Déclaré mort, un donneur se réveille juste avant le prélèvement de son cœur

Publié le 22 octobre 2024
MAJ le 25 novembre 2024
Déclaré mort, un donneur se réveille juste avant le prélèvement de son cœur

L'histoire, qui pourrait sembler sortie d'un film d'horreur, est pourtant bien réelle. Un homme, déclaré en état de mort cérébrale, s'est soudainement réveillé sur la table d'opération alors que les chirurgiens se préparaient à lui prélever le cœur. Cet incident a bouleversé le personnel médical de l'hôpital Baptist Health Richmond, dans l'État du Kentucky aux États-Unis, et a soulevé des questions troublantes sur les pratiques entourant le don d'organes.

Une overdose tragique et une décision fatidique

Thomas Hoover

Thomas « TJ » Hoover II, âgé de 36 ans, a été hospitalisé en octobre 2021 après une overdose de médicaments. L’état critique de Hoover a conduit les médecins à le déclarer en état de mort cérébrale, ouvrant ainsi la voie à un prélèvement de ses organes, conformément aux procédures établies pour les dons post-mortem.

Cependant, la situation a pris une tournure inattendue lorsque Natasha Miller, une employée de l’hôpital chargée de veiller à la préservation des organes, a remarqué que quelque chose n’allait pas. Selon son témoignage recueilli par NPR, Hoover, allongé sur la table d’opération, « se débattait » et présentait des signes de vie. « Il pleurait visiblement », a-t-elle affirmé. Ce constat a créé une onde de choc parmi le personnel médical, plongeant la salle d’opération dans le chaos.

La controverse autour des ordres donnés

Thomas Hoover1

L’aspect le plus troublant de cette affaire réside dans les déclarations de Miller, selon lesquelles son superviseur aurait reçu l’ordre de continuer avec le prélèvement d’organes, malgré les signes de vie évidents de Hoover. L’organisme responsable de la coordination du don d’organes, Kentucky Organ Donor Affiliates (KODA), aurait alors incité l’équipe à « trouver un autre médecin » pour effectuer la transplantation.

Face à ces accusations, KODA a fermement nié avoir exercé une telle pression, affirmant que ses protocoles interdisent strictement le prélèvement d’organes sur des patients vivants. Toutefois, l’incident a provoqué un véritable malaise au sein de l’équipe médicale, entraînant la démission de plusieurs membres.

Des révélations inquiétantes et une enquête en cours

Thomas Hoover2

Nyckoletta Martin, ancienne employée de KODA, a confirmé les déclarations de Miller, ajoutant que Hoover avait manifesté des signes de vie alors que son cœur était en cours d’examen pour une éventuelle transplantation. Pire encore, les documents relatifs à cette affaire indiquent que le patient aurait été ré-endormi après avoir montré ces signes inquiétants de vitalité.

Les proches de Hoover ont également exprimé leur indignation. Sa sœur, Donna Rhorer, qui est aujourd’hui sa tutrice légale, a déclaré qu’elle avait « perdu foi en l’humanité » suite à cet événement. Elle se rappelle avoir vu son frère ouvrir les yeux alors qu’il sortait des soins intensifs, un geste que le personnel médical avait rapidement qualifié de simple « réflexe ». Mais pour elle, c’était un signe que son frère était toujours là, conscient malgré tout.

Des pratiques sous surveillance

Julie Bergen, présidente de Network for Hope (organisation issue de la fusion de KODA avec LifeCenter Organ Donation Network), a examiné avec attention les allégations portées contre KODA. Dans un communiqué transmis à NPR, elle a insisté sur le fait que « KODA ne prélève pas d’organes sur des patients vivants » et que l’organisation n’a jamais fait pression sur ses employés pour procéder dans de telles circonstances.

L’hôpital Baptist Health Richmond, quant à lui, a réaffirmé que « la sécurité des patients reste la priorité absolue » et que toutes les précautions sont prises pour respecter les volontés des familles en matière de don d’organes.

Aujourd’hui, le procureur général du Kentucky et les services de santé des États-Unis enquêtent sur cette affaire pour faire toute la lumière sur ce drame médical. Quant à Hoover, il est désormais vivant, bien que profondément marqué par cette expérience, et vit avec sa sœur Donna.

Un choc pour la communauté du don d’organes

Cet incident soulève de nombreuses questions sur la fiabilité des diagnostics de mort cérébrale et la transparence des procédures de don d’organes. Bien que ces cas soient extrêmement rares, ils ravivent des peurs profondément enracinées concernant les erreurs médicales potentielles.

Pour les défenseurs du don d’organes, il est crucial que des mesures strictes soient mises en place pour garantir que de telles situations ne se reproduisent jamais. Les organes humains sont précieux, et leur don est un acte d’une grande générosité, mais il doit être réalisé dans des conditions irréprochables.