Coronavirus : Le professeur Raoult bientôt suspendu par le Conseil de l’Ordre des Médecins ?

Publié le 1 mai 2020
MAJ le 26 novembre 2024

Pionnier à défendre la chloroquine comme traitement du coronavirus, Didier Raoult avait véritablement défrayé la chronique. Et pour cause, son ton caustique et quelque peu provocateur avait fait tourner les têtes et les esprits des personnes qui se questionnaient quant à la solution de cette pandémie. Mais ce succès controversé lui vaudra de nombreux revers puisque selon le Parisien, l’infectiologue marseillais fait désormais l’objet d’une plainte déposée par le Conseil national de l’Ordre des médecins.

Le provençal Didier Raoult pourrait bien être sur la sellette. Aux côtés de cinq autres médecins, dont le Dr Christian Perronne, le directeur de l’IHU de Marseille est visé par une plainte. Et ce n’est pas la première fois qu’il doit rendre des comptes puisqu’il avait également été poursuivi par l’Ordre des médecins des Bouches-du-Rhône, qui lui reprochait plusieurs entorses et manquements à la déontologie médicale.

Didier Raoult, au coeur de la polémique

Après avoir vivement critiqué la gestion de la crise sanitaire en France, des conflits d’intérêt et le lobbying de certains laboratoires dans la recherche internationale sur un traitement à la maladie, les réactions ne se sont pas faites attendre. Le conseil départemental de l’Ordre des médecins des Bouches-du-Rhône a décidé de saisir la juridiction disciplinaire, reprochant à Didier Raoult d’avoir manqué au code de déontologie, révèle le Parisien. Cette décision a fait suite à plusieurs plaintes déposées à son encontre, celles-ci impliquant notamment la promotion de l’hydroxychloroquine sans qu’elle n’ait fait ses preuves. Par la suite, les griefs ont été nombreux, allant de manquements au code de déontologie au charlatanisme. Une plainte à laquelle s’associe désormais le Conseil national de l’Ordre des médecins (Cnom), suite à un vote en assemblée plénière.

Cette offensive qui concerne cinq autres professionnels de la santé aurait été confirmée auprès du Parisien par l’Agence de presse médicale. Cette même source a également révélé que les plaintes auraient été déposées le 10 décembre 2020, mais pour l’heure, les précisions manquent encore quant à la nature des griefs retenus contre les médecins visés. Le Dr Christian Perronne est également concerné. Ce dernier avait notamment accusé l’Etat et les laboratoires pharmaceutiques d’avoir commis de multiples erreurs dans la gestion de la pandémie.

L’infectiologue marseillais riposte

L’avocat de Didier Raoult, qui annonçait il y a quelques semaines suspecter un grave scandale d’état, a révélé avoir déposé une plainte au parquet de Paris pour “harcèlement” au nom de son client. Sa cible ? Patrick Bouet, président du Cnom. “Cette nouvelle procédure n’apporte absolument rien, à moins que le Cnom ne fasse pas confiance à l’Ordre départemental (…) où qu’il s’agisse d’une intimidation pour entraver la liberté d’expression d’un universitaire” a-t-il écrit dans un communiqué. Il dénonce par ailleurs auprès de BFM TV une “attaque ad hominem” à l’encontre du Pr Raoult. Selon lui, il s’agit d’un système qui applique le “deux poids, deux mesures”. Il insiste également sur le fait que ce sont des personnes et notamment Patrick Bouet qui a signé la plainte contre son client, indiquant souhaiter que le président s’explique devant des juges pour justifier cette décision. “En espérant qu’elles soient convaincantes”, indique Maître Di Vizio, “faute de quoi il serait sûrement jugé coupable de harcèlement” a-t-il poursuivi.

Que risque Didier Raoult ?

Ces plaintes sont désormais entre les mains des magistrats de la chambre disciplinaire du Conseil national de l’Ordre des médecins, sous la présidence d’un juge. Comme l’explique le site du Cnom, ces derniers ont pour rôle de sanctionner d’éventuels manquements à la déontologie commis par les médecins. Ainsi, les sanctions pouvant être décidées sont vastes, indique cette même source, allant “de l’avertissement au blâme, en passant par une interdiction d’exercice, jusqu’à trois ans, avec ou sans sursis”, peut-on lire sur Le Parisien. La peine la plus sévère est la radiation du Tableau de l’Ordre, indique le Cnom. Les médecins peuvent alors faire appel de cette décision les concernant.