Une maman enferme sa fille pendant 24 ans dans une chambre
L’amour est ce sentiment bouleversant qui s’installe dans nos cœurs sans qu’il y soit autorisé. Ne connaissant ni âge ni statut social, il peut parfois lier des personnes complètement à l’opposé l’une de l’autre et ainsi provoquer un incroyable tumulte dans leur vie. Comme preuve vivante de la capacité de l’amour à faire basculer la vie d’une personne, découvrez l’histoire de Blanche Monnier, une jeune fille qui va perdre 24 ans de sa vie à cause d’une idylle contrariée.
Je l’aimerai malgré tout…
En 1849, la famille Monnier accueille un nouveau membre : une fillette qu’ils décident de nommer Blanche. En grandissant, celle-ci montrait un caractère nerveux et son lien conflictuel avec sa maman ne faisait rien pour arranger les choses. Devenue adolescente, Blanche était rebelle et mal dans sa peau. Elle avait même développé une forme d’anorexie.
Mais malgré son trouble de santé, la jeune fille était d’une grande beauté. À l’âge de 23 ans, elle tombe follement amoureuse d’un avocat, mais préfère garder leur liaison secrète car, en plus d’être plus âgé qu’elle, il n’appartenait pas au même rang social de sa famille bourgeoise.
Malheureusement, la mère de la jeune fille ne tarde pas à découvrir le secret de sa fille et n’hésite pas à l’obliger de mettre un terme à cette relation qu’elle n’approuverait jamais.
Fidèle à elle-même et à son amour, Blanche refuse de se plier à la volonté de sa mère qui, intraitable, décide de dissuader sa fille en l’enfermant dans le grenier. Elle lui fait clairement comprendre qu’elle ne la laisserait pas en sortir tant qu’elle n’a pas mis fin à son amourette avec l’avocat fauché. Ne voulant en aucun cas laisser sa mère prendre le contrôle de sa vie, la jeune fille décide de tenir bon et ne pas donner à sa mère la satisfaction de la voir céder.
Malheureusement, cet entêtement a coûté à la jeune femme 24 ans de sa vie. 24 ans qu’elle passé dans le noir, dans un espace confiné, humide et extrêmement sale.
En effet, la jeune fille ne reverra la lumière du jour qu’en 1901, après que la police ait reçu une lettre anonyme parlant d’une jeune fille enfermée depuis plus d’une vingtaine d’années dans la maison de la très respectée Madame Monnier.
Ne manquant pas à son devoir, la police s’était donc rendue à l’adresse mentionnée sur la lettre pour perquisitionner la maison. À leur grand effarement, la lettre n’était pas mensongère. Ils avaient retrouvé Blanche dans un état lamentable.
Faible, amaigrie et ne portant rien pour cacher sa nudité que son abondante chevelure noire, la jeune femme, âgée à ce moment-là de 47 ans pesait à peine 25 kilos. Elle se trouvait au milieu d’une incroyable saleté : des matières fécales, des résidus de nourriture et des cafards peuplaient le sol de la chambre.
En entendant les agents s’approcher, Blanche avait pris peur et s’était caché le visage sous le drap. Il était clair qu’elle souffrait de traumatisme psychique. Les agents de police présents sur les lieux avaient du mal à faire leur travail, tellement l’endroit était puant et l’air chargé d’odeurs nauséabondes. Ils ont donc immédiatement enveloppé la jeune femme dans une couverture propre pour l’emmener en urgence à l’hôpital Hôtel-Dieu à Paris, tandis que sa mère et son frère ont été arrêtés.
Grâce aux soins et à l’aide médicale dont Blanche a bénéficié, elle a pu reprendre un peu de poids et retrouver une hygiène correcte, même si elle avait du mal à supporter la lumière vive à cause de ses longues années de captivité. Elle n’avait également pas pu retrouver toute sa santé mentale.
Pendant les interrogatoires, Marcel, le frère de Blanche affirmait que sa sœur était colérique, instable et agressive. Il a même ajouté qu’elle n’avait jamais essayé de s’enfuir. Cependant, les infirmiers qui se sont occupés d’elle avaient affirmé qu’elle était une personne calme et douce, et plusieurs témoins ont même rapporté avoir entendu certains cris à l’aide, sans réaliser que tout ce drame se cachait derrière ces appels.
Marcel a été donc été condamné à 15 mois de prison, avant de faire appel au jugement et d’être acquitté. Quant à sa mère, restée impassible pendant la libération de sa fille, est décédée une dizaine de jours avant son procès.
Blanche, elle, est décédée 12 ans après sa libération dans l’hôpital psychiatrique de Blois.
Si vous vous demandez ce qui est arrivé à l’avocat dont Blanche était amoureuse, il est mort 9 ans après la séquestration de sa bien-aimée, ne sachant ce qui lui était arrivé.
L’histoire émouvante et triste de Blanche a fait grand bruit et plusieurs auteurs et réalisateurs ont eu l’idée de lui apporter un nouvel éclairage. Un film, un livre et un documentaire ont été réalisés dans cette optique. L’écrivain français, André Gide, a publié en 1930 un livre nommé “La Séquestrée de Poitiers” où il raconte l’histoire de Blanche Monnier.