Coronavirus : Le traitement à la chloroquine testé à Marseille serait très prometteur pour soigner la maladie

Publié le 18 mars 2020
MAJ le 26 novembre 2024

Le lundi 9 mars, Didier Raoult, directeur de l’IHU Méditerranée Infection à Marseille a annoncé mettre en place un test clinique à l’hydrochloroquine sur 24 patients atteints du coronavirus. Aujourd’hui, le professeur estime que le traitement serait efficace. Sibeth Ndiaye, porte-parole du gouvernement juge ces essais “prometteurs”, mais les scientifiques se montrent prudents. Une information relayée par BFMTV, Ouest-France et Le Monde.

C’est à Marseille que le professeur Didier Raoult avait annoncé la mise en place d’un traitement à la chloroquine sur des malades. Quelques jours plus tard, il annonce que cet antipaludéen aurait démontré son efficacité contre le Covid-19. La chloroquine ou l’hydroxychloroquine, un analogue, font actuellement l’objet d’une vingtaine de tests cliniques en Chine chez des patients atteints par le Covid-19.

Un essai clinique sur 24 patients à Marseille

L’étude clinique du directeur de l’IHU aurait mené à des résultats préliminaires qui “semblent spectaculaires”, explique Le Monde. Dans une vidéo mise en ligne le lundi 16 mars, le Pr Raoult révèle qu’après 6 jours de traitement au Plaquenil, un nom commercial de la chloroquine, “25% seulement des patients seraient encore porteurs du virus, la proportion étant de 90 % chez ceux ne recevant pas le traitement”.

À J+6, la charge virale aurait été encore plus faible chez des patients auxquels les médecins auraient également administré l’azithromycine, un antibiotique. Suite à cette annonce, le laboratoire Sanofi a déclaré mardi 17 mars aux autorités en France être “prêt à offrir des millions de doses d’anti-paludique”.

Une publication scientifique serait attendue pour évaluer l’ampleur et l’efficacité de ce traitement. Il n’a également pas été précisé si les résultats obtenus portaient sur l’ensemble des 24 patients annoncés dans le cadre de ce protocole.

Les mesures du gouvernement

Depuis l’annonce du Pr Raoult et de résultats jugés “prometteurs” par le gouvernement français, Sibeth Ndiaye a déclaré que le ministère souhaitait “étendre ces essais cliniques, qui seront dupliqués sur un plus grand nombre de patients”, rapporte le Parisien. Cette décision qui a été prise à l’issue du Conseil des ministres implique de nouveaux essais cliniques “réalisés avec une équipe indépendante du professeur Raoult”.

Prudence, répond la communauté scientifique

Des espoirs concernant la chloroquine se seraient répandus suite à la publication d’une étude chinoise en février, évoquant l’efficacité de la molécule suite à un test réalisé sur plus de 100 patiente, une piste “tombée aux oubliettes avant que l’équipe de Marseille ne livre ces résultats”, souligne au Parisien le Pr François Bricaire, ancien chef du service d’infectiologie de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière.

Toutefois, le gouvernement reste prudent, et les médecins aussi. Comme le précise Sibeth Ndiaye, “nous n’avons pas de preuve scientifique” que la chloroquine fonctionne. De nombreux experts sont également sur la réserve en raison du manque d’études plus approfondies et d’effets indésirables, “possiblement graves” en cas de surdosage de ce médicament.

Pour le Pr Jean-Daniel Lelièvre, infectiologue à l’hôpital Henri-Mondor, il est crucial de “respecter les règles scientifiques”. Cela signifie qu’il faut mener plus de recherches sur les effets d’un traitement avant d’annoncer ou de déclarer son efficacité sans équivoque. Les résultats doivent être constatés par d’autres scientifiques ou validés par des pairs avant de faire l’objet d’annonces définitives, puis d’ajouter “ Ce ne sont que des effets d’annonce pour l’instant, et n’en faisons surtout pas le médicament miracle”.

Le Pr Bricaire rejoint son avis en appelant à la prudence. Il rappelle également que la chloroquine est “ connue pour son action antivirale en laboratoire mais que, jusqu’à maintenant, cela n’a jamais donné de résultats sur l’homme en pratique”.

Des essais plus poussés sont donc nécessaires pour décider de l’efficacité de la chloroquine dans le cas du Covid-19. Pour l’heure, malgré l’annonce du Pr Raoult, les experts sont sur la réserve et ne se prononcent pas concernant ce traitement, dans l’attente de publications scientifiques et de recherches plus approfondies.