Auditionné par les députés, Didier Raoult « lâche tout » et dit ce qu’il a sur le coeur

Publié le 3 juillet 2020
MAJ le 26 novembre 2024

Désormais considéré comme l’une des personnalités "politiques" les plus appréciées des Français, Didier Raoult était attendu ce mercredi 24 juin à l’Assemblée nationale. Le directeur controversé de l’IHU de Marseille a donné son point de vue sur la gestion de la crise sanitaire devant la commission d’enquête parlementaire en charge d’étudier la réponse française face au virus Sars-CoV-2. Il dénonce notamment une organisation “archaïque” des tests de dépistage et des conflits d’intérêt qui expliqueraient en partie certaines difficultés de la France face à la pandémie de Covid-19. L’information a été relayée par nos confrères de LCI.

Attendu dans l’arène comme une véritable célébrité, le professeur Didier Raoult s’est présenté sans sa blouse blanche, suivi par une horde de photographes et de caméras.

Face aux députés, le professeur marseillais n’a pas hésité à pointer du doigt ce qui, selon lui, a créé de nombreux obstacles dans la gestion étatique de la crise sanitaire. Parmi ses critiques: une organisation désuète et des conflits d’intérêt pour certains détracteurs de l’hydroxychloroquine.

“L’idée qu’on ne pouvait pas faire les tests n’était pas vraie”

C’est ce mercredi que Didier Raoult a fustigé une organisation “totalement archaïque » des tests de dépistage du nouveau coronavirus dans le pays. Selon lui, c’est ce qui aurait empêché de les utiliser de manière plus élargie. Devant la commission d’enquête sur la gestion de la crise du Covid-19, le directeur de l’Institut Méditerranée Infection de Marseille a fait référence aux systèmes de centres nationaux de référence, estimant que ces “petits CNR” ont conduit leurs responsables “à considérer que la maladie est leur territoire”.

Et l’épidémiologiste va même plus loin dans ses propos, les comparant à “des blaireaux dans leur terrier qui mordent si on s’en approche”.

Pour Didier Raoult, “l’idée qu’on ne pouvait pas faire les tests n’était pas vraie”. A ses yeux, la centralisation au niveau du centre national de référence (CNR) était inutile et a entraîné une perte de temps conséquente. Les députés membres de la commission ont estimé à de nombreuses reprises que le test de diagnostic moléculaire du Covid-19 avait tardé à être déployé en France. Celui-ci a initialement été mis en place par l’Institut Pasteur, CNR pour les virus respiratoires avec les Hospices Civils de Lyon, dès le 17 janvier.

« Je ne suis pas d’accord avec la décision qui a été prise de ne pas généraliser les tests », a martelé Didier Raoult, jugeant qu’on ne peut pas étudier une nouvelle maladie “si on ne teste pas”. Il a par ailleurs ajouté que ce qui a été déduit au sujet du Covid-19 a été “déduit à partir de la grippe et ce n’était pas vrai”.

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Des conflits d’intérêt

Les critiques du professeur marseillais ne se limitent pas qu’aux tests de dépistage. Pour le directeur de l’IHU de Marseille, des conflits d’intérêt seraient également en cause dans la gestion de la crise et de la riposte face au nouveau coronavirus, et ce n’est pas la première fois qu’il le revendique.

Ainsi, Didier Raoult a à nouveau pointé du doigt un lien financier entre certains détracteurs de l’hydroxychloroquine et le laboratoire Gilead, fabricant du remdesivir, une molécule dont l’efficacité est également testée dans le traitement de la maladie du Covid-19.

Pour le microbiologiste, il y a eu “une obsession de vouloir traiter les gens avec le remdesivir”, ce qui résulterait d’une stratégie d’influence de Gilead au service de ce qu’il considère être “un pur jeu boursier”.

Pour répondre aux questions des députés et amener plus de précision à ses propos, le professeur les a renvoyés à la consultation de Transparence Santé, une base de données qui recense tout lien d’intérêt entre les acteurs du secteur de la santé et les entreprises.

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Des décisions médicales dictées par la politique

Enfin, le chercheur marseillais a également fait part de certains regrets concernant cette crise sanitaire,  notamment le fait que des “décisions médicales” aient été dictées “par le politique”.

Didier Raoult fait ainsi référence à l’interdiction de prescrire de l’hydroxychloroquine par les médecins de ville pour traiter le Covid-19. Une interdiction qui a également été étendue aux hôpitaux le 27 mai, hors essais cliniques.

A ce sujet, il déclare : “Que l’Etat se saisisse de tâches qui sont du soin usuel à la place des médecins et leur interdise des choses qui sont banales, je ne suis pas d’accord”.

Le professeur estime ainsi que “ »Les médecins doivent faire pour le mieux pour leurs malades en leur âme et conscience, en fonction de l’état des connaissances” puis de poursuivre: “Les priver de ça , j’ai des doutes sur le fait que ça soit constitutionnel ».