Les effets de la fessée durant l’enfance

Publié le 17 février 2017
MAJ le 26 novembre 2024

En matière d’éducation, chaque couple de parents adopte la méthode qui lui convient. Face à un enfant capricieux ou qui refuse d’obéir, certains parents vont l’envoyer dans sa chambre, d’autres le priveront de dessert ou de sa séance télévision, le mettront au coin, etc. Mais parfois, quand aucune de ces méthodes ne porte ses fruits […]

En matière d’éducation, chaque couple de parents adopte la méthode qui lui convient. Face à un enfant capricieux ou qui refuse d’obéir, certains parents vont l’envoyer dans sa chambre, d’autres le priveront de dessert ou de sa séance télévision, le mettront au coin, etc. Mais parfois, quand aucune de ces méthodes ne porte ses fruits et que les parents sont à bout, ils ont recours à la punition « physique » telle une tape sur la main ou la fessée. D’ailleurs, cette dernière a maintes fois créé la polémique, à cause de ces effets sur la psychologie et la personnalité des enfants qui la subissent. Des effets auxquels, nous consacrerons la suite de notre article.

Dans ce qui suit, il est question de la fessée qui consiste à donner de petites claques sur les fesses de l’enfant avec une paume ouverte, et que les parents utilisent pour lui faire comprendre qu’il a mal agi et le dissuader de répéter sa bêtise. Mais même si elle garde cet aspect « éducatif » et qu’elle reste loin de la punition physique abusive ou de la maltraitance, elle laisse néanmoins des séquelles psychologiques importantes qui ont une grande influence sur la personnalité qu’aura l’enfant à l’âge adulte.

Que dit la science des effets de la fessée ?

Le Journal of Family Psychology a récemment publié une étude menée par une équipe de chercheurs de l’Université de Michigan et de l’Université du Texas, et qui a analysé 5 décennies de recherche sur la fessée et a inclus près de 160.000 enfants. Les chercheurs en sont arrivés à la conclusion que les enfants à qui on donnait régulièrement la fessée, étaient les plus enclins à défier leurs parents. Ils étaient également plus susceptibles d’avoir un comportement antisocial ou agressif, des difficultés cognitives, et des troubles de la santé mentale. De plus, cette étude a montré que la fessée était plus néfaste que bénéfique pour les enfants et qu’elle était probablement à l’origine de l’aggravation de leur comportement.

Fessée et violence physique, réellement distinctes ?

Les auteurs de l’étude, Elizabeth Gershoff et Andrew Grogan-Kaylor, ont pu observer à travers les résultats de leur analyse que la fessée ne permet pas d’obtenir l’obéissance et la soumission à l’autorité, voulue par les parents, et ce, ni à court ni à long terme. Au contraire, plus un enfant reçoit la fessée et plus son comportement sera aggravé et plus il a de risques de développer une personnalité perturbée à l’âge adulte. De plus, les parents qui ont reçu la fessée durant leur enfance auront tendance à faire de même avec leurs enfants et à encourager cette pratique, ce qui crée un cercle vicieux difficile à briser.

Pire encore, en comparant la fessée à la violence physique, les chercheurs ont conclu que, même si ces deux pratiques sont considérées comme distinctes aux yeux de la société, elles sont toutes deux associées aux répercussions psychologiques négatives chez les enfants, avec une moindre gravité pour la fessée.

La fessée, oui ou non ?

En 2010, l’Université de la Caroline du Nord a publié les résultats d’une enquête réalisée à propos des châtiments corporels : 80% des enfants en âge préscolaire ont déjà reçu une fessée, et près de 50% des enfants âgés entre 8 et 9 ans ont été frappés avec une palette ou un autre objet. De plus, un autre sondage publié par la chaîne NBC News a montré que 81% des Américains pensent qu’il convient aux parents d’avoir parfois recours à la fessée pour éduquer leurs enfants. 

D’ailleurs, dans ce pays, les tentatives pour interdire cette pratique ont toutes échoué, contrairement à plusieurs pays, dont 27 en Europe, où les châtiments corporels sont devenus contraires à la loi, depuis bien des années. Cette cohorte de pays, dont la Suède, la Finlande et la Norvège, a été récemment rejointe par la France, où 50% des parents commencent à frapper leurs  enfants avant l’âge de 2 ans, et 85% avant 5 ans. Une décision très sage, puisque selon les données de l’INSERM, 730 enfants perdent la vie, chaque année en France, suite à des actes de maltraitance, contrairement à 3 en Suède où l’interdiction des châtiments corporels est entrée en vigueur depuis 1979. 

Pour conclure, même si une petite claque de temps en temps vous semble inoffensive voire bénéfique pour recadrer votre enfant, vous ne pourrez jamais savoir jusqu’à quel point elle risque de le perturber et lui donner le sentiment d’être rejeté ou détesté par ses parents. De plus, une claque donnée à un moment de colère pourrait être plus violente que vous ne l’aurez voulu et sera donc plus douloureuse, aussi bien physiquement que moralement. Les parents doivent donc adopter des méthodes de communication plus efficaces et apprendre à imposer leur autorité sans recourir à la punition physique.