« Ce n’est pas en coupant le ventre d’un patient souffrant d’obésité que l’on règle le problème » s’insurge un médecin

Publié le 2 juillet 2020
MAJ le 26 novembre 2024

De nombreux patients atteints d’obésités voient en cette opération la solution à leur maladie. Son nom ? Le bypass, une intervention chirurgicale qui consiste à réduire le volume de l’estomac pour diminuer l’appétit. Seulement, ce médecin s’indigne contre son recours en expliquant qu’elle n’agit en rien contre le problème à la source de ce surpoids morbide. Il nous livre là une expertise qui précise les risques et le manque de pertinence de cette idée qui représente un salut pour de nombreux malades. Ses propos ont été relayés par le quotidien La Voix du Nord

Lassés des régimes inefficaces, de nombreux patients atteints d’obésité envisagent le bypass. Vanté par les cliniques chirurgicales, ce dernier n’est pourtant pas dénué de risques très sévères. Indigné contre cette tendance affolante, un chirurgien explique aux médias que cette opération est loin d’être anodine. Armé d’explications scientifiques, l’expert se montre plutôt dissuasif et insiste sur le fait que cette intervention n’est pas la solution à ce problème.

Bypass : à l’origine d’une maladie métabolique

Marc Vertruyen, chirurgien spécialisé en obésité dans les Cliniques de l’Europe à Bruxelles tape du poing. Pour lui, le bypass, une opération très prisée en France qui consiste à réduire le volume de l’estomac en le transformant en petite poche gastrique est très dangereux. La raison ? Elle crée une maladie métabolique selon l’expert de cette maladie aux nombreux risques.

« La chirurgie est une aide mais pas une solution à l’obésité qui est un trouble du comportement alimentaire » martèle le médecin. Pour lui, ce n’est pas en coupant l’estomac d’un patient que l’obésité est réglée. Il explique que cette solution doit être la dernière envisagée après avoir changé d’hygiène alimentaire et modifié son rapport à la nourriture.

« Que la cause soit le stress, un burn-out, la perte d’un emploi ou d’un couple, le grignotage permanent ou l’hyperphagie conduisent au surpoids, donc aux problèmes de mobilité, ce qui crée un cercle vicieux » précise le docteur.

« L’opération ne suffit pas »

Si Marc Vertruyen considère le bypass comme un « dernier recours », il insiste sur le fait qu’elle est loin d’être une solution définitive. Et pour cause, la guérison de l’obésité découle d’apprentissages psychologiques et d’un véritable accompagnement. « La chirurgie permet certes de sortir du cercle vicieux en rendant de la mobilité au patient, mais cela ne suffit pas s’il ne fait pas un travail sur lui-même. Et il faut pour cela l’assister » affirme-t-il.  Une démarche personnelle nécessaire pour sortir définitivement de ce trouble du comportement alimentaire à la morbidité significative.

Des risques conséquents

Le médecin est formel : cette opération n’exempte pas d’une récidive de l’obésité. « On peut fabriquer un mini-estomac, mais si on l’alimente en permanence, on peut ingurgiter autant de calories que précédemment, puis provoquer une nouvelle dilatation de l’estomac, avec tous les risques que l’on imagine » avertit-il en évoquant toutes les opérations prévues pour résoudre cette maladie telles que l’anneau gastrique ou la gastrectomie.

Pour la première, un risque de dilatation de la poche créée par ce procédé chirurgical est à considérer. Pour la gastrectomie, un risque d’apparition de fistules, des hémorragies ou encore une dilatation du manchon gastrique liée à une surconsommation alimentaire. Des dangers à connaître donc, avant d’envisager ces opérations souvent décidées à l’aveugle.

Obésité : un traitement au long cours

Marc Vertruyen n’est pas contre le recours à cette opération, seulement il recommande un suivi personnalisé pour chaque patient. « Le geste opératoire doit être clairement expliqué, car il engage le reste de la vie du patient, qui doit agréer à l’opération en connaissance de cause » avise-t-il. Il envisage le traitement de cette maladie comme un accompagnement au long cours.

Le médecin devra donc se montrer à l’écoute, disponible et plein d’empathie pour celui qui souhaite guérir ce trouble du comportement alimentaire et ce, même après une intervention chirurgicale. « Il faut l’aider quand il rencontre des ennuis dans la vie » conseille l’expert à ses confrères.

Une mise en garde nécessaire quand l’on sait à quel point ces opérations peuvent être dangereuses «Le bypass crée quand même une maladie métabolique et une malabsorption, qui induit des carences multiples et qui est incontrôlable. Fistules, péritonites ou hernies internes ne sont pas à exclure et demandent une surveillance stricte » prévient le médecin expert en traitement de l’obésité.