“Je m’excuse auprès de ma mère pour l’avoir abandonnée à dans un entrepôt de Rungis”, le cri d’un fils après avoir perdu sa maman à cause du Coronavirus
Souvent, la perte d’un proche engendre un flot d’émotions impossible à maîtriser. Un mélange de tristesse, de colère, de regrets et d’amertume peut nous saisir et nous amener à repenser notre existence toute entière. Malheureusement, la mort ne prévient pas et nous met inéluctablement face à une épreuve pernicieuse : le deuil. Aujourd’hui, l’Europe compte plus de 74 671 décès à des suites du Covid-19. Plusieurs familles ont été déchirées et anéanties par le nouveau coronavirus. Dans un témoignage poignant relayé par BFMTV, le fils d’une victime du Covid-19 raconte son histoire à la morgue de Rungis.
Les efforts sanitaires menés contre le nouveau coronavirus se poursuivent dans le monde entier. Alors que le virus, apparu en Chine, continue de décimer un grand nombre de personnes, la gestion de crise constitue un enjeu primordial pour les gouvernements. Cependant, le nombre de patients atteints par le Covid-19 et les décès qui peuvent survenir submergent l’ensemble de la population. Bruno Lefèvre, fils d’une nonagénaire qui a rendu son dernier souffle après avoir contracté la maladie, confie son histoire troublante.
Un homme face au deuil de sa mère
Après être tombée, la mère de Bruno Lefèvre a été admise dans un hôpital en région parisienne. Mais la femme, qui allait fêter ses 90 ans le 7 avril, a contracté le Covid-19. Très vite, la maladie a fini par l’emporter, balayant tous les espoirs qu’avait son fils de passer plus de temps avec elle. En urgence, il devait prendre ses dispositions pour préparer les funérailles de la défunte. “Dès que l’on m’a appris sa mort, on m’a dit qu’il fallait que j’aille très vite, il n’y avait pas de chambre froide dans l’hôpital où elle était”, explique Bruno Mais la famille de la défunte se trouvait dans le département du Lot, au Sud-Ouest de la France, et devait se plier aux mesures de confinement imposées par le gouvernement. Dévasté, il a dû appeler le service funéraire de la ville de Paris pour espérer trouver une place pour sa mère. “Au début elle devait aller à la chambre funéraire de Châtillon. On m’avait pressé avant son décès de me préparer”, raconte le fils endeuillé. Seulement, le service funéraire lui a appris que le corps de sa mère serait transporté vers la morgue de Rungis, laquelle est gérée par une entreprise privée.
Un tarif exorbitant
L’opérateur privé en charge de la morgue de Rungis a fixé des prix extrêmement élevés. Si le cercueil passe six jours dans le funérarium, il fallait payer 159 euros. Pour chaque journée supplémentaire, il fallait dépenser 35 euros de plus. Quant aux proches qui désirent se recueillir près du défunt avant qu’il ne soit inhumé, ils devaient payer 55 euros l’heure. Mais le pire dans cette histoire, explique Bruno, c’est que l’opérateur ne respectait pas les tarifs horaires fixés. “On m’a appris que ce ne serait pas une heure mais vingt minutes facturées une heure”, confie l’homme. L’agent responsable des services funéraires aurait restreint le temps à vingt minutes “et pas plus”, annonce Bruno en constatant un manque d’humanité flagrant. En sus, le fils de la victime a confié que l’entreprise avait refusé d’habiller la défunte “parce qu’elle avait le coronavirus”. Dévasté par la situation, l’homme s’afflige la culpabilité d’avoir laissé sa mère “finir dans un entrepôt nue dans un sac plastique dans un cercueil”.
“Lundi, j’irai m’excuser auprès d’elle pour l’avoir abandonnée à Rungis”
Bruno Lefèvre s’indigne contre la façon dont l’opérateur privé gère la morgue. Lundi, il devait rendre à sa mère un dernier hommage. Dépité, l’homme a confié que l’entreprise a également convenu d’organiser une cérémonie courte avec un maître de cérémonie pour 105 euros. “Il n’y aura pas de cérémonie courte parce qu’il n’y aura pas de cérémonie”, a annoncé le fils en déplorant la qualité de service de l’opérateur privé. “J’aurais payé n’importe quoi pour ma mère. J’ai honte. Lundi j’irai m’excuser auprès d’elle pour l’avoir abandonnée à Rungis”, a déclaré Bruno. L’homme ne pourra pas accompagner sa mère au crématorium du Père Lachaise. Très en colère, le fils a considéré que des centaines de gens subissent ce traitement inhumain où ils voient leurs proches être transférés dans le hangar de Rungis, lequel est réquisitionné par le préfet de police.
Le ministre de l’Intérieur réagit à cette histoire
L’histoire de Bruno a fait polémique en France, notamment après la réaction de Sandrine Thiefine, présidente du réseau de franchise de Pompes Funèbres de France. La femme s’insurge face aux frais imposés aux familles endeuillées pour “un passage dans un entrepôt”. Ainsi, le ministre de l’Intérieur a publié un communiqué jeudi soir où il a indiqué que pour alléger les familles des défunts d’Île-de-France dans ce contexte de crise exceptionnelle, “la puissance publique prendra en charge les frais supplémentaires occasionnées pour elles par des délais d’inhumation ou de crémation anormalement longs”.