Association.

Un montage de pommes de terre suscite l’indignation

Des internautes indignés soutiennent mordicus que les prix ont flambé en grande surface. En cause, des images partagées sur Facebook ou Twitter, comparant les prix avant/après confinement de certains produits, notamment la pomme de terre qui, à en croire les consommateurs, aurait vu son prix multiplié par 5 en l’espace d’une semaine chez Carrefour.

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“Regardez les dates d’achat et le prix au kg ! Est-ce normal ?” martèle une consommatrice. Une autre commente sur Twitter, « Et les prix n’augmentent pas, qu’ils nous disent… Honteux ». Mais ce constat qui semble hérisser les clients furieux serait pourtant faux.

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Selon les Décodeurs du journal Le Monde, le montage en question qui semble avoir été pris dans un magasin Carrefour Market en Charente-Maritime serait loin de dépeindre la réalité. Contactée par le quotidien, l’enseigne de grande distribution précise qu’il s’agit de deux variétés de pommes de terre différentes, les plus chères représentant “moins de 1 % des ventes de pommes de terre”. Sur son site, Carrefour révèle également, “Nous vendions une semaine avant une pomme de terre primeur de variété plus ordinaire, mais non locale, que nous avons arrêtée pour la pomme de terre primeur de l’île de Ré. C’est une variété cultivée uniquement sur l’île”, expliquant ainsi la hausse des prix.

Interrogé par l’AFP, le gérant du magasin charentais souligne néanmoins « une légère hausse des prix fournisseurs, qui s’explique par une baisse de la production » résultant des mesures de confinement établies.

Des produits importés remplacés par une production française

En effet et comme le concédait Bruno Le Maire le 8 avril , “c’est vrai, je le reconnais, il y a sur certains fruits et légumes frais une forte augmentation ». Selon le ministre de l’Economie, il existe une explication “très simple” à la hausse des prix, à savoir: « les produits venaient de pays européens dans lesquels les produits n’étaient pas forcément de la même qualité, désormais c’est des produits français », peut-on lire dans le Fact Check de l’AFP.

Le ministre fournit d’ailleurs certains exemples, soulignant que “La fraise gariguette française est beaucoup plus chère que la fraise espagnole. Le concombre français est environ deux à trois fois plus cher que le concombre néerlandais. Même chose pour la tomate”, puis d’ajouter, “Ce que nous payons (…), c’est tout simplement la qualité de la production française”.

Bruno Le Maire a également assuré que le gouvernement se montrera particulièrement vigilant concernant ces produits et révèle avoir demandé à la DGCCRF, direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes de veiller à “ce qu’il n’y ait pas d’augmentation indue des prix alimentaires en France”.