Commencer à travailler avant 10 heures, c’est de la torture selon les scientifiques

Publié le 10 août 2018
MAJ le 26 novembre 2024

Se lever tôt le matin pour aller travailler est le lot quotidien de tous. Et peu en sont exemptés ! Rien qu’en France, on compte plus de 30 % de la population se plaignant de divers troubles, dont le manque de sommeil et l’insomnie potentiellement liés à notre rythme de vie, et se lever tôt pour aller travailler, en fait partie. Selon le Docteur Kelley qui a mené une étude sur le fait de commencer à travailler avant 10 heures du matin, cela constituerait un facteur néfaste pour notre santé et relèverait d’un réel problème de société.

Commencer à travailler avant 10 heures

Le Docteur Paul Kelley, docteur en neurosciences et professeur chercheur au sein de l’Université d’Oxford à Londres a dirigé et mené une étude révélatrice des effets néfastes de commencer une journée de travail ou d’études avant 10 heures du matin. Selon lui, notre organisme serait en totale inadéquation avec un réveil trop matinal et affecterait notre productivité. Ceci ne représenterait pas qu’un simple aspect néfaste, mais aurait aussi des conséquences dommageables sur la santé telles que des risques de dépression, de cancer, de troubles de l’humeur, etc.

Il serait donc impératif pour notre société, de retarder les horaires de démarrage de travail afin que ceux-ci, se retrouvent en adéquation avec l’horloge biologique de l’organisme humain. Et ce, tout simplement parce que que notre rythme circadien (alternance entre la période de veille et celle du sommeil) est en totale discordance avec les horaires de travail classiques.

Horloge biologique affectée

L’horloge biologique de l’organisme humain est génétiquement préprogrammée à un cycle qui aide à contrôler l’activité cérébrale, les niveaux d’énergie, la production d’hormones et la perception du temps. Or, à notre époque, notre rythme de travail est sans conteste, calqué sur la nécessité d’une maximisation de la productivité, ce qui conduit inévitablement l’organisme qui pour sa part, a évolué autour d’un cycle quotidien par opposition aux stratégies modernes de maximisation de la productivité, à en souffrir. 

Le Docteur Paul Kelley affirme d’ailleurs, que le fait de commencer sa journée de travail avant 10 heures relève d’une véritable torture car ceci interfère de manière anormale avec le rythme circadien humain, ce qui déséquilibre les différents aspects de l’organisme. Il ajoute même que les employeurs qui obligent leurs employés à commencer chaque matin avant 10 heures, contribuent de manière significative à générer un stress émotionnel et physique, néfastes pour la santé.

Les enfants et adolescents également concernés

Le Docteur Kelley dresse le même constat en ce qui concerne les enfants et les étudiants. Plusieurs expériences sur le rythme circadien ont mis en évidence que les enfants ne parviennent pas à se concentrer avant l’heure de 8 h 30. Les adolescents de 16 ans pour leur part, pas avant 10 heures et les étudiants ne seraient quant à eux, réellement performants qu’à partir de 11 heures. D’ailleurs, à titre d’exemple, les rythmes circadiens des adolescents commencent généralement deux heures après celui des adultes. 

En plus de mener une recherche sur le sujet, le Docteur Kelley a lui-même expérimentée sa théorie en tant que principal d’un collège. En effet, il a pu noter une hausse de la productivité de ses élèves avec une amélioration de leurs résultats scolaires à hauteur de 20 % en leur permettant de commencer leur journée à 10 h du matin, plutôt qu’à 8h30.

Conséquences du manque de sommeil sur la santé

Baisse de la productivité, irritabilité, démotivation, perte d’attention et d’efficacité sans oublier l’affaiblissement général du système immunitaire. Tout autant de méfaits que peut causer un manque de sommeil sur l’organisme humain. D’ailleurs, le sommeil et l’espérance de vie sont étroitement liés et nous aurions besoin en moyenne de 7h à 8h de sommeil par nuit afin de maintenir toutes nos facultés mentales et physiques.

Une étude menée par Orfeu Buxton, professeur agrégé de santé bio-comportementale et expert en matière de sommeil et des causes et conséquences de la déficience du sommeil sur la santé, met en évidence que « le sommeil joue un rôle central dans notre vie quotidienne. Une journée moins stressante et conflictuelle est suivie par une meilleure nuit de sommeil. Cette bonne nuit de sommeil est plus susceptible d’être suivie par une journée de travail moins stressante et moins conflictuelle. »

Assisterons-nous donc un jour à un changement sociétal significatif qui nous permettrait de nous placer en adéquation avec notre rythme circadien ? Le Docteur Kelley reste en tout cas optimiste en déclarant que : « Juste en décalant un horaire, nous pouvons améliorer la qualité de vie. Nous avons l’opportunité de faire quelque chose qui bénéficierait à des millions de personnes sur Terre. »