Cette fille pardonne à ses parents de l’avoir forcée à se marier avec son cousin
Voici l’histoire de la jeune Naila Amin. Cette adolescente américaine d’origine pakistanaise vivait une vie normale à New York avec ses parents. Pourtant, tout a basculé le jour où ils la forcèrent à se rendre au Pakistan pour se marier avec son cousin, de 13 ans son aîné. Elle avait alors quinze ans.
Fiancée, puis mariée de force par ses parents
Tout commença quand Naila eut huit ans et qu’elle apprit, alors qu’elle assistait à un mariage de famille avec ses parents, que ces derniers l’avaient non seulement fiancée à son cousin, mais qu’ils projetaient de la marier bien assez tôt.
Sans tenir compte des états d’âme de leur fille, les parents de Naila l’emmenèrent au Pakistan lorsqu’elle eut 13 ans pour établir un contrat de mariage sur place. Son père voulut ensuite faire reconnaître ce contrat par l’Etat américain. Une fois rentrés, il fit signer les papiers d’une demande de légalisation à sa fille qui obtempéra, ne doutant pas une seconde que les autorités américaines verraient qu’elle était mineure et rejetteraient la demande de son père.
Elle se trompait cependant, car dans 25 Etats aux Etats-Unis, il n’y a pas âge minimum pour que deux personnes puissent se marier avec le consentement de leurs parents. Le document pakistanais fut légalisé et Naila était officiellement mariée.
Une vie d’esclavage au Pakistan
Puis, les parents de Naila l’emmenèrent de nouveau au Pakistan, cette fois pour qu’elle entame la vie conjugale avec son nouvel époux.
C’est alors que la vie de Naila se transforma en calvaire. Elle raconte :
« Le jour de mon mariage était vraiment effrayant. C’était horrible. Je me sentais tellement mal (…) J’ai même mis un oreiller entre nous la première nuit pour ne pas avoir à le toucher. En fait, c’était une vie d’esclavage au Pakistan. »
Dix jours plus tard, Naila tenta une évasion qui échoua, et on la ramena chez son mari qui la battit sans pitié.
« Il m’a battue devant toute ma famille. (…) Je me souviens que ma mère criait (…) Il a commencé à me donner des coups de pied à la tête, si fort que j’en ai vu les étoiles. (…) Juste après, il m’a dit de me maquiller et de me préparer pour aller dîner chez sa tante. Voilà à quel point c’était un monstre. Puis, quand je suis rentrée à la maison ce soir-là, j’ai été violée. »
La délivrance
Les parents de Naila étaient rentrés aux Etats-Unis quelques mois après la célébration du mariage de leur fille, qui parvint un jour à se procurer un téléphone. Ce furent les services sociaux de New-York qu’elle appela.
Peu après, la police de New-York arrêta sa mère qui fut accusée d’enlèvement. Le père de Naila dut alors se rendre à l’évidence : pour que sa femme soit relâchée, il fallait que sa fille rentre.
Ce n’est qu’au moment de l’atterrissage à l’aéroport JFK que Naila ressentit une sensation intense de soulagement.
Agée aujourd’hui de 28 ans, Naila a pardonné à ses parents pour ce qu’ils lui ont fait endurer.
Le mariage forcé des jeunes filles
Il convient de distinguer le mariage forcé du mariage arrangé ou du mariage de mineurs, car ces derniers peuvent être consentis. Le mariage forcé suppose qu’une personne, quel que soit son âge, est mariée contre sa volonté. Le plus souvent, ce sont des jeunes filles qui sont mariées de force par leurs familles.
Les conséquences d’un tel mariage peuvent être désastreuses pour l’intéressée. Elle peut être victime de violences et d’abus autant psychologiques que physiques et subir une perte de libertés et d’autonomie, voire la séquestration.
Le rétablissement et les séquelles
Ces mauvais traitements ont de graves répercussions sur l’état mental de ces jeunes filles, qui peuvent tomber en dépressionnerveuse, souffrir de maladies mentales et se retrouver traumatisées à vie.
Comment retrouver une vie normale ?
Le plus important pour une jeune femme qui a réussi à s’échapper d’un mariage forcé est de retrouver l’espoir. L’espoir fait vivre, car c’est lui qui nous donne la force d’affronter les épreuves, aussi difficiles soient-elles.
Elle peut aussi reprendre ses études si elles avaient été interrompues, ou trouver un travail. Bien entendu, la consultation régulière avec un psychologue ou un psychiatre est souvent des plus bénéfiques.
L’importance de se fixer des objectifs
Mais il est nécessaire, pour qu’une telle femme puisse se reconstruire, qu’elle parvienne à se projeter dans l’avenir et qu’elle trouve un but à sa vie, un objectif précis à atteindre. Car ce sont nos objectifs qui donnent un sens à notre vie.
C’est cette idée que le philosophe et psychiatre Viktor Frankl exprime si bien, lui qui a survécu aux camps de concentration nazis :
« Lorsqu’on trouve un sens aux événements de sa vie, la souffrance diminue et la santé mentale s’améliore »