Le foie : une centrale de détox

Publié le 17 février 2022
MAJ le 26 novembre 2024

On pense à lui lorsque surviennent des « crises de foie », qui n’ont pourtant rien à voir avec cet organe fondamental de notre système digestif. Filtre ultra performant, le foie élimine toutes les toxines de l’organisme et protège le système immunitaire. Voici les plantes qui rallument la flamme de votre foie !

C’est lui que votre médecin explore lorsqu’il palpe avec insistance votre flanc droit, juste sous le diaphragme. Il vérifie systématiquement son volume, car le foie, la glande la plus volumineuse de l’organisme, est d’une importance capitale pour notre métabolisme général !

Souvent ce travailleur silencieux est sous-estimé à tort car notre santé dépend fondamentalement de la sienne. Parmi ses nombreuses fonctions, le foie est un filtre indispensable nous débarrassant d’éléments indésirables. Autrement dit, il fait le ménage. Mais comment fonctionne-t-il ?

Le foie filtre la totalité du sang veineux en provenance de la rate et de l’intestin ainsi qu’une partie du sang artériel de la circulation générale. Une première épuration sanguine est assurée par des cellules de l’immunité (cellules de Kupffer ou macrophages du foie). Ces globules blancs particuliers dévorent littéralement les bactéries, les grosses molécules et les corps étrangers captés par le sang. Comme les macrophages de la rate, ces cellules de Kupffer participent aussi à l’élimination des pigments toxiques provenant de la destruction des globules rouges arrivés en fin de vie.

Une redoutable usine de transformation chimique

Non seulement le foie filtre, mais il possède une grosse capacité de transformation. En effet, il est doté de cellules spécialement conçues pour stocker et libérer des sucres (glucides), des protéines et des lipides (gras). Ces cellules portent le nom d’hépatocytes et constituent 80% de son poids. On peut assimiler le foie à une énorme usine de transformation chimique grâce aux molécules et aux réactions biologiques qu’il produit au sein de ses hépatocytes.

Il est notamment le responsable de la synthèse interne du cholestérol et de la plupart des protéines que l’on retrouve en circulation dans le sang. C’est toujours dans cette centrale sophistiquée que l’on assiste à la détoxification enzymatique, suite de réactions chimiques permettant la neutralisation des substances à forte activité, ou même toxique, produites par l’organisme ou provenant de l’extérieur.

Pourquoi faut-il se faire de la bile ?

Ce sont aussi les hépatocytes qui sécrètent la bile, un liquide au goût particulièrement amer intervenant dans le processus général de la digestion. Ensuite, tels de petits petits ruisseaux alimentant un fleuve, la bile s’écoule dans de petits canaux (canalicules), pour s’unifier ensuite en un canal unique orienté vers les voies biliaires se déversant dans le tube digestif au niveau du duodénum. La bile, caractérisée par sa couleur jaune, participe activement au processus de la détox, en jouant un rôle déterminant dans la transformation et l’élimination de produits divers :

Pigments issus de la dégradation des globules rouges (bilirubine), immunoglobulines de type A, médicaments, cholestérol…

Sachez que ces opérations de dépollution se réalisent avec des échanges et des réabsorptions en aller-retour permanents entre le foie et l’intestin : c’est la fameuse circulation entéro-hépatique où les sels biliaires sont recyclés.

Un budget énergétique colossal

foie

Foie –

25 tonnes de nourriture seraient ingurgitées en moyenne au cours d’une vie ! Une fois digérées par le tube digestif, ces 25 tonnes transitent et sont traitées par le foie. Cela représente la charge la plus importante de toxines et d’antigènes que l’organisme humain doit gérer : 79% du budget énergétique consommé par le foie et les reins passent dans ces opérations.

Mais la facture peut être encore plus lourde. Car, lorsque la fonction de barrière intestinale est altérée, par exemple par la présence d’un déséquilibre de la microflore (dysbiose) et d’une augmentation de la perméabilité de la paroi intestinale, le foie subit une charge de travail supplémentaire. Dans ce cas, le foie mobilise des processus hautement complexes faisant intervenir des réactions chimiques qui peuvent varier suivant l’hérédité, la pollution de l’environnement et l’existence éventuelle d’une maladie qui fragilise le foie (hépatite, médicaments…). Tout cela est extrêmement coûteux pour votre organisme sur le plan énergétique. N’oubliez pas que c’est vous qui devez payer la note ! On comprend mieux pourquoi il convient de soutenir régulièrement le foie dans son travail de détox.

Détoxification ou drainage ?

C’est la même chose ! Les naturopathes désignent la détoxication par le terme de «drainage ». Cette appellation surannée, qui fut longtemps ignorée ou méprisée par les médecins, cache néanmoins une fonction primordiale de notre organisme. Une fonction qui repose sur une réalité bien scientifique : cela nous permet  d’éliminer les déchets générés par notre métabolisme, et par adaptation, les déchets issus de l’extérieur, appelés également les xénobiotiques. Correspondant à des mécanismes biochimiques précis, la détoxication englobe donc les réactions cellulaires biochimiques transformant des molécules au départ insolubles dans l’eau (et très attirées par le gras) – qui sont en premier lieu les déchets de notre propre métabolisme – en molécules éliminables en présence d’eau. La détoxication représente cette capacité d’évacuation de ces toxines, en général très réactives, pouvant être éliminées dans un milieu aqueux comme les selles, la sueur, la respiration, la bile ou les urines… via autant d’organes qualifiés par les naturopathes d’émonctoires (ou d’organes d’élimination). Le drainage, ou détoxication, est donc une réponse naturelle pour éliminer des microbes, les déchets organiques et les substances reconnues toxiques, c’est-à-dire tout ce qui apparaît nuisible pour l’organisme. Il vise avant tout à rétablir un équilibre biologique.

Et c’est bien là que le foie joue son rôle de star : ces transformations biologiques se produisent principalement dans ses cellules même si elles existent également à moindre échelle dans tous les tissus de l’organisme comme le poumon, le tissu rénal ou l’intestin.

Notons une particularité se déroulant au niveau intestinal : le bol alimentaire subit systématiquement une première détoxication par l’action de la flore intestinale, avant même celle pratiquée par les cellules du foie. On comprend pourquoi un déséquilibre de la flore intestinale peut augmenter le travail de détox du foie.

Patience : la détox se fait en deux phases

Les enzymes cellulaires qui gouvernent la réaction biologique de détoxication sont modulées par des facteurs génétiques. Mais pas seulement. Des facteurs extérieurs interviennent aussi, comme l’état général du sujet ou la nature et la quantité du toxique présent.

La plupart des molécules toxiques traitées subissent en réalité une double réaction de détoxication dans le foie. La première phase, ou phase I, appelée phase de fonctionnalisation : l’hépatocyte ajoute un radical chimique dit « fonctionnel » sur la molécule toxique grâce à des enzymes appelées cytochromes. Le résultat donne un produit intermédiaire paradoxalement souvent hautement réactif et parfois plus toxique que le toxique initial… mais cette opération a pour but de préparer rapidement la suite.

Dans la phase II, dite de conjugaison, un nouveau radical chimique est attaché sur le premier, permettant la solubilité de la molécule toxique. Et qui dit solubilité dit possibilité d’élimination par différentes voies naturelles ayant comme vecteur l’eau.

En résumé, la toxicité d’une substance peut se définir par sa forte réactivité chimique associée à une insolubilité dans l’eau… Et la détoxication, à la capacité de rendre soluble une molécule réactive qui ne l’était pas.

Avez-vous besoin de soutenir votre foie ?

Quand notre foie est fatigué ou notre système de détoxication débordé par un état pathologique en cours ou une pollution, certains symptômes peuvent apparaître. Voici un tableau des principaux signes cliniques évocateurs d’une faiblesse du foie qui, associés entre eux, doivent nous faire consulter et nous préparer à suivre une cure de plantes de soutien hépatique. Cette liste est non exhaustive et certains signes peuvent être en rapport avec une autre pathologie : • Fatigue, malaise • Maux de tête récurrents • Douleurs musculaires et articulaires • Syndrome de fatigue chronique • Fibromyalgie • Hypersensibilité aux produits chimiques (parfums, fumée, essence) • Intolérance à la caféine

La détox pour les Nuls

artichaut

Artichaut –

Dans la vie de tous les jours, un grand nombre de végétaux peuvent nous aider à soutenir le travail d’élimination du foie. Voici un tableau des plus accessibles :

Artichaut

 

Gingembre

 

Chicorée

 

Laurier

 

Choux de Bruxelles

 

Livèche

 

Cerfeuil

 

Marjolaine

 

Écorce d’orange amère

 

Pissenlit

 

Estragon

 

Romarin

 

Endive

 

Roquette

 

Fenouil

 

Roquette

 

Les micronutriments végétaux optimisant les voies de la détoxication du foie

Vitamines  : A et bêtacarotène (abricot, melon), du groupe B (levure de bière), C (agrumes frais) et E (huile de germes de blé).

Antioxydants  : pycnogénol (raisin), bioflavonoïdes (agrumes), anthocyanosides (canneberge, sureau, myrtilles…), glutathion (avocat).

Les meilleurs aliments détoxiqueurs

Les études scientifiques ont bien confirmé que les principes actifs de certaines plantes alimentaires ou médicinales activent particulièrement ces voies du métabolisme cellulaire. C’est le cas du brocoli et des autres plantes de la famille des brassicacées (autrefois appelées crucifères) riches en composés soufrés qui stimulent la détoxication au niveau du foie. Mais c’est aussi vrai avec les principes amers (lactones sesquiterpéniques) retrouvés dans la chicorée ou le pissenlit, qui stimulent la production et la sécrétion de bile tout en augmentant l’élimination de l’eau par les reins (diurèse). D’accord l’amer suscite parfois les grimaces mais c’est tellement bon pour notre santé. Et on le sait depuis fort longtemps. L’expérience de nos anciens a été une fois de plus vérifiée par la science quand ceux-ci nous recommandent de faire un drainage du foie et de la vésicule biliaire en consommant les végétaux dotés d’amertume. Ces plantes contiennent des dérivés terpéniques qui facilitent la digestion et qui, de surcroît, atténuent fortement le besoin de sucré en augmentant le sentiment de satiété. Voici une liste d’aliments reconnus comme intervenant positivement dans le processus de drainage du foie avec les principes biologiques actifs naturels qui ont été identifiés comme optimisateurs des voies de détoxication hépatique :

avocat

Avocat –

  • Les brassicacées comme le chou, le chou-fleur, le chou de Bruxelles, le cresson, le brocoli (surtout en jeunes pousses), contenant des vitamines du groupe B, de la vitamine C, des flavonoïdes, des caroténoïdes, de l’indole 3 carbinol et des dérivés soufrés comme le sulforaphane
  • L’Ail (alliine)
  • La betterave (bétaïne, méthionine)
  • L’avocat (glutathion)
  • Le tofu de soja (isoflavones)
  • Le gingembre (gingérols)
  • Le curcuma (curcuminoïdes)
  • L’oignon (vitamine C, sélénium, alliine, quercétine)
  • La pomme (pectine)
  • Les céréales (son)
  • Les graines de lin (mucilages)
  • Les algues (alginates)

Les meilleures plantes alliées du foie et de la vésicule biliaire

De nombreuses plantes traditionnelles ont la réputation de normaliser la fonction hépatique et biliaire. Nous avons choisi ici celles qui bénéficient d’une solide expérience sous-tendue, quand c’est possible, de références scientifiques. Ces plantes sont également d’accès facile, sans effets secondaires indésirables graves et d’un coût modique. En dehors du curcuma, il n’est pas toujours nécessaire de choisir des plantes exotiques pour pouvoir soutenir votre santé naturellement. Les indications de santé de ces plantes restent très larges, allant de l’amélioration de simples troubles digestifs aux inflammations du foie (hépatites) de nature diverses, et des excès de table jusqu’aux intoxications et aux protections vis-à-vis de traitements conventionnels agressifs pour le foie. Vous pourrez les utiliser sans arrière-pensée pour des cures de 10 jours à 1 mois, à renouveler une ou deux fois si vous respectez quelques précautions d’usage. N’oubliez pas que quand votre foie se porte bien, il est en mesure de mieux effectuer son travail de filtre, d’épuration et d’élimination des déchets de l’organisme !

– Encore une singularité de l’hépatocyte

Une capacité de régénération hors du commun ! Ainsi, quand on réalise une hépatectomie (ablation d’une partie du foie) de 70% de la masse hépatique chez le rat, il existe une récupération intégrale dans les 7 à 10 jours.

– C’est quoi un cytochrome

Les cytochromes sont les enzymes majoritaires intervenant lors de la phase I de la détoxication hépatique. Elles sont issues d’un gène ancestral identifié il y a 1,5 milliard d’années chez les bactéries Pseudomonas et qui a été intégré dans la machinerie cellulaire de beaucoup d’organismes vivants. En langage technique on dit que ces enzymes de détoxication sont sujettes à un polymorphisme génétique important, c’est-à-dire qu’elles donnent lieu à une grande variabilité d’expression et de capacité de métabolisation… En deux mots, chaque individu métabolise différemment les substances traitées par son foie. C’est ainsi qu’un médicament aura un effet positif chez quelqu’un, aucun chez un autre ou des effets indésirables chez un troisième. Les cytochromes sont regroupés en grandes familles enzymatiques spécifiques et sont connus pour leurs capacités à intervenir même sur des molécules légèrement différentes de celles qui représentent leur cible habituelle. Cette dernière propriété est très précieuse car elle permet à l’homme de pouvoir ingérer et éliminer des substances toxiques non naturelles comme certains polluants et les médicaments et d’être protégé de leurs effets toxiques… jusqu’à une certaine limite !